Vélos, trottinettes, monoroue ou rollers : duels dans les rues de Paris

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Par Ambre TOSUNOGLU - Paris (AFP)
Publié le 14 septembre 2018 - 20:11
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Une trotinette électrique à Paris le 9 juillet 2018
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© FRANCOIS GUILLOT / AFP/Archives
Une trotinette électrique à Paris le 9 juillet 2018
© FRANCOIS GUILLOT / AFP/Archives

Après les voitures, scooters, vélos, voici venus les trottinettes électriques, skate, monoroue et "hoverboard" : les nouveaux moyens de transport plus technologiques se cherchent une place dans les rues de Paris, déjà bondées, et en l'absence de toute régulation prévue par la loi.

À la faveur d'un été ensoleillé, et après les déboires de Vélib et d'Autolib, les "engins de déplacement personnel" ont déferlé à Paris, où se tient dimanche la 4e journée sans voiture.

"J'ai failli me prendre des voitures plus d'une fois", reconnaît Jules, 21 ans, skate électrique sous les pieds, qui chaque jour "slalome entre les bus, voitures et vélos" pour parcourir une dizaine de kilomètres et rejoindre Paris depuis Saint-Cloud, à l'ouest de la capitale.

"Monocycle, rollers, vélos ou +hoverboard+ (planches à roulettes avec un moteur électrique, Ndlr)... J'ai essayé plein de trucs", confesse ce jeune comédien, qui se dit "précautionneux mais ne porte pas de casque", jugé "trop encombrant".

Pourtant, circuler avec ces engins sur la chaussée ou sur le trottoir reste une opération périlleuse: en 2017, 68 piétons sont décédés sur la route en île de France, sur 319 morts au total, selon les chiffres officiels.

Pour autant, il est "impossible de distinguer (les conducteurs de ces engins) des piétons dans les statistiques" dans la mesure où "les trottinettes, monoroue et autres sont juridiquement assimilés à des piétons", a indiqué à l'AFP une source policière. Concrètement, "leurs utilisateurs sont tenus de circuler sur les trottoirs".

Faute de loi, le nombre d'accidents "va continuer de croître parce qu'il n'y a pas de code de la route pour les trottinettes, rollers et autres", estime l'avocate spécialisée dans la défense des victimes de la route, Me Jehanne Collard, dénonçant "une nouvelle forme d'accident qui arrive sur le marché".

- "Peur d'être renversés" -

"Avec des pointes à 30 km/h" sur son skate électrique, Jules admet qu'il "cristallise la colère des piétons, qui insultent et râlent" à son passage sur les trottoirs.

Le lancement depuis juin de trottinettes électriques en libre-service est venue compléter une offre déjà étoffée dans la capitale.

Pour Guenièvre, 29 ans, Parisienne et adepte du vélo, le problème est que "les voitures et taxis circulent ou se garent n'importe où et n'importe comment. Et la piste cyclable n'en est pas vraiment une, tant elle accueille du monde". "Le partage entre tous n'est pas respecté", estime la jeune femme, qui comprend qu'on puisse circuler sur un trottoir.

"Que vont faire les piétons âgés en attendant ?", s'interroge le porte-parole de l'association 60 millions de piétons, Jean-Paul Lechevalier, auprès de l'AFP.

"Les patients âgés ne sortent plus de chez eux, de peur d'être renversés sur le trottoir. Ils vont moins chez le médecin et finissent par se désocialiser", renchérit Anne Faure, de l'association "Rue de l'avenir".

M. Lechevalier suggère que seuls "les enfants de moins de 8 ans roulant à bicyclette et les fauteuils roulants aient le droit d'aller sur le trottoir". Pour les "autres qui peuvent parfois atteindre jusqu'à 40 Km/h, qu'ils aillent sur la chaussée avec les voitures".

De son côté, la Mairie de Paris a demandé une loi au gouvernement qui "définit et précise les usages de ces nouveaux modes de déplacement", selon l'adjoint aux transports, Christophe Najdovski.

"La question est de savoir quelles sont les conditions dans lesquelles on peut utiliser ces différents engins, et ainsi échapper à la +loi de la jungle+ et la +loi du plus fort+ au détriment du piéton", ajoute-t-il.

La Mairie de Paris, comme les associations, espèrent ainsi que des dispositions seront prévues à ce sujet dans la future loi d'orientation des mobilités (LOM), qui doit être présentée en octobre avant son adoption l'an prochain par le parlement.

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