"Rester vertical" : loup y es-tu ? (VIDEO)
C'était l'un des quatre films français en compétition au dernier Festival de Cannes. Rester vertical, du réalisateur Alain Guiraudie, qui sort ce mercredi 24 sur les écrans, a davantage marqué les critiques que le jury.
Dans la campagne de Lozère, Léo (Damien Bonnard), un scénariste un peu marginal, en mal d'inspiration et d'argent, rencontre des paysans et des bergers qui lui parlent de leur lutte contre le loup qui menace leurs troupeaux. Parmi eux, Marie (India Hair), mère célibataire de deux jeunes enfants, vit dans une ferme avec son père de 50 ans, bougon et étrange.
Léo et Marie restent ensemble quelques mois, et font un bébé. Léo est un bon père, s'occupe de l'enfant, mais ne semble pas fait pour cette vie de couple et de père. Lasse de ses hésitations, Marie s'en va un jour sans prévenir, avec ses deux premiers enfants, laissant Léo seul avec le bébé.
Entre allers et retours entre la Lozère et Brest, Léo va rencontrer des personnages peu communs (un vieillard acariâtre, raciste et homophobe, qui écoute les Pink Floyd à fond et héberge un jeune homme qui l'aide, le vole et couche avec lui; une guérisseuse dans les bois qui, au pied d'un arbre géant, le soigne en lui mettant des électrodes naturelles); va peu à peu sombrer dans la précarité (car, à court d'argent, il ne parvient pas à livrer le scénario que lui réclame sans cesse, au téléphone, son producteur); va revoir Marie, dans des circonstances rocambolesques; et va décider de revenir garder les brebis et de les protéger contre le loup…
Pourquoi ce titre, Rester vertical? Réponse d'Alain Guiraudie: "j’ai lu quelque part que, pour le loup, l’homme est un animal vertical, et que cette verticalité lui inspire la prudence, le respect ou la crainte. En Lozère, j’ai rencontré des gens qui ont entendu dire ça par leurs grands-parents: face au loup, il faut rester debout. J’ai aimé la formule. Elle contient aussi cette dimension politique et programmatique qui m’importe beaucoup. Quant à sa connotation sexuelle, elle n’est évidemment pas pour me déplaire".
Car la sexualité est très présente dans ce film, comme c'était le cas dans le précédent film du réalisateur, L'inconnu du lac, une histoire d'homosexualité qui a fait forte impression en 2013 dans le petit monde du cinéma d'auteur. Ici encore le personnage principal, alter égo du réalisateur, se pose des questions sur son homosexualité refoulée et rencontre des personnages qui eux aussi cherchent leur voie.
Entre rêve (parfois cauchemardesque) et réalité (aride et déprimante), avec des situations ambiguës et des rapports entre personnages pas toujours crédibles, Rester vertical a des accents de film social (loup, monde paysan, précarité, solitude, ennui dans les campagnes, homoparentalité) entrelardé de séquences oniriques (comme dans un conte) et de scènes sexuelles (comme dans un film d'auteur qui se veut audacieux).
On comprend donc pourquoi le film a été sélectionné pour Cannes, son originalité étant l'assurance de faire du buzz: sexes filmés en gros plan, accouchement réel, gérontophilie, dialogues crus, scène de suicide assisté par sodomie… Et l'on comprend aussi pourquoi le film n'a finalement reçu aucun prix: malgré ses audaces intello-sexuelles, il ne restera pas dans les annales du cinéma.
(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):
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