Critique- "L'Empereur de Paris" : Vincent Cassel, nouveau Vidocq (vidéo)
SORTIE CINÉ— C'est le grand retour de Vidocq. L'ancien voyou devenu flic, passé du bagne de Toulon à la préfecture de police de Paris, revient au cinéma sous les traits de Vincent Cassel dans le film L'Empereur de Paris, dans les salles ce mercredi 19 décembre.
Au début du XIXe siècle, dans les bas-fonds parisiens, Eugène-François Vidocq est une légende. On le surnomme "l'évadé perpétuel". Il a été envoyé au bagne pour diverses malversations mais a réussi à s'échapper plusieurs fois. Laissé pour mort après une dernière évasion spectaculaire, il se cache sous une fausse identité, vendant des tissus sur les marchés de la capitale.
Il est arrêté à nouveau et, à nouveau, il s'évade. Accusé d'un meurtre qu'il n'a pas commis, il propose alors un marché au chef de la sûreté de Paris (Patrick Chesnais): il collabore avec la police et devient indic pour combattre la pègre, en échange de sa liberté.
Mais ses succès vont lui attirer les jalousies à la fois de ses collègues policiers et des malfrats: de nombreuses personnes veulent sa tête, dont son ancien complice bagnard Nathanaël (l'acteur allemand August Diehl) qui règne sur la pègre parisienne…
Le personnage historique véridique de Vidocq (1775-1857) a inspiré plusieurs écrivains (Victor Hugo pour le personnage de Jean Valjean dans Les Misérables, Honoré de Balzac pour Vautrin dans La Comédie humaine, Gaston Leroux pour Chéri-Bibi). Et il a bien sûr été incarné au cinéma et à la télévision une dizaine de fois, notamment sous les traits de Claude Brasseur dans la série télévisée du début des années 70, ou sous ceux de Gérard Depardieu dans le film de Titof en 2001 qui n'est pas resté dans les mémoires (voir ici la bande-annonce).
Son existence fut, il est vrai, hors du commun. "Vidocq naît sous la monarchie de Louis XVI et meurt sous le Second Empire, il traverse la Révolution française où il combattra à Valmy et à Jemapes, puis le Directoire, le Consulat et le Ier Empire, la Restauration, Louis-Philippe et la deuxième République: ces époques sont des promesses de vie mouvementée", explique le réalisateur, Jean-François Richet, qui a voulu raconter avec ambition et gros moyens une épopée historique riche en rebondissements.
La réalisation est parfois lourde et sans surprise, appliquée. Mais c'est du travail soigné, avec des décors et des costumes impeccables et une débauche de moyens qui fait du film un projet haut de gamme, à la fois populaire et exigeant.
Dans le rôle principal, Jean-François Richet retrouve Vincent Cassel, à qui il avait donné le rôle du gangster Jacques Mesrine en 2008 dans le double film L'instinct de mort et L'ennemi public n°1 (et que l'on a vu récemment dans un rôle de gentil malfrat abruti dans le film Le monde est à toi). Mâchoires serrées, sourcil droit en accent circonflexe, répliques courtes et sèches, rouflaquettes et regard noir: le Vidocq 2018 inspire alternativement la crainte et la sympathie, jamais entièrement tout blanc ni tout noir.
Et dans ce film à gros budget, Vincent Cassel est entouré de plusieurs seconds rôles intéressants: outre Patrick Chesnais et August Diehl, Denis Lavant en chef de bande qui veut sa mort, Olga Kurylenko en baronne de Giverny qui veut l'aider, et Fabrice Luchini (vu récemment dans Un homme pressé) qui cabotine un peu en Fouché –avec des répliques qui prennent un sens particulier 200 ans avant les actuels gilets jaunes: "C'est une grave erreur de confondre le peuple et la foule" ou "Les rumeurs sont rarement entièrement fausses"...
Lire les critiques:
> Le monde est à toi: Isabelle Adjani mère délinquante de banlieue
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