Critique- "Un homme pressé" : Fabrice Luchini trébuche sur les mots (vidéo)

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Jean-Michel Comte
Publié le 05 novembre 2018 - 18:17
Mis à jour le 07 novembre 2018 - 19:26
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Fabrice Luchini Leïla Bekhti Film Un Homme Pressé
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Leïla Bekhti l'orthophoniste et Fabrice Luchini le grand patron apprennent à se connaître.
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CRITIQUE – Adapté du livre de l'ancien PDG de Peugeot Citroën Christian Streiff victime d'un AVC en 2008, "Un homme pressé" raconte l'histoire d'un grand patron qui a du mal à retrouver l'usage normal de la parole. Fabrice Luchini et Leïla Bekhti sont à l'affiche de cette comédie d'Hervé Mimran qui sort ce mercredi.

SORTIE CINÉ – Fabrice Luchini trébuche sur les mots dans le rôle d'un grand patron qui, après un AVC, a des troubles de la parole dans la comédie Un homme pressé, qui sort ce mercredi 7 novembre sur les écrans.

Il interprète Alain, un homme d'affaires respecté mais craint, patron efficace et orateur brillant, qui ne dit jamais merci, court après le temps, se consacre à sa carrière en négligeant famille, amis et loisirs. "Je me reposerai quand je serai mort", dit-il.

Un jour, il est victime d'un accident cérébral et est sauvé par son chauffeur qui l'emmène aux urgences de la Salpêtrière. Mais il a quelques séquelles: des pertes de mémoire et des troubles de la parole. Il dit "le bourreau du pèlerin" au lieu du "bureau du médecin", un cheval qui "salope" au lieu de "galope", "cintre" au lieu de "cinq", et continue d'affirmer "je me reposerai quand je serai porc".

Il est pris en charge par Jeanne (Leïla Bekhti), une jeune orthophoniste autoritaire et bienveillante, capable à la fois de rigueur professionnelle et de chaleur humaine. Mais il ne veut pas se reposer et continue ses activités professionnelles pendant sa rééducation. Celle-ci ne va pas être de tout repos, pour l'un comme pour l'autre, qui vont apprendre à se connaître…

"La reconstruction est le thème principal du film. Thème universel car il concerne aussi bien un homme à la vie aisée qu’un employé qui se retrouve au chômage à 50 ans", explique le réalisateur, Hervé Mimran, qui a voulu "parler de la fragilité de la vie, de l’être humain, qu’on soit puissant ou misérable". C'est le premier long-métrage qu'il réalise en solo, après deux films coréalisés avec l'actrice Géraldine Nakache, Tout ce qui brille en 2010 et Nous York en 2012, tous les deux avec déjà Leïla Bekhti.

Le film est tiré de l'histoire vraie de Christian Streiff qui, alors qu'il était PDG de PSA Peugeot Citroën, a été victime d'un AVC dans son bureau en 2008 et a dû interrompre momentanément ses activités à cause de troubles de la parole. Il a raconté son histoire dans un livre, J'étais un homme pressé, paru en 2014 aux éditions Cherche Midi.

Hervé Mimran dit aimer "un certain cinéma qui, sous couvert d’humour, parle avec pudeur de choses plus sombres. La comédie n’est pas un genre, c’est un langage. Enfoncer le clou dramatique ne me correspond pas", explique-t-il. C'est pourquoi il n'a pas voulu creuser le sujet de l'AVC et des troubles du langage, qui ici ne sont que prétexte à des gags verbaux dans un film au ton de comédie. Cet humour répétitif finit par lasser et Fabrice Luchini, amoureux des mots et orateur gourmand, cabotine ici avec délectation à coups d'"héliotrope" (au lieu d'"hélicoptère"), de "je te lèche" ("je te laisse") et autres "béquilles" ("aiguilles").

Mais le réalisateur a ajouté des éléments plus mélodramatiques à l'histoire: le personnage de Leïla Bekhti (formidable récemment dans Le grand bain) est mal dans sa peau, se gave de sucreries et recherche désespérément sa mère qui l'a abandonnée à la naissance; un brancardier gentil et un peu lourdaud se brûle d'amour pour elle; et le personnage de Fabrice Luchini découvre qu'il a négligé les liens avec sa fille (et avec son chien) et qu'il a finalement oublié de vivre.

Le résultat est un mélange de gentilles invraisemblances (le patron bafouillant qui tient quand même une conférence de presse au Salon de l'auto, sa convocation à Pôle Emploi) et de scènes avec force morceaux de guitare mélancolique, de violons sirupeux et de piano larmoyant: tout cela s'accumule couche après couche comme dans un mille-feuille qui devient vite indigeste à force d'être doucereux.

Lire aussi – Fabrice Luchini se déclare candidat à l'Académie française

Lire la critique – Le grand bain: le drôle et émouvant plongeon de Gilles Lellouche

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