"Carol" : Cate Blanchett et Rooney Mara, deux femmes amoureuses (VIDEO)
C'est "une histoire d'amour inattendu entre deux femmes d'âges et de milieux différents", explique le réalisateur, Todd Haynes. Son dernier film, Carol (ce mercredi 13 sur les écrans français), a pour cadre l'Amérique des années 50 dans laquelle les amours entre personnes du même sexe n'étaient pas faciles à vivre.
Therese (Rooney Mara), une jeune femme d'une vingtaine d'années, de milieu modeste, vendeuse dans un grand magasin de New York, se pose encore des questions sur son avenir, sentimental et professionnel. Elle a un gentil petit ami, un peu possessif, et n'ose pas s'engager. Elle aime la photographie et voudrait en faire son métier. Petite, elle préférait jouer au train électrique qu'à la poupée.
Carol (Cate Blanchett), plus âgée, est une bourgeoise qui vit avec son mari dans une grande maison en banlieue chic de New York. Elle a une petite fille de quatre ans, mais son mariage bat de l'aile parce, au fond d'elle-même, elle préfère les femmes aux hommes. Elle a eu jadis une liaison homosexuelle et s'est mariée pour rester dans les conventions, mais a décidé de quitter son mari.
Un jour, peu de temps avant Noël, Carol fait des courses dans le magasin où travaille Therese. Sans être un coup de foudre immédiat, leurs premiers regards créent une complicité et Carol va tout faire pour revoir Therese. Lentement mais sûrement, les deux femmes se trouvent prises au piège de leur attirance mutuelle, mais aussi des conventions qui les empêchent de se libérer...
Entre deux films sur la vie de David Bowie (Velvet Goldmine en 1998) et sur celle de Bob Dylan (I'm Not There en 2006), Todd Hayes, qui revendique son homosexualité, avait évoqué le sujet des amours interdites dans Loin du Paradis, en 2002: alors que son mari la quittait pour un autre homme, Julianne Moore nouait des liens avec son jardinier noir, autre tabou de l'Amérique des années 50.
Dans Carol, tout est sensible et délicat, peut-être un peu trop: il manque un peu de passion, un peu de fureur, un peu de colère (un peu de sexe?) dans ces décors soigneusement reconstitués, dans ces restaurants de luxe et ces motels de campagne, dans ces limousines bien astiquées, dans ces jupes moulantes et ces chemisiers de soie. Si ce n'est pas un film choc, c'est tout de même une belle histoire sentimentale, pudique mais qui va droit au but avec une force tranquille chez ces deux femmes différentes -celle du désir qui couve lentement sous la glace pour l'une (Carol), celle de la découverte de sa vraie personnalité chez l'autre (Therese).
Le rôle a valu à Rooney Mara le Prix d'interprétation au dernier Festival de Cannes. Comme elle l'a partagé ex-aequo avec la Française Emmanuelle Bercot pour Mon roi, il ne restait plus de troisième place pour Cate Blanchett, déjà auréolée d'un Oscar de la meilleure actrice il y a deux ans pour Blue Jasmine de Woody Allen.
Le film est tiré du deuxième roman de Patricia Highsmith, publié en 1952 sous le pseudonyme de Claire Morgan, entre deux autres romans qui furent eux aussi adaptés au cinéma: L'inconnu du Nord-Express et Monsieur Ripley. Comme pour dire que l'amour, même entre deux femmes, n'est pas un crime.
(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):
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