"C'est qui cette fille" : une Américaine à Paris (critique)
SORTIE CINÉ – Le film se présente comme "l’(anti)-comédie romantique de l’été": dans C'est qui cette fille, qui sort ce mercredi 25 juillet sur les écrans, une hôtesse de l'air américaine tombe amoureuse d'un barman français mais n'arrive pas à le séduire.
Le film commence en évoquant le douloureux problème de la vie sentimentale des hôtesses de l'air. Gina, jeune Américaine, toujours entre deux avions, est souvent absente de chez elle et Paul, son fiancé, lassé d'être délaissé, finit par se suicider.
A la suite de ce drame, Gina déprime mais, grâce à deux collègues hôtesses de l'air, elle remonte la pente et s'encanaille lors d'une escale à Paris. Dans un bar à striptease, elle fait connaissance du barman, Jérôme, qui ressemble à Paul.
Il n'a ni le physique d'un playboy ni l'intelligence d'un polytechnicien mais il a du bagout et, au terme d'une soirée bien arrosée, tous deux couchent ensemble. Elle tombe amoureuse, mais pas lui. Alors elle va s'accrocher pour le séduire: prendre un congé dans son métier d'hôtesse de l'air et s'installer à Paris, louer un appartement en face de chez lui, se faire engager comme serveuse dans son bar. Il se demande qui est cette fille qui envahit sa vie…
"C’est à la fois un thriller psychologique et une anti-comédie romantique, doublés d’un conte de fées", dit avec une certaine immodestie le jeune réalisateur américain Nathan Silver, inconnu du grand public mais qui a déjà réalisé huit longs-métrages depuis 2005.
Il a appris le français dans sa jeunesse et a fait une partie de ses études à Paris à partir de 16 ans, et aime donc la France et le cinéma français. C'est ce qui l'a amené à tourner à Paris avec des acteurs français et à imaginer un personnage confronté à des échecs sentimentaux, comme lui l'a été sur le plan professionnel: "J’avais envie de raconter l’histoire d’un personnage rejeté à tous les niveaux par son environnement, ce qui correspond aussi à mon expérience de réalisateur, au sein de l’industrie cinématographique. Ce rejet dont j’ai fait l’objet dans ce milieu, mon personnage le vit dans sa relation amoureuse", explique-t-il.
Son film déborde de défauts, imperfections ou approximations –petits ou grands–, donne souvent une impression d'amateurisme, les acteurs sont parfois laissés à eux-mêmes (de nombreux dialogues sont improvisés), et tout cela manque un peu d'envergure. Mais le film nage dans une ambiance sympathique et singulière, entre scènes d'amour ou de striptease faussement osées (qui donnent de Paris l'image caricaturale que peut s'en faire un Américain moyen), et ton intimiste du cinéma indépendant américain (on est loin du rythme et des dialogues des blockbusters d'Hollywood).
Dans le rôle de Gina, personnage sur le fil du rasoir, à la fois dépressive mais rationnelle, dont on se demande si elle est dérangée après le suicide de son fiancé ou si elle a simplement du mal à faire son deuil, la jeune actrice Lindsay Burdge montre une belle présence.
Face à elle, loin de l'image idéalisée du french lover, l'acteur Damien Bonnard paraît aussi décalé et gauche qu'il l'était dans le film qui l'a révélé, Rester vertical, d'Alain Guiraudie, présenté au Festival de Cannes 2016, dans lequel il interprétait un scénariste breton sans inspiration qui rencontre une bergère en Lozère et se retrouve seul avec leur bébé sur les bras. Ici c'est avec une hôtesse de l'air américaine qu'il se retrouve empêtré, et ce n'est pas plus facile.
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