"Café Society" : Woody Allen ouvre le 69e Festival de Cannes (VIDEO)
C'est une nouvelle déclaration d'amour à sa ville natale et préférée, New York, que Woody Allen fait dans son film Café Society, qui ouvre (hors-compétition) le Festival de Cannes ce mercredi 11 et sort dans la foulée dans les salles françaises.
C'est le 46e film du réalisateur américain qui, régulier comme un métronome, en sort un chaque année. Il a eu 80 ans l'an dernier et ce n'est plus lui qui joue dans ses films, comme à ses débuts, mais il laisse désormais de jeunes acteurs interpréter son alter ego à l'écran.
Cette fois, c'est Jesse Eisenberg qui s'en charge. Dans le New York des années 30, le jeune Bobby Dorfman ne supporte plus de travailler dans la bijouterie de son père et décide de tenter sa chance à Hollywood où son oncle Phil Stern (Steve Carell), puissant agent de stars, accepte de l’engager comme coursier.
Bobby ne tarde pas à tomber amoureux de Vonnie (Kristen Stewart), l'assistante de son oncle, qui lui fait comprendre cependant qu'elle a déjà un petit ami. Mais tout change quand ce petit ami la quitte, ce qui permet aux deux jeunes gens de tomber dans les bras l'un de l'autre.
Mais ce n'est que le début de l'histoire… Bobby ne se sent pas à sa place à Los Angeles, et New York lui manque. Bientôt il va se trouver écartelé entre les deux villes, et entre deux femmes puisque Veronica (Blake Lively), une New-Yorkaise récemment abandonnée par son mari, tombe sous son charme…
"Quand j’ai écrit le scénario, je l’ai construit comme un roman", explique Woody Allen. "Comme dans un roman, on s’attarde un moment avec le protagoniste et sa petite amie, puis avec ses parents, avant d’enchaîner sur une scène avec sa sœur ou son frère gangster, ou encore une autre à Hollywood avec des stars et des magouilleurs. On plonge ensuite dans la société new-yorkaise des clubs à la mode –la Café Society– où l’on croise des hommes politiques, des jeunes filles faisant leurs premiers pas dans le monde, des séducteurs, des maris infidèles ou des femmes assassinant leurs maris. Depuis le début, j’ai conçu cette histoire comme un récit choral qui ne s’attache pas à un seul personnage (…). L’histoire d’amour de Bobby est le fil conducteur du film, mais les autres personnages confèrent sa tonalité au récit".
Si son personnage hésite entre Los Angeles et New York, Woody Allen a fait son choix depuis longtemps: c'est New York et rien d'autre.
L’expression "Café Society" fait allusion à ce milieu de mondains, aristocrates, artistes et personnalités qui fréquentaient les cafés et les restaurants à la mode à New York, Paris et Londres à la fin du XIXe et au début du XXe siècles. Cette appellation est devenue en vogue à New York dans les années 30, après la fin de la Prohibition et l’émergence de la presse populaire titrant abondamment sur les adeptes de la Café Society. Il existait alors des dizaines de clubs éblouissants à New York, dont certains comportaient même des orchestres symphoniques. Chaque soir, les célébrités enfilaient smokings et robes longues pour sillonner les établissements prestigieux de la ville, des clubs de jazz de Greenwich Village au mythique El Morocco de Midtown, sans oublier le Cotton Club de Harlem, sur la 142e rue. "Cette époque m’a toujours fasciné. C’est l’une des périodes les plus exaltantes de l’histoire de la ville, où l’effervescence régnait tous les soirs. Quel que soit le quartier, Manhattan vibrait au rythme de ses théâtres, cafés et restaurants plus élégants et chics les uns que les autres", explique le réalisateur.
À Hollywood, qui connaissait son âge d’or, les célébrités et les milliardaires avaient aussi leurs lieux de prédilection, mais la vie nocturne était loin de valoir celle de New York, selon Woody Allen. "On appréciait le côté glamour du Coconut Grove et du Café Trocadero. Il n’y avait pas autant d’endroits où sortir, ils fermaient plus tôt, les gens portaient des vêtements plus légers et prenaient leur voiture pour aller d’un endroit à l’autre. Certains clubs étaient très courus parce qu’ils étaient fréquentés par les stars de cinéma, mais il y avait une forme d’élégance et de raffinement dans la vie nocturne new-yorkaise qui n’existait pas à Hollywood".
Le cinéaste raconte cet aller-retour New York-Hollywood en voix off, choix fait "parce que je savais exactement quelle intonation donner à chaque mot. Je me suis dit qu’à partir du moment où j’avais écrit l’histoire, c’était comme si je lisais oralement mon propre roman". De l'humour, de la romance, du jazz, les années 30, les charmes de New York et les coulisses d'Hollywood: c'est du Woody Allen pur jus.
Depuis Manhattan en 1979, c'est la 12e fois qu'il vient présenter un de ses films à Cannes, mais toujours hors-compétition, comme l'an dernier avec L'homme irrationnel. Il a déjà fait deux fois l'ouverture du Festival, avec Hollywood Ending en 2002 et Minuit à Paris en 2011 (et même trois fois si l'on compte New York Stories en 1989, le trio de courts métrages réalisés par lui, Martin Scorsese et Francis Ford Coppola).
(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):
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