"Éléonore" : quand l'humoriste Nora Hamzawi joue le rôle de son frère (vidéo)
SORTIE CINÉ – Ne jamais laisser les autres décider de sa vie: c'est le message du film Éléonore (ce mercredi 23 septembre sur les écrans), dans lequel l'humoriste Nora Hamzawi joue une jeune femme de caractère qui tente de se libérer des conseils bienveillants de sa famille. L'histoire est en grande partie autobiographique mais concerne son grand frère Amro Hamzawi, le réalisateur du film.
À 34 ans, Éléonore n'a toujours pas trouvé sa voie. Elle a essayé en vain de publier son premier roman, alterne petits boulots de serveuse et séjours à Pôle Emploi, voit un psy qui ne l'aide pas vraiment à avancer, et a une vie sentimentale proche du néant.
"Je ne suis pas dépressive, je suis lucide", dit-elle. Sa situation navre sa mère, ancienne peintre et grande bourgeoise, et sa sœur qui, elle, a réussi: mariée, jeune maman, responsable d'un institut de beauté haut de gamme.
Sa mère et sa sœur l'étouffent de leurs conseils
Toutes les deux l'étouffent de leurs conseils, la critiquent, la dévalorisent, la poussent à s'activer davantage. Elles lui présentent un nouvel amoureux potentiel et surtout, grâce à leurs relations, lui trouvent un emploi dans une maison d'édition spécialisée dans les romans érotiques.
Éléonore y devient l'une des deux secrétaires du patron, Harold, un homme pas facile à vivre, un peu misogyne, beaucoup déprimé, sentimentalement instable. Les relations entre ce quinquagénaire bougon et secret et la jeune femme au caractère fort et sans complexe vont d'abord faire des étincelles. Avant que tous deux s'apprivoisent peu à peu…
C'est le premier long métrage d'Amro Hamzawi, 46 ans, après plusieurs années aux États-Unis comme assistant des réalisateurs Michel Gondry et Curtis Hanson, puis un retour en France comme co-scénariste en 2013 du film 20 d'écart, comédie romantique de David Moreau dans laquelle Virginie Efira tombe amoureuse de Pierre Niney, qui a la moitié de son âge.
Sa famille, d'origine syrienne, a émigré en France dans les années 80 et après la mort de son père, Amro Hamzawi a subi l'influence de sa mère et de ses trois sœurs: "Ayant grandi sans père et entouré de femmes, mon apprentissage de ma propre identité masculine a été plus compliqué que la moyenne", dit-il.
Éléonore, c'est lui
L'histoire d'Éléonore –il est également le scénariste du film– est donc inspirée de la sienne, les milieux de l'édition remplaçant ceux du cinéma, à son retour à Paris: "Là, je retrouve ma mère et ma petite sœur. Pas Nora, une autre sœur, plus âgée. Elles me jugent durement et me font la morale, sur le travail que je devrais faire, les femmes que je devrais fréquenter… C’est cela la situation qui a nourri le point de départ narratif d’Éléonore. Même quand on est adulte, les membres de notre famille continuent à penser qu’ils nous connaissent mieux qu’on ne se connaît soi-même et veulent trancher à notre place", explique-t-il.
Un double féminin incarné par sa petite soeur
Mais plutôt que de créer un personnage masculin, il s'est construit un double féminin et en a confié l'interprétation à sa petite sœur Nora, 37 ans. "Je lui propose de lui écrire un rôle sur mesure. Elle va jouer moi. C’est extrêmement libérateur. Je raconte tout ce que j’ai vécu, et comme c’est Nora qui l’incarne, je peux tout mettre, je n’ai pas besoin de me cacher", dit-il.
Nora Hamzawi a commencé à se faire connaître du public au début des années 2010 et, comme beaucoup d'humoristes, outre ses spectacles et ses chroniques à la radio et à la télé, fait du cinéma: sept apparitions dans des films depuis 2012, dont un rôle secondaire mais important dans Doubles vies d'Olivier Assayas l'an dernier, aux côtés de Juliette Binoche et Guillaume Canet.
Lire la critique:
> Doubles vies: le couple Juliette Binoche/Guillaume Canet en danger
Ici c'est son premier rôle principal, "elle incarne parfaitement cette Éléonore qui, à mesure que l’histoire avance, comprend qu’il ne faut jamais laisser les autres décider de ce qu’on fait de sa vie", explique son frère. Et elle occupe tout l'écran et toute l'histoire, à la fois séduisante et agaçante, velléitaire mais persévérante, déprimée mais drôle, dans un film qui part parfois dans des directions inattendues, à l'image du personnage.
Mais un autre acteur fait le charme de cette comédie douce-amère: le formidable André Marcon, qui interprète Harold, personnage intéressant, attachant, coincé mais plus complexe qu'il n'y paraît, joli contrepoint à cette Éléonore fantasque qui, finalement, lui ressemble un peu.
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