"Tully" : Charlize Theron super-maman (critique)
SORTIE CINÉ – Loin des blondes sexy et des femmes d'action qu'elle incarne souvent, Charlize Theron sait prendre des risques, abandonner le maquillage, lester son corps de kilos superflus et jouer les mères de famille déprimées plutôt que les super-héroïnes. C'est le cas dans Tully, qui sort ce mercredi 27 juin sur les écrans français.
Elle y incarne Marlo, 40 ans, qui accouche de son troisième enfant. Elle a un emploi à plein temps aux ressources humaines d'un fabricant de barres protéinées. Elle est mariée à un homme adorable, mari affectueux et père attentionné, qui fait des audits dans l'informatique. Tous deux ont déjà deux enfants, Sarah, 8 ans, et Jonah, 5 ans, qui souffre de légers troubles neurologiques et pose quelques problèmes à l'école.
Son mari est souvent absent pour son travail et, malgré son aide épisodique, c'est Marlo qui s'occupe la plupart du temps de la famille et des tâches ménagères. Et quand elle accouche de son troisième enfant, le baby blues se transforme en mini-dépression.
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Après trois semaines à ne pas dormir, à s’occuper de ses aînés sans répit, à regarder les émissions de la nuit à la télé, à manier le tire-lait et à mettre des couches, elle est sur le point de craquer. Et finit par accepter la proposition de son frère qui offre de lui payer, comme cadeau de naissance, les services d'une nounou de nuit.
La jeune femme s'appelle Tully (Mackenzie Davis) et débarque donc un soir. Elle a 26 ans mais en paraît 18, est filiforme, cultivée, intello, sympathique, calme. Comme une Mary Poppins contemporaine, elle vient s'occuper du bébé la nuit. Mais pas seulement. Elle va venir aussi en aide à Marlo, et lui apporter le soutien psychologique et amical dont elle a besoin…
C'est le septième film du réalisateur canadien Jason Reitman, à 40 ans seulement, après notamment Thank You for Smoking (2005, avec Aaron Eckhart en lobbyiste de l'industrie du tabac), Juno (2007, avec Ellen Page en adolescente enceinte) et In the Air (2009, avec George Clooney en spécialiste des licenciements), des films avec un background social. C'est le fils d'Ivan Reitman, plus porté sur la comédie (SOS Fantômes, Jumeaux, Un flic à la maternelle, 6 jours 7 nuits).
Dans Young Adult en 2011, Jason Reitman avait déjà donné à Charlize Theron le rôle principal, celui d'une trentenaire un peu paumée, un peu alcoolique, repliée sur elle-même, revenue sur le lieu de sa jeunesse pour y reconquérir un ex déjà marié et père de famille. Un rôle tout sauf glamour, et l'actrice n'hésite pas à s'enlaidir pour interpréter des personnages forts, comme celui d'une tueuse en série marginale et prostituée dans Monster, pour lequel elle avait pris 13 kilos et qui lui valut l'Oscar de la meilleure actrice en 2004.
Dans Tully, elle tourne à nouveau le dos au sexy, au charme, aux décolletés ravageurs et aux allures de blonde fatale ou de femme d'action, rôles dans lesquels on l'a vue ces dernières années (Mad Max: Fury Road, Fast and Furious-8, Atomic Blonde, Gringo). Kilos en trop, fatiguée, déprimée, maniant l'humour sarcastique du cinéma américain indépendant ("mon corps ressemble à la carte d'un pays en guerre"), elle est bien sûr impressionnante de naturel et de conviction, réussissant la synthèse entre la femme fragile et la mère de famille forte.
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L'idée du film est venue en 2015, après la naissance de son troisième enfant, à la scénariste Diablo Cody, qui avait déjà écrit les scénarios de Juno et de Young Adult. "Comme j’ai grandi au fin fond de l’Illinois, je n’avais jamais entendu parler de nounous de nuit", explique-t-elle. "Je me suis dit que c’était un phénomène très étrange, mais assez ingénieux néanmoins. J’ai résisté, bêtement, à l’idée d’y faire appel pour mon aîné, et j’ai encore résisté à la venue de mon deuxième enfant. Mais au troisième, j’ai complètement ravalé ma fierté. La nounou de nuit a pris en charge mon bébé, si bien que le lendemain matin, j’étais en forme pour m’occuper de mes deux grands".
Résultat de cette nouvelle collaboration entre la scénariste et le réalisateur Jason Reitman: un film qui alterne humour, empathie, réalisme et un peu de suspense (à la fin), qui ne donne vraiment pas envie d'avoir des enfants au début mais qui tourne casaque pour devenir un éloge de la vie quotidienne et de la famille. Avec, parfois, des airs de réflexion douce-amère sur le temps qui passe et sur les idéaux de jeunesse confrontés à la réalité parentale.
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