"Battle of the Sexes" : Emma Stone bat Steve Carell au tennis (vidéo)
On refait le match. Le 30 septembre 1973 à Houston (Texas), une partie de tennis pas comme les autres, sans rien ajouter à la légende du sport, allait faire évoluer la cause des femmes sur le long chemin de l'égalité et de la parité: baptisé à l'époque Battle of the Sexes, ce match est raconté dans le film du même nom qui sort ce mercredi 22 sur les écrans français.
Quel match? Celui où une femme, Billie Jean King, 29 ans, battit un homme, Bobby Riggs, 55 ans, qui l'avait défiée. Score net et sans bavure: 6-4, 6-3, 6-3.
Bobby Riggs (interprété par Steve Carell) avait été numéro-1 mondial dans les années 40, remportant Wimbledon et l'US Open, avant de se reconvertir poussivement dans les affaires puis de s'ennuyer au point de devenir accro aux jeux et aux paris. Il eut l'idée un jour de faire parler de lui en proposant d'affronter la star du tennis féminin, Billie Jean King (12 victoires en Grand Chelem entre 1966 et 1975), clamant qu'il n'en ferait qu'une bouchée sur le court.
Plus que l'aspect misogyne et provocateur de la proposition, sa motivation était financière: "Il me harcelait pour ce match, il en mourait d'envie et me disait: +On va se faire un max de fric!+ C'est tout ce qu'il voyait. Il était tellement marrant", racontait récemment à L'Équipe Magazine la vraie Billie Jean King, qui a collaboré au film, dans lequel elle est interprétée par Emma Stone.
La joueuse hésite, et finit par accepter le défi. Le match a lieu, lourdement sponsorisé et conçu comme un spectacle de cirque avec pom pom girls, orchestre, chaise à porteurs façon char de Cléopâtre, sucette géante, porcelet vivant et autres artifices médiatiques. Il est suivi par 90 millions de téléspectateurs dans le monde.
Sur le ton de la comédie, sans donner au film plus de sérieux et de gravité que ce fameux match, les coréalisateur et coréalisatrice Jonathan Dayton et Valerie Faris, mari et femme dans la vie et remarqués en 2006 pour leur premier film Little Miss Sunshine, ont soigneusement reconstitué l'atmosphère de l'époque et dressé avec humour un portait sympathique de Billie Jean King et de Bobby Riggs.
Celui-ci est décrit comme un personnage excentrique et frimeur, mais attachant dans ses faiblesses et ses outrances. "Bobby a créé ce personnage de gros misogyne, en sachant qu’il allait faire parler de lui et revenir dans l’actualité", note Valerie Faris. Le côté sympathique doit beaucoup à Steve Carell qui, par ailleurs, a soigné les détails. Bon joueur de tennis, il s'est entraîné avec le véritable coach et ami de Bobby Riggs et a notamment utilisé la même raquette en aluminium des années 70 qu’utilisait le joueur.
Emma Stone, elle, n'avait jamais joué au tennis et s'est entraînée pendant plusieurs mois, prenant sept kilos de muscles, pour celles des scènes sportives qui n'étaient pas doublées. Mais le film s'intéresse surtout, au-delà du tennis et du fameux match, à dresser le portrait d'une Billie Jean King qui fut de toutes les luttes féministes de l'époque et fonda notamment la Women’s Tennis Association (WTA) réclamant l'égalité salariale entre joueurs et joueuses. Et dans la vie privée, le film raconte comment, mariée et plutôt heureuse en ménage avec un époux qualifié de "type bien", elle a une première expérience homosexuelle avec sa coiffeuse. A l'époque les combats pour les droits des femmes et les droits des homosexuel(le)s étaient tout aussi ardus, et Billie Jean King sera l'une des premières sportives à faire son coming out, en 1981.
Aujourd'hui beaucoup de choses ont changé et la "bataille des sexes" n'a plus les mêmes critères, mais il reste du chemin à faire. Ce fameux match du 30 septembre 1973 "nous semblait préfigurer le fonctionnement actuel de la politique aux États-Unis, où le débat est si souvent réduit à un jeu ou à un divertissement. On est bien plus intéressés de savoir qui va gagner que de connaître les véritables enjeux du débat", explique Valerie Faris. "On s’est attelé à ce projet pendant les primaires de 2016, à une époque où il nous semblait probable qu’une femme serait élue présidente pour la première fois de l’histoire. Pendant un bon moment, on s’est tous dit que le film montrerait qu’on a vraiment fait du chemin depuis ce fameux match. Bien évidemment, l’issue de l’élection a jeté un éclairage radicalement différent sur cette histoire".
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