Critique- "Un amour impossible" : Virginie Efira, courageuse fille-mère de Christine Angot (vidéo)
Ceux qui n'ont jamais lu Christine Angot ou qui ne connaissent pas sa vie vont avoir l'occasion, en allant au cinéma, de se faire une autre image d'elle que celle à laquelle on est habitué en la regardant tous les samedis soirs à la télévision. Un film tiré d'un de ses livres, largement autobiographique, sort ce mercredi 7 novembre sur les écrans: Un amour impossible.
Ce livre et ce film rendent hommage à sa mère, qui l'a élevée seule. Dès le début, une voix off raconte: c'est le personnage de Christine Angot, qui dans le film se prénomme Chantal.
Elle est née en février 1959 à Châteauroux. Sa mère, Rachel (Virginie Efira), modeste dactylo à la Sécu, a 26 ans quand elle rencontre son père, Philippe (Niels Schneider), traducteur à la base aérienne. Ils se plaisent, ils vont au bal, ils se fréquentent, ils couchent ensemble.
Mais dès le début de leur amour, Philippe dit à Rachel qu'il ne l'épousera jamais. Et à la naissance de leur fille, il est reparti à Paris et ne reviendra que cinq mois plus tard. Pas question pour lui de reconnaître la petite Chantal: instruit, brillant, il est issu d'une famille bourgeoise alors que Rachel est d'une classe sociale plus modeste.
Rachel est toujours amoureuse mais, en l'absence de Philippe, va devoir élever sa fille seule. Et va se battre pour qu'elle ne reste pas "née de père inconnu". Une bataille de plus de dix ans qui va avoir des conséquences dramatiques…
Le film est adapté du livre Un amour impossible (Ed. Flammarion) paru en 2015. D'autres textes de Christine Angot (La peur du lendemain, Pourquoi le Brésil?) avaient déjà donné lieu à des films, mais c'est la première fois qu'un de ses livres est adapté aussi fidèlement au cinéma. C'est la réalisatrice Catherine Corsini qui s'est lancée dans l'aventure, séduite par ce portrait de mère-courage que dresse l'écrivaine.
"Par son amplitude, le sujet me faisait peur mais j’étais fascinée par cette femme modeste et forte à la fois, par le mystère de son aveuglement et par l’amour qu’elle avait pour cet homme pervers", explique la réalisatrice, qui arrive à adapter en 2h15 un livre dense, d'une grande épaisseur dramatique, dont l'histoire s'étale sur presque toute une vie.
"Au fond, dès les premières lignes, j’ai eu envie de filmer cette histoire de bout en bout", ajoute Catherine Corsini. "Au scénario s’est posée la question de me concentrer sur la première période de sa vie mais je n’ai finalement pas voulu. J’ai voulu affronter tout ce qui me semblait difficile, comme filmer le temps qui passe. La vie de Rachel contient le monde, elle raconte quelque chose de social et politique sur les époques qu’elle traverse, c’est pour ça que faire ce film était un défi qui m’excitait terriblement".
Le film est d'une rigueur, d'une sobriété, d'une justesse de ton que ne reniera pas Christine Angot. Celle-ci n'a pas participé au scénario mais a fait confiance à la réalisatrice: "Le contrat que nous avons signé prévoyait qu’elle puisse lire le scénario. Nous avons passé une journée ensemble à relire et à commenter les choix que nous avions faits. Elle a été d’un grand respect et nous a laissé complètement libres", explique Catherine Corsini.
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C'est l'enfance et l'adolescence de Christine Angot qui est racontée à travers le personnage de Chantal (interprétée successivement par deux enfants puis deux jeunes actrices), et les spectateurs qui ne connaissent rien de la vie ou de l'œuvre de l'écrivaine seront émus et choqués par le rebondissement dramatique de la dernière demi-heure.
Mais c'est surtout une longue lettre d'amour de Christine Angot à sa mère, qui l'a aimée et élevée seule, se battant pour elle dans un contexte et une époque où la différence de classes sociales et la difficulté d'assumer sa condition féminine ont rendu les choses très difficiles. Virginie Efira, qui tient le rôle de ce personnage entre 26 et 70 ans, est impressionnante, des premières années de jeunesse insouciante jusqu'à la superbe scène finale d'explication avec sa fille, adulte, dans une brasserie parisienne. Qui donnera définitivement de Christine Angot une autre image que celle de ses apparitions médiatiques du samedi soir.
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