"Nous finirons ensemble" : Guillaume Canet ressort les mouchoirs (vidéo)
CRITIQUE – Dans son sixième film comme réalisateur, Guillaume Canet réunit à nouveau les acteurs des "Petits Mouchoirs" dans une suite intitulée "Nous finirons ensemble", qui sort ce mercredi dans les salles. Un film plus sombre que le premier.
SORTIE CINÉ – Neuf ans après, Guillaume Canet donne une suite aux Petits Mouchoirs en réunissant la même bande d'amis dans Nous finirons ensemble, qui sort ce mercredi 1er mai sur les écrans.
Dans Les Petits Mouchoirs, Max (François Cluzet), riche propriétaire d'un hôtel-restaurant, et sa femme Véro (Valérie Bonneton), invitaient leurs amis dans leur belle maison du Cap Ferret, alors que l'un des leurs, Ludo (Jean Dujardin), victime d'un accident de scooter, était entre la vie et la mort sur un lit d'hôpital. Les vacances étaient l'occasion de remises en question, les petits mouchoirs servant symboliquement non à essuyer des larmes mais à cacher mensonges, secrets, non-dits et malentendus.
Les amis ne se sont pas vus depuis trois ans mais ils ont l'idée de faire une surprise à Max: ils débarquent au Cap Ferret pour fêter ses 60 ans. L'accueil est glacial. "Je ne vais pas bien. J'ai besoin d'être seul", leur dit Max, en hurlant: "Je ne veux pas fêter ce putain d'anniversaire! Merde!". Max est séparé de Véro, a de gros ennuis financiers, et veut vendre cette maison symbole de leur amitié commune. Autant dire que cette semaine de vacances ne s'annonce pas très bien…
Tout en poursuivant sa carrière d'acteur –on l'a vu récemment dans Le Grand Bain et dans Doubles vies–, Guillaume Canet continue à passer de l'autre côté de la caméra: c'est son sixième film comme réalisateur. Son plus grand succès public avait été son troisième, ces Petits Mouchoirs de 2010 qui avaient attiré 5,5 millions de spectateurs.
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Mais l'idée d'une suite "m’a longtemps été totalement étrangère car je gardais un souvenir douloureux de cette expérience", explique-t-il dans le dossier de presse. "Les Petits Mouchoirs est né de circonstances particulières. J’avais passé pas mal de temps à l’hôpital après un staphylocoque doré doublé d’une septicémie. J’avais failli y rester mais aucun de mes potes n’était venu à mon chevet. Ce moment très violent à vivre et ce constat amer sur l’amitié m’avaient poussé à écrire Les Petits Mouchoirs en six semaines. Ce qui explique cette émotion exacerbée qu’on a pu me reprocher. Certains personnages des Petits Mouchoirs reflétaient en partie les mauvais côtés de ma personne et tout ce que je n’aime pas dans la nature humaine. Le tournage ne fut pas plus une partie de plaisir. Et surtout, le jour de la sortie, un de mes meilleurs potes s’est tué à moto. Dès cet instant, tout s’est arrêté. Le succès rencontré par le film m’est évidemment apparu bien anecdotique par rapport à cette tragédie. J’ai donc mis Les Petits Mouchoirs de côté pendant des années. Jusqu’à ce qu’un soir, des années plus tard, je retombe par hasard sur le film à la télé. Et je me suis surpris à me marrer, à être ému, à prendre plaisir à retrouver ces personnages. Mais sans avoir alors l’idée de les retrouver dans un autre film".
Le deuxième déclic, poursuit Guillaume Canet, est survenu pendant la promo de son dernier film Rock n’Roll en 2017, "à un moment où je fais le constat que j’arrive à un âge où mon entourage comme moi-même ne réagissons plus de la même manière que dix ans auparavant. Au fil de ces années, on a parfois perdu un parent, on s’est remariés ou on a eu des enfants. Nos priorités ne sont plus les mêmes. On a moins le temps pour faire les choses et du coup, on se parle plus franchement. J’ai donc eu envie de plonger les personnages des Petits Mouchoirs dans ces situations où on solde les comptes".
Il a donc réuni la bande de copains: outre François Cluzet et Valérie Bonneton, il y a Marion Cotillard, Gilles Lellouche (qui avait dirigé Guillaume Canet dans Le Grand Bain), Laurent Lafitte, Benoît Magimel, Pascale Arbillot. Deux nouveaux venus s'ajoutent au casting: Clémentine Baert, qui joue la nouvelle compagne de François Cluzet, et José Garcia, qui apparaît dans la seconde moitié du film.
On retrouve les belles images de paysages de la baie d'Arcachon et les scènes chorales où les amis se disputent et se réconcilient, se mentent et se disent leurs quatre vérités, à nouveau, encore et encore. Mais ici la situation de départ (François Cluzet est ruiné) est dérisoire par rapport à celle du premier film (l'accident mortel de Jean Dujardin), et l'on se lasse vite d'attendre régulièrement la scène où l'un des personnages –François Cluzet, bien sûr, mais pas seulement– va se mettre en colère, péter le plombs, hurler, ou pleurer, avant de se calmer.
Cela aurait pu s'appeler Les Grands Mouchoirs, on est souvent mal à l'aise dans l'ambiance de ce film qui est globalement plus déprimant que drôle –comme l'humeur de François Cluzet. Et Guillaume Canet le reconnaît: "Le film est plus cynique. Parce que les personnages se disent les choses en face au lieu de les taire. Et l’état des lieux est rude en effet. Car beaucoup d’entre eux ont perdu leurs illusions".
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