Critique- "Bohemian Rhapsody" : le sage biopic de Freddie Mercury (vidéo)
SORTIE CINÉ– Il aurait 72 ans aujourd'hui s'il n'était pas mort du sida à l'âge de 45 ans, en 1991. Freddie Mercury, légendaire chanteur du groupe Queen, revit au cinéma dans le biopic Bohemian Rhapsody, qui sort ce mercredi 31 octobre sur les écrans français.
Son vrai nom était Farrokh Bulsara, né à Zanzibar et immigré en Grande-Bretagne avec ses parents et sa sœur membres de la communauté farsi. Dans ses jeunes années, quand il était bagagiste à Londres, ses collègues le traitait de "Paki" (pour Pakistanais).
Mais le jeune Farrokh est passionné de musique et, un samedi soir de 1970 dans un pub, sa route croise celle d'un petit groupe de rockers chevelus à la recherche d'un chanteur pour remplacer celui qui vient de les quitter. Sûr de lui, il propose ses services.
Il faudra peu de temps avant que naisse le groupe Queen et que le chanteur, qui prendra le nom de Freddie Mercury, s'en impose comme le leader. Le début d'un destin légendaire…
Le film s'ouvre et se termine par le fameux concert Live Aid du 13 juillet 1985 organisé simultanément à Londres et à Philadelphie pour récolter des fonds contre la famine en Ethiopie, et auquel ont participé les plus grands groupes de rock et chanteurs de l'époque (voir ici la vidéo de la vingtaine de minutes de Queen sur scène).
Entre les deux scènes, le film déroule la vie et la carrière de Freddie Mercury: côté public les succès, la créativité, l'originalité d'un groupe qui a marqué l'histoire du rock avec des tubes inoubliables comme We Will Rock You, We Are The Champions, Another One Bites The Dust, Radio Ga Ga, I Want to Break Free et bien sûr le révolutionnaire Bohemian Rhapsody de 1975 (voir ici le clip officiel) qui donne son nom au film; côté vie privée son premier amour Mary Austin et seule femme qui compta dans sa vie, la révélation de son homosexualité, la trahison de son manager et amant Paul Prenter, les excès des dernières années de sa vie (drogue, alcool, sexe).
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"Nous sommes une famille", répète Freddie Mercury à plusieurs reprises pour illustrer à quel point les quatre membres de Queen sont restés soudés au fil des années, chacun apportant sa pierre à la création des tubes, même si leur chanteur sortait du lot. Après la mort de Freddie Mercury et la dissolution du groupe, le bassiste John Deacon a arrêté sa carrière en 1997 mais Brian May et Roger Taylor ont continué et ont donné leur accord pour ce biopic, où tous les trois apparaissent sous un angle sympathique et sans défaut.
C'est un peu le ton général du film: c'est un biopic sage, à la réalisation classique, qui verse un peu dans le mélo à la fin et donne une image positive des rapports de Freddie Mercury avec sa famille, avec Mary Austin (voir ici la photo du vrai couple), avec les membres de son groupe. Cela devient un peu sulfureux sur la fin –quand le chanteur ne supportait plus les allusions de la presse à sa sexualité et à sa maladie– mais sans excès.
C'est cette relative tiédeur qui a déclenché des critiques plutôt négatives de la part de la presse anglaise et américaine après l'avant-première qui a précédé la sortie. C'est aussi cette volonté des producteurs de ne pas s'appesantir sur l'homosexualité et le sida qui a provoqué la colère de Bryan Singer. Le réalisateur de Usual Suspects et de quatre X-Men a quitté le navire avant la fin du tournage et a laissé Dexter Fletcher (crédité au générique comme "producteur exécutif") finir le film.
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La petite déception que procure le film est cependant largement compensée par le professionnalisme de la réalisation, par le rythme et l'énergie de la narration, et par les tubes que les fans –et les autres– auront plaisir à réentendre, monuments de l'histoire de la musique.
Et surtout ce biopic vaut, comme souvent, par la performance bluffante de l'interprète principal, l'acteur américain d'origine égyptienne Rami Malek. Chevelu en chemise exotique au début, ou cheveux courts, moustache et débardeur dans le look gay des dernières années, avec une prothèse dentaire qui accentue (un peu trop) les dents en avant dont Freddie Mercury se plaignait, il fait revivre sur l'écran une légende qui, dès ses débuts, affirmait: "Je ne vois pas plus scandaleux que moi".
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