Au procès du 13-Novembre, premières plaidoiries pour les "petits" coaccusés de Salah Abdeslam

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Marie DHUMIERES - Paris
Publié le 13 juin 2022 - 04:53
Cet article provient directement de l'AFP (Agence France Presse)
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Croquis d'audience de de plusieurs des 14 hommes présents à leur procès pour les attentats du 13 novembre 2015 à Paris
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AFP - Benoit PEYRUCQ
Croquis d'audience de plusieurs des 14 hommes présents à leur procès pour les attentats du 13 novembre 2015 à Paris
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Après l'accusation, parole à la défense. Au procès des attentats du 13-Novembre, les avocats de Salah Abdeslam et de ses treize coaccusés présents devant la cour d'assises spéciale de Paris ont commencé à plaider lundi et pour deux semaines.

Vendredi, l'accusation a requis la réclusion criminelle à perpétuité incompressible à l'encontre de Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis.

Contre ses 19 co-accusés - six hommes, dont cinq hauts cadres de l'Etat islamique présumés morts en Syrie, sont jugés en leur absence - les trois avocats généraux ont demandé des peines allant de cinq ans d'emprisonnement à la perpétuité.

La première à "ouvrir le bal" des plaidoiries de la défense comme elle dit, est Marie Dosé, avocate d'Ali Oulkadi.

C'est contre lui que le parquet national antiterroriste (Pnat) a requis la peine la plus basse. Le Français de 37 ans qui comparait libre comme deux autres accusés, est jugé pour avoir aidé Salah Abdeslam au tout début de sa cavale en Belgique, en le conduisant d'un quartier de Bruxelles à un autre, où se trouvait une planque de la cellule jihadiste.

"On a eu peur", déclare Me Dosé, debout au pupitre devant la cour, au début de sa plaidoirie.

"On a eu peur que ce procès qui épuise les superlatifs ne se transforme en immense commission parlementaire, que cette enceinte ne soit plus qu'un espace de parole où la vertu thérapeutique l'emporterait", énumère celle qui rappelle avoir dénoncé "la place outrancière" donnée aux parties civiles lors du procès des attentats de janvier 2015.

Si les apprentissages tirés de ce procès ont rendu celui du 13-Novembre plus "équitable", dit-elle, "l'outrance" y a parfois trouvé sa place:

"Combien de fois avons nous entendu +les accusés+, +les terroristes+", "+Ils sont+, +ils se sont comportés comme+... tous dans le même sac ! Ça prend deux secondes l'individualisation", s'emporte l'avocate.

- "T'es là ?" -

Avec sa consoeur Judith Lévy, elle s'attelle donc à dresser un portrait individualisé d'Ali Oulkadi, à la mesure de qui est reproché à ce "père de trois enfants" sans histoires.

Il est une "pièce du puzzle qui ne va nulle part" dans ce dossier parisien, souligne Judith Lévy qui ne comprend pas "pourquoi" il n'a pas été jugé à Bruxelles au printemps, comme d'autres "petites mains" accusées d'avoir apporté une aide, parfois minime, à des membres de la cellule jihadiste du 13 novembre.

Ali Oulkadi était l'un des meilleurs amis de Brahim Abdeslam, grand frère de Salah et tireur des terrasses parisiennes.

Le 14 novembre, il avait répondu à l'appel de l'un de ses coaccusés, Hamza Attou. En le rejoignant, il le trouve en compagnie du "petit frère" de son meilleur ami. Salah Abdeslam est "pâle", "capuche sur le visage", décrit Marie Dosé. Ali Oulkadi "comprend tout de suite qu'il s'est passé quelque chose" mais ne veut pas "y croire".

Salah Abdeslam lui dit: "je suis dans la merde, tout est à mon nom", retrace sa défense. Pensant qu'il "s'était fait piéger et que tout lui avait échappé", Ali Oulkadi décide de l'aider.

Alors oui, admet sa défense, Ali Oulkadi avait reconnu avoir "tout de suite" pensé à Brahim Abdeslam le soir des attentats. "Une fulgurance" qu'il chasse vite.

Car Brahim Abdeslam diffusait parfois des vidéos de propagande de l'Etat islamique mais il suffisait de lui dire "arrête tes conneries" et il changeait de sujet.

On a dit qu'Ali Oulkadi "avait toutes les cartes en main pour comprendre... ce que la justice a mis des mois à comprendre", note Me Lévy.

Preuve qu'il n'y "croit pas, parce que ce n'est pas possible", soutient sa consoeur, le 14 novembre au soir et alors que Salah Abdeslam lui avait dit quelques heures plus tôt que Brahim s'était fait exploser à Paris, il écrit un message à son ami: "t'es là ? Ça va ?"

La parole était ensuite à la défense de Hamza Attou, qui est allé chercher Salah Abdeslam le soir du 13-Novembre avec son coaccusé Mohammed Amri. Les avocats de ce dernier plaideront mardi.

La défense de Salah Abdeslam plaidera en dernier, le 24 juin. Le verdict est attendu le 29.

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