"Ocean's 8" : allez les filles ! (la critique garantie sans spoiler)
SORTIE CINÉ – Le Girl Power avance peu à peu. Huit actrices s'en donnent à cœur joie dans le film Ocean's 8, qui sort ce mercredi 13 juin sur les écrans français, spin-off féminin, rythmé, drôle et ingénieux de la trilogie très masculine des Ocean's réalisés il y a une quinzaine d'années.
Après avoir passé cinq ans, huit mois et 12 jours en prison (on apprendra plus tard pourquoi), Debbie Ocean (Sandra Bullock) sort de prison, pour une libération conditionnelle. Elle affirme vouloir rentrer dans le droit chemin, mais bon sang ne saurait mentir: c'est la sœur de feu Danny Ocean (George Clooney), arnaqueur d'envergure qui avait conduit sa bande de copains à des braquages spectaculaires dans les casinos de Las Vegas.
Debbie a un plan pour un vol digne de son frère: un collier de diamant de 150 millions de dollars qui dort dans les coffres de la bijouterie Cartier à New York depuis un demi-siècle. Pour mener à bien son opération, elle fait appel à son "associée" et ex-complice Lou (Cate Blanchett), qui tient une boîte de nuit dans laquelle elle coupe sa vodka avec de l'eau.
Toutes les deux vont recruter cinq autres femmes, toutes hors-la-loi et expertes chacune dans son domaine: leur ancienne copine Tammy (Sarah Paulson), mère de famille et receleuse d'objets volés; Amita (Mindy Kaling), une bijoutière d'origine indienne qui connaît bien les pierres précieuses; Constance (Awkwafina), une arnaqueuse de rue asiatique, habile pickpocket; Nine Ball (Rihanna), une hackeuse de génie capable de faire sauter tous les verrous informatiques; et Rose (Helena Bonham Carter), une styliste de mode qui se désole de ne plus être à la mode.
Cette équipe de choc comprend donc sept femmes. La huitième –le film s'appelle Ocean's 8– ne fait pas partie de la bande mais va participer au braquage à son insu: c'est Daphné Kluger (Anne Hathaway), star du showbizz et des réseaux sociaux et présidente d'honneur du Met Gala. Rose est chargée de devenir sa styliste pour ce dîner annuel très mondain et très médiatisé du Metropolitan Museum de New York. Et de la convaincre de porter, à cette occasion, le fameux collier de Cartier…
Entièrement tourné en décors naturels à New York (et notamment à l'intérieur du Met, avec de vraies vedettes du dîner annuel dans leur propre rôle), le film quitte les casinos de Las Vegas qui servaient de cadre à la trilogie des Ocean's réalisée par Steven Soderbergh (Ocean's Eleven en 2001, Ocean's Twelve en 2004, Ocean's Thirteen en 2007) avec sa floppée de stars masculines: George Clooney, Brad Pitt, Matt Damon, Andy Garcia, Don Cheadle, Casey Affleck, Elliott Gould…
Le film est signé Gary Ross, réalisateur notamment du premier Hunger Game en 2012 et du film anti-esclavagisme Free State of Jones en 2016. Il a eu l'idée de ce spin-off féminin il y a cinq ans, bien avant l'affaire Weinstein, le mouvement #MeToo et la révolte des actrices hollywoodiennes contre la domination masculine. Il a soumis l'idée à Soderbergh, qui a donné son feu vert et coproduit le film.
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"La figure du hors-la-loi est au coeur du cinéma américain depuis ses débuts, mais à de rares exceptions près, ces +hors-la-loi+ sont toujours des hommes. Je me disais qu'il pourrait être intéressant qu’un groupe de femmes dures à cuire puissent s’imposer dans ce genre qui leur avait jusqu’ici semblé interdit. Et puis, j’ai toujours aimé les films de braquage", explique Gary Ross.
Le film est aussi rythmé et le scénario aussi inventif que les trois premiers Ocean's, avec en prime un humour et des répliques moins machistes qui montrent que les personnages féminins n'ont rien à envier aux arnaqueurs masculins.
Les huit actrices sont savoureuses, avec une double mention spéciale: à Sandra Bullock, déterminée et spirituelle, dont la carrière a été relancée par Gravity en 2013; et à Rihanna, déjà remarquée au cinéma l'an dernier en artiste de cabaret transformiste mi-humaine mi-méduse dans le Valérian de Luc Besson. Ici elle est sérieuse et caustique en hackeuse de génie au look rasta (dreadlocks, salopettes en jean, sweat-shirts trop grands, bottes militaires et pétards de marijuana), mais apparaît somptueuse quelques secondes, en fin de film, dans une longue robe fourreau rouge.
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Il y a bien sûr un double (voire triple) rebondissement final, après une heure et demie pendant laquelle le spectateur n'a pas le temps de souffler. Ce film d'action, agréable divertissement rondement mené, a aussi sa petite French Touch: sur le mur de la boîte de nuit de Kate Blanchett est projeté Jules et Jim de François Truffaut au début du film; la bande-son comporte à un moment une chanson de Charles Aznavour; et la maison Cartier et ses responsables new-yorkais à l'accent très français sont parmi les vedettes du film.
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