"L'épreuve" : Juliette Binoche, photographe de guerre et mère de famille (VIDEO)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 05 mai 2015 - 19:10
Mis à jour le 06 mai 2015 - 13:47
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Juliette Binoche Film L'Epreuve
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Sous le voile et derrière l'appareil photo, Juliette Binoche, reporter de guerre.
©Septième Factory
Une photographe qui prend des risques dans les zones de guerre et qui, par ce métier, met sa famille dans l'angoisse: c'est un dilemme que vit Juliette Binoche dans le film "L'épreuve", sur les écrans depuis ce mercredi 6 mai.

Jusqu'où se consacrer à son métier sans sacrifier sa vie de famille? C'est la question que se pose Juliette Binoche, photographe de guerre et mère de famille dans le film L'épreuve, du réalisateur norvégien Erik Poppe.

Alors qu’elle est en reportage en Afghanistan pour suivre un groupe de femmes qui préparent un attentat suicide, Rebecca (Juliette Binoche), photojournaliste de renommée internationale, est gravement blessée par l'explosion d'une bombe.

De retour chez elle, dans sa grande maison dans la campagne irlandaise, elle se repose auprès de son mari Marcus (Nikolaj Coster-Waldau), un chercheur en écologie marine plutôt sympa, et de ses deux filles de 7 et 13 ans.

Mais ce retour à la maison est pour elle une nouvelle épreuve: son mari et sa fille aînée lui font comprendre qu'ils ne supportent plus l'angoisse qu'ils éprouvent à chaque fois qu'elle part en reportage, craignant de ne pas la voir revenir. Elle promet qu'elle ne repartira plus, mais ils ne la croient pas. Et elle-même non plus…

"Avant de devenir réalisateur, j’ai exercé le métier de photographe reporter de guerre pour des magazines jusque dans les années 80", explique Erik Poppe. "Ces derniers temps, je suis retourné couvrir des zones de conflits mais depuis que j’ai deux filles et une épouse, il y a une grande différence comparé à ma situation d’avant. J’ai dû prendre en compte le stress que mes proches subissaient en raison de mes choix professionnels et je me suis demandé: qui suis-je pour leur imposer d’avoir peur chaque fois que je pars?"

Le réalisateur, dont c'est le quatrième film, ajoute qu'il avait "depuis longtemps l’idée de faire un film sur un reporter de guerre. Pas sur la problématique de savoir comment survivre dans ces régions à risques, on devient vite excellent pour ça, mais sur la partie la plus difficile du travail: comment +survivre+ de retour à la maison? Comment accepter que les gens ne s’intéressent pas à ce qui se passe dans le monde? C’est cette épreuve qui est à l’origine du film. Le scénario est inspiré de ma vie de famille et de mon expérience en tant que correspondant de guerre".

Il a estimé que ce message du film aurait plus de force si le personnage principal était une femme: "Si un homme laisse ses enfants à la maison pour son travail, on trouve cela normal. Mais dans le cas d’une femme, les réactions sont plus mitigées. D’autre part, depuis 20 ans, beaucoup de femmes sont apparues dans la profession, parce que beaucoup de conflits ont lieu dans des régions de culture islamiques. Dans ces endroits, un homme ne peut raconter que la moitié des événements, car il ne pourra pas approcher les femmes, alors qu’une femme reporter pourra établir des contacts, rencontrer d’autres femmes et les photographier".

Il a choisi Juliette Binoche, parfaite pour ce rôle entre caractère fort et moments de doute. Face à elle le rôle du mari, lui aussi partagé entre compréhension et révolte, est tenu par l'acteur danois Nikolaj Coster-Waldau, connu pour incarner le personnage de Jaime Lannister dans la série Games of Thrones. A noter aussi la présence, pour justifier la présence de scènes en Irlande, du batteur du groupe U2, Larry Mullen Jr, dans un rôle secondaire.

Le film commence et finit par deux séquences fortes, qui prennent aux tripes et au cœur. Entre les deux, les séquences familiales et les états d'âme de Juliette Binoche sont parfois dilués dans quelques longueurs (le film dure près de deux heures). Mais ces interrogations et doutes dépassent le cas personnel du personnage et se résument par la question simple: est-ce que le jeu en vaut la chandelle? Ou, comme le dit la fille aînée de la photographe à propos du cliché vedette que celle-ci avait réussi à prendre lors de son reportage dangereux: "J'espère qu'elle valait le coup. La photo".

(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):

 

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