A Venise, une Biennale d'architecture éco-responsable, sociale et politique
La Biennale d'architecture de Venise a lieu tous les deux ans, alternant avec la Biennale d'art contemporain de Venise, les deux créées en 1980 par la Fondation Biennale di Venezia. Elle se caractérise par l'éclectisme des représentations nationales qui y participent, réunies autour d'une thématique commune. A Venise, chaque pays occupe un pavillon qu'il aménage à sa guise dans ce décor d'anciens docks réaménagés. Portée par un vent de fronde, l'édition 2016 vient bousculer les codes avec une architecture socialement engagée. On le doit à son commissaire, l'architecte chilien Alejandro Aravena, connu pour ses demi-maisons à destination des plus pauvres. Parmi les innovations de cette année, une aéroport pour drones, des écoles modulables en forêt amazonienne et des expositions sur l'impact de la crise économique sur les villes.
Le plus petit aéroport du monde réalisé par l'agence de Norman Foster est un prototype du "drones-port" (aéroport pour drones) qui sera testé à Venise, avant son inauguration au Rwanda, sur les rives du lac Kivu, à Kibuye, en 2020. Il consiste en une succession de dix voûtes couleur ocre de 6,50 mètres de haut sur 10 de large, pour un total d'environ 100 mètres de long.
Bien que hautement technologique, ce projet est encastré dans une réalité sociale, thème principal de la Biennale, imposée par son commissaire: sensibiliser le visiteur à une architecture post-crise financière, avec la multiplication des mouvements Occupy, l'afflux des réfugiés etc. Une nouvelle ère prend forme pour l'architecture: fini le règne des "starchitectes", Frank Gehry, Daniel Libeskind etc. car leurs immenses projets se souciaient peu du fonctionnement de la ville, des habitants. La fondation Norman Foster travaille au développement de nouvelles technologies pour répondre aux besoins humanitaires de pays émergents, et ce "drones-port" sera utilisé pour transporter des colis pesant jusqu'à 100 kg, contenant sang, médicaments et nourriture. En raison de la complexité du transport des marchandises, mais aussi de sa politique de développement face aux nouvelles technologies, le Rwanda a été désigné pour cette expérience.
Cette quinzième édition étant très politique, chaque pavillon réfléchit à sa manière aux questions de migration, de réduction des inégalités et d'écologie. Deux architectes péruviens mais vivant à Paris, Jean-Pierre Crousse et Sandra Barclay, ont choisi de présenter des dizaines d'écoles modulables (démontables ou en préfabriquées) qu'ils ont créé dans la forêt amazonienne péruvienne. Ils ont ramené avec eux des pupitres et autres chaises abimées, témoignant de la précarité des enfants et censés prouver la nécessité de garder un équilibre entre la nature et le savoir.
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