"Vie Sauvage" : babas pas si cools

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 29 octobre 2014 - 08:02
Mis à jour le 05 novembre 2014 - 18:42
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Matthieu Kassovitz dans le film "Vie Sauvage".
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©Carole Bethuel/Le Pacte
Mathieu Kassovitz est très convaincant dans "Vie sauvage".
©Carole Bethuel/Le Pacte
Tiré d’une histoire vraie, le dernier film de Cédric Kahn, "Vie Sauvage", sur les écrans français ce mercredi 29 octobre, raconte l’histoire d’un père (Mathieu Kassovitz) qui a vécu pendant 11 ans dans la marginalité, la nature et la clandestinité avec ses deux jeunes fils, que leur mère a cherché en vain à revoir pendant toutes ces années.

Les noms ont été changés mais c'est une histoire vraie. Paco (Mathieu Kassovitz) a rencontré Nora (Céline Sallette) dans une communauté de marginaux babas cools. Elle avait déjà un fils. Ils en ont eu deux autres, et ont vécu pendant plusieurs années en marge de la société, dans des roulottes et des campements.

Lui barbu et queue de cheval, boucle d'oreille, elle dreadlocks et foulard dans les cheveux, chandail en laine. Ils élevaient des chèvres, des lapins et des poules, avaient un singe et un cheval, faisaient la route.

Et puis, un jour, elle n'a plus aimé cette vie de bohème, a voulu s'installer dans une vraie maison, est partie avec ses trois fils. La justice lui a donné raison, lui confiant la garde des trois enfants.

Au bout d'un an, le père, qui avait un droit de visite, a décidé de ne pas ramener les deux plus jeunes, ses deux fils âgés de 6 et 7 ans. Il s'est enfui avec eux.

Cela a duré 11 ans. Cachés, voyageant sous différentes identités, aidés par un réseau d'amis marginaux rencontrés sur les routes, vivant de petits boulots, de chantiers, de travaux au sein de différentes communautés, ils ont échappé aux recherches de la police et de la mère, Nora, qui voulait revoir ses enfants.

Nomades et libres, vivant en dehors d'un système qu'ils rejetaient, amoureux de la nature, ils ont aussi découvert le danger et la peur. Et, quand les enfants sont devenus des adolescents, les premières divergences avec leur père...

De ce fait divers qui s'est achevé en 2009 –le père s'appelle Xavier Fortin et, après son arrestation, a été condamné à deux ans de prison dont seulement deux mois ferme–, Cédric Kahn a tiré un film, basé sur les deux livres-témoignages dans lesquels les protagonistes ont raconté leur histoire: "celui de la mère, récit bouleversant d’une femme privée de ses garçons, et celui du père et des deux fils, récit écrit à trois mains, mélangeant la chronique d’une cavale et la défense d’un mode de vie".

"Les deux pouvaient être matière à un film très différent. Avec une seule évidence pour moi, c’est qu’il était impossible de prendre parti pour le père ou la mère", explique le réalisateur. "Le seul point de vue auquel je pouvais m’attacher était celui des garçons, déchirés entre un amour inconditionnel pour leur père et le manque de leur mère et de leur grand frère".

Cédric Kahn, réalisateur notamment de L'ennui en 1998, avait déjà pris comme point de départ un fait divers réel pour son film Roberto Succo en 2001, histoire de la cavale en France et en Suisse d'un tueur en série italien à la fin des années 80.

Ici, il exprime une sympathie certaine pour ses personnages: "dans les années 1970, mes parents ont quitté la ville pour partir vivre en communauté. J’ai grandi à la campagne, au milieu de gens comme ceux que je montre dans le film, des marginaux, certains qui avaient fait des études, issus d’un milieu plutôt intello ou aisé, un peu le même profil que Fortin", explique-t-il.

"Donc, pour moi, cet univers n’a rien ni d’exotique ni de folklorique. J’ai de l’admiration pour ces gens qui ont fait le choix de vivre proches de la nature, au rythme des saisons, dans le dénuement, loin des considérations matérielles, même si j’ai fait un choix de vie aux antipodes de ça".

On a quand même un peu de mal à éprouver la même sympathie et à s'intéresser, pendant près de deux heures, à ce trio marginal à l'existence, aux comportements et aux modes de pensée finalement très conformistes –même s'ils sont, dans la réalité, restés fidèles à leurs idées.

Seul petit intérêt du film, la confirmation –malgré son rôle secondaire– du talent de Céline Sallette, une actrice dont on parle de plus en plus dans le cinéma français en ce moment.

 

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