"Marguerite" : Catherine Frot, émouvante Castafiore (VIDEO)
C'est, dit un carton en début de film, "inspiré d'une histoire vraie", et a priori on se dit que cette histoire n'est pas le synopsis du siècle. Et pourtant Marguerite, nouveau film du réalisateur Xavier Giannoli, est sans doute ce qui se fait de mieux dans le cinéma français en cette rentrée.
Dans les années 40, une riche Américaine, Florence Foster Jenkins, passionnée de musique et d'opéra, donna plusieurs concerts et représentations (un enregistrement historique à entendre ici) sans que personne, dans son entourage, ne lui explique qu'elle chantait comme une casserole -pour ne pas la vexer et continuer de profiter de ses largesses et de son argent.
Xavier Giannoli a repris cette histoire vraie et l'a librement adaptée, la situant dans la France des années 20. La baronne Marguerite Dumont (Catherine Frot) chante faux, très faux, mais ne s'en rend pas compte et persévère, travaille, donne des représentations en petits comités dans sa riche propriété en massacrant Mozart et Puccini, sous l'oeil bienveillant et complice de son majordome.
Son mari (André Marcon) fuit chaque fois qu'il le peut, n'osant lui non plus pas avouer à son épouse la terrible vérité. Quand deux jeunes journalistes, proches des milieux avant-gardistes et anarchistes, décident -par jeu, pour se moquer d'elle, mais avec un arrière-fond de tendresse pour le personnage- de lui proposer des concerts publics devant de vrais spectateurs, ça se corse.
Avant de se lancer, Marguerite, pour être prête et s'améliorer, prend des cours avec un spécialiste du chant (Michel Fau), qui constate lui aussi l'ampleur des dégâts. Petit à petit, tout le monde s'avance vers le grand saut, le vide, l'inconnu, la catastrophe annoncée...
Dans une reconstitution historique impeccable, Xavier Giannoli a réalisé un film plein d'humour mais aussi d'émotion, sur cette Castafiore dont le but principal, à travers le chant, semble être de regagner l'amour de son mari. Et qui, femme libre dans son genre, vivra sa passion jusqu'au bout malgré les obstacles et contre toute logique.
Un biopic de Stephen Frears, avec Meryl Streep et Hugh Grant, est en préparation à propos de cette fameuse Florence Foster Jenkins, mais ici il ne s'agit pas de cela. "Non, c’est une évocation libre d’un personnage qui a vraiment existé", explique Xavier Giannoli qui, dans ses précédents films, s'était déjà intéressé aux personnages qui jouent des rôles, ne sont pas ce qu'ils croient être ou ce qu'on croit qu'ils sont, trompent leur monde: Quand j'étais chanteur en 2006 avec Gérard Depardieu et Cécile de France, A l'origine en 2009 avec François Cluzet, Superstar en 2012 avec Kad Merad.
Six fois nommée pour le César de la meilleure actrice (et lauréate de celui du meilleur second rôle en 1997 pour Un air de famille), Catherine Frot pourrait bien décrocher le gros lot et être couronnée en février prochain. A ses côtés, caractéristique des bons films, les seconds rôles sont épatants, notamment deux grands comédiens de théâtre: André Marcon dans le rôle du mari et Michel Fau dans celui du professeur de chant.
(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):
MARGUERITE - Official Trailer from Jean-Philippe Ferré on Vimeo.
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