"Red Sparrow" : Jennifer Lawrence, l'espionne rouge (critique)
Non, la guerre froide n'est pas finie, elle n'a pas disparu avec la chute du Mur de Berlin, la fin de l'URSS ou la dislocation du Pacte de Varsovie. L'empoisonnement, le 4 mars sur le sol britannique, de l'ex-agent double russe Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia, en est une nouvelle preuve. C'est dans ce contexte que sort (ce mercredi 4 sur les écrans français) le film d'espionnage Red Sparrow, dans lequel Jennifer Lawrence joue le rôle d'une espionne russe.
Dans la Russie d'aujourd'hui, elle y interprète Dominika Egorova, une jeune ballerine du Bolchoï dont la carrière est brisée net après une fracture de la jambe. Son père est mort, elle s'occupe de sa mère malade, mais le Bolchoï menace de ne plus payer l'assurance médicale maternelle ni subvenir à ses besoins. Aussi Dominika n'a pas le choix quand son oncle Vanya Egorov (Matthias Schoenaerts), un des chefs des services secrets, lui propose de la recruter.
Lire aussi – Affaire Skripal: diplomates russes et américains plient bagage
Elle est envoyée dans une école secrète où l'on forme de jeunes espions et espionnes, les "moineaux rouges", à qui l'on apprend à utiliser leur intelligence et leur charme, leur cerveau et leur corps, pour parvenir à leurs fins. Dominika, au caractère fort, devient rapidement l'un des meilleurs agents.
Sa première cible est un agent de la CIA infiltré en Russie, Nate Nash (Joel Edgerton). De Moscou à Budapest en passant par Vienne et Londres, tous deux vont jouer au chat et à la souris, dans un ballet d'agents doubles, voire triples. Car Dominika, trop complexe et trop entière pour être réduite au simple rôle de séductrice et d'espionne, va petit à petit changer les règles…
Le film est l'adaptation du livre Red Sparrow paru en 2013 (en 2015 en France sous le titre Le moineau rouge, Ed. du Cherche-Midi), écrit par Jason Matthews, qui fut membre de la CIA pendant 33 ans. Le réalisateur Francis Lawrence (qui n'a aucun lien de parenté avec Jennifer Lawrence mais l'a dirigée dans les trois derniers des quatre Hunger Games en 2013, 2014 et 2015) en a fait un film d'espionnage à l'ancienne, comme ceux tirés des romans de John le Carré, avec du suspense, du rythme et un scénario aux nombreux rebondissements –dont bien sûr la surprise finale.
Lire la critique – Hunger Games arrive en bout de course
Aux côtés d'un Joel Edgerton plutôt sympathique et d'un Matthias Schoenaerts très antipathique, Jeremy Irons, dans le rôle intriguant d'un général des services de renseignements extérieurs russes, et Charlotte Rampling, en matrone à poigne du centre d'entraînement des "moineaux rouges", complètent notamment une distribution brillante. Mais c'est bien sûr Jennifer Lawrence qui porte l'essentiel du film, pas seulement sexy en robe de soirée ou en maillot de bain mais battue, torturée, violée dans ce film où alternent action, violence et sexe.
Car "le livre est plein de sensualité mais également de violence et d’audace, et je tenais à ce que nous conservions cela, (…) à faire en sorte que cette sensualité et cette violence émergent de manière naturelle, sans jamais être gratuites ou exagérées", explique le réalisateur. "L’idée n’a jamais été de faire un thriller érotique ou de choquer, nous voulions que les images illustrent naturellement l’histoire et le dilemme auquel est confronté le personnage. C’est pourquoi nous avons soigneusement nuancé tout ce qui a trait à la sexualité, à la nudité et à la violence pour trouver le ton le plus juste possible".
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.