"It Follows" : une horreur est si vite arrivée
C'est un film d'épouvante et un film d'ados. Mais pas comme les autres, genre Destination finale. Non, It Follows, deuxième film du jeune réalisateur américain David Robert Mitchell, est un film d'horreur ordinaire pas ordinaire.
Car une horreur est si vite arrivée... Jay, une jeune fille de 19 ans apparemment sans histoires, bascule dans le cauchemar après avoir accepté de coucher avec son petit ami à l'arrière de sa voiture. "Cette chose, elle va te suivre", lui dit-il en la quittant. Et d'ajouter: "ne va pas dans les endroits sans issue de secours"...
Cette "chose"? En faisant l'amour, Jay a attrapé une sorte de malédiction, dont son amant s'est débarrassé en la lui transmettant. Désormais, Jay est suivie par des sortes de morts-vivants qui apparaissent à l'improviste, prennent l'aspect à chaque fois d'une personne différente, connue ou inconnue d'elle, qui avance lentement vers elle et que, bien sûr, les autres ne voient pas.
Avec sa soeur et ses copains, Jay va essayer de fuir. Mais peut-on fuir cette "chose"? A moins de s'en débarrasser à son tour. Mais alors, qui va accepter de coucher avec elle?...
Le scénario de ce film singulier peut s'interpréter de diverses façons: la contamination du sida ou des MST par le sexe, mais aussi la viralité des réseaux sociaux (Jay, en fuyant, s'isole peu à peu du reste du monde et reste avec un petit noyau d'amis), l'angoisse de la jeunesse au moment de basculer dans la vie adulte, etc.
"Ce que je crains, c'est que si je commence à donner des explications, je gâche la magie du film", souligne le réalisateur. "Mais je pense que la période où l'on découvre sa sexualité peut être effrayante. On est alors traversé par toutes sortes d'angoisses. Et il me semblait que c'était intéressant de s'y pencher sous un autre angle".
Il explique que l'idée du film lui est venue "d'un cauchemar que je faisais régulièrement quand j'avais 10 ans --et que pas mal de gens font, à mon avis--, où j'avais l'impression d'être suivi par une présence".
Après un premier film intimiste en 2010, La légende des soirées pyjamas (The Myth of the American Sleepover), chronique adolescente sur la jeunesse américaine, David Robert Mitchell a particulièrement soigné ici la réalisation, la lumière, l'atmosphère étrange et dérangeante, l'enchaînement des scènes, l'équilibre entre l'angoisse et l'humour noir, entre l'attente que quelque chose arrive et son apparition (ou pas), le jeu des jeunes acteurs entre insouciance et affolement. La scène choc d'introduction du film est particulièrement réussie tout comme, vers la fin, une formidable séquence dans une piscine fermée et déserte.
Le jeune réalisateur (40 ans), qui se dit influencé par David Lynch, David Cronenberg, John Carpenter ou Roman Polanski, devient déjà un habitué des festivals: Semaine de la Critique à Cannes, Toronto, Deauville, Sundance, et récemment le Festival du film fantastique de Gérardmer où It Follows a obtenu du Grand Prix et le Prix de la critique.
(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.