"Vagin de la reine" : Anish Kapoor veut conserver les inscriptions antisémites
"Désormais, ces mots infamants font partie de mon œuvre". Telle a été la réaction d'Anish Kapoor, l'artiste à l'origine de Dirty Corner (le "cornet" ou le "coin sale"), la sculpture monumentale exposée dans les jardins du château de Versailles.
Surnommé "le Vagin de la reine", l'œuvre a été pour la seconde fois dégradée dans la nuit de samedi 5 à dimanche 6. Elle a été recouvert d'inscriptions antisémites alors que l'artiste britannique est issu par sa mère d'une famille juive d'Irak. "La reine sacrifiée, deux fois outragée", "SS Sacrifice Sanglant" ou encore, "le deuxième VIOL de la Nation par l’activisme JUIF DEVIANT" , peut ont désormais voir inscrit sur le cornet de 10 mètres de long et trois mètres de haut.
Peu après son installation parmi d'autres œuvres d'Anish Kapoor en juin dernier, Dirty Corner avait été une première fois dégradée par des jets de peintures superficielles. Elle avait alors été nettoyée, mais cette fois, l'artiste s'y oppose: "lors de la première dégradation, je m'étais déjà interrogé sur le bien-fondé d'un nettoyage. Cette fois, je suis convaincu qu'il ne faut rien retirer de ces insultes, de ces mots propres à l'antisémitisme que l'on voudrait aussitôt oublier".
Il a également expliqué s'être entretenu avec la ministre de la culture Fleur Pellerin. Celle-ci a dénoncé sur Twitter les"innommables dégradations et messages de haine sur l'œuvre d'Anish Kapoor au château de Versailles. La stupidité et la violence contre la culture".
Les réactions sont également venues de Manuel Valls: "écœurement devant cette alliance de l'infâme et de la réaction. Les dégradations antisémites sur l'œuvre de Kapoor seront punies sévèrement", et même du président de la République: "toute ma solidarité à Anish Kapoor dont l'œuvre a été dégradée et couverte d'inscriptions haineuses et antisémites au château de Versailles", a ainsi tweeté François Hollande.
Par cette exposition, Anish Kapoor avait déclaré vouloir "inviter le chaos" dans le palais de Louis XIV. Probable qu'il n'imaginait pas si bien dire. Dans une interview au Journal du Dimanche précédant l'ouverture de l'exposition, il avait dit voir dans Dirty Corner "le vagin de la reine qui prend le pouvoir". L'œuvre avait alors gagné son surnom et créé la polémique. Au point que l'artiste avait par la suite déclaré n'avoir jamais tenu de tels propos.
Les installations d'Anish Kapoor seront visibles dans le château et les jardins de Versailles jusqu'au 1er novembre prochain.
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