Avant-première- "Le grand bain" : le drôle et émouvant plongeon de Gilles Lellouche (vidéo)
SORTIE CINÉ – "J'peux pas, j'ai piscine". Cette fausse excuse pour éviter un dîner chez votre belle-mère ou un rendez-vous avec votre patron peut désormais devenir réalité: utilisez-la pour aller voir Le grand bain, le formidable film de Gilles Lellouche qui sort ce mercredi 24 octobre sur les écrans, cinq mois après son accueil enthousiaste au Festival de Cannes (hors-compétition).
Bertrand (Mathieu Amalric), au chômage et sous antidépresseurs depuis deux ans mais soutenu par sa femme qui l'aime (Marina Foïs), répond un jour à une annonce vue à la piscine municipale: on recherche un volontaire pour compléter une équipe de natation synchronisée masculine. Il se lance, et débarque un soir à la piscine pour faire la connaissance de ses six coéquipiers.
Il y a Laurent (Guillaume Canet), directeur d'une fonderie, noyé dans une colère permanente, qui a du mal à communiquer avec sa femme et son jeune fils et affiche un personnage a priori peu aimable, rigoureux, violent dans ses propos –mais dont on verra qu'il a des circonstances atténuantes.
A l'inverse il y a Thierry (Philippe Katerine), employé de mairie à la piscine, sympathique et accueillant, mais timide et solitaire et qui ne s’est jamais jeté dans le grand bain avec les femmes. Il y a deux autres coéquipiers discrets, Avanish, un Tamoul grassouillet ne parlant pas français (Balasingham Thamilchelvan) que seul arrive à comprendre son copain Basile (Alban Ivanov), gentil mais pas très futé.
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Il y a aussi Marcus (Benoît Poelvoorde), vendeur de piscines individuelles, au bord de la faillite mais qui refuse de voir la réalité en face. Tout comme Simon (Jean-Hugues Anglade), chanteur raté mais qui y croit encore, qui vit dans un camping-car, divorcé et moqué par sa fille adolescente, et qui fait la plonge –sans jeu de mots: il fait la vaisselle– dans une cantine.
Ces sept quadragénaires sont entraînés d'une main de fer par Delphine (Virginie Efira), aux Alcooliques anonymes depuis cinq ans et qui a des problèmes sentimentaux. Elle va se faire aider par Amanda (Leïla Bekhti), ancienne championne de natation aujourd'hui dans un fauteuil roulant. Car l'équipe a eu l'idée saugrenue de s'inscrire aux championnats du monde de natation synchronisée, organisés en Norvège…
Le grand bain est ce qu'on appelle un feel good movie (en bon français: un film qui fait du bien), qui mélange humour et émotion et dont le spectateur sort gonflé d'optimisme. Car il montre des personnages animés d'une énergie quotidienne et d'une belle volonté de s'en sortir devant les obstacles de la vie, petits ou grands. Et il présente ces personnages avec empathie et bienveillance: ils sont tous plus ou moins paumés, cabossés de la vie, mal dans leur peau, mais aucun n'est ridicule ou désagréable.
"Je voulais parler de cette lassitude –pour ne pas dire dépression un peu latente– que je sentais chez les gens de ma génération ou même plus globalement, dans ce pays. Dans cette course un peu individualiste où l’on se retrouve tous malgré nous coincés, on oublie le collectif, l’entrain, le goût de l’effort", explique Gilles Lellouche, 46 ans, acteur depuis une vingtaine d'années (il était récemment le savoureux DJ ringard dans Le sens de la fête) et dont c'est le premier film comme réalisateur seul. Il avait déjà co-réalisé avec Tristan Aurouet le film Narco en 2004 puis avait tourné des deux côtés de la caméra l'une des histoires du film à sketches Les infidèles en 2012.
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Servi par une belle brochette d'acteurs tous épatants –y compris et surtout en maillot de bain–, son film est une comédie à caractère social, parfois doux-amer mais avec des dialogues très drôles et un humour constant. Il fait inévitablement penser à la comédie anglaise de 1997 The Full Monty, dans lequel une bande de chômeurs du nord de l'Angleterre décidaient de devenir strip-teaseurs. Mais "je ne l’ai jamais vu en entier! Et je n’ai surtout pas voulu le regarder quand les gens ont commencé à m’en parler", assure Gilles Lellouche, qui a réussi son grand plongeon en solo dans la réalisation.
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