"Volontaire" : tu seras une femme, ma fille (critique)
SORTIE CINE - Les militaires sont des êtres humains comme les autres, y compris les femmes. Démonstration dans Volontaire, le deuxième film réalisé par l'actrice Hélène Fillières, qui sort ce mercredi 6 juin sur les écrans.
Laure (Diane Rouxel), 23 ans, parle russe et anglais, est intelligente et diplômée, a une vie sexuelle et sentimentale épanouie avec son petit ami, et des parents cultivés et tolérants. Mais quand elle annonce qu'elle a l'intention de rentrer dans l'armée, sa mère (Josiane Balasko), actrice de théâtre –donc de gauche, qui a une affiche "Visit Palestine" dans sa cuisine– ne le prend pas très bien. "Je ne veux pas que ma fille tourne mal", dit-elle, préférant pour elle d'autres manières de se rendre utile: s'occuper des migrants ou des sans-abri, donner des cours d'alphabétisation, s'encarter chez les Verts…
Mais Laure tient bon. Elle pense avoir trouvé sa voie, dans la Marine nationale. Elle s'engage et se retrouve officier de communication, chargée de rédiger des rapports et des articles pour son supérieur, le commandant Rivière (Lambert Wilson), un homme froid et dur, apparemment insensible aux émotions et aux états d'âme. Elle découvre les exigences de l'armée, une discipline, un cadre, une structure, des repères.
Mais elle veut plus. Tous les postes sont ouverts aux femmes comme aux hommes. Elle demande à intégrer les commandos des fusiliers marins. Pour cela, il faut pratiquer un dur entraînement physique et passer des épreuves difficiles lors d'un stage digne de Koh Lanta. Le commandant Rivière doute que cette jeune femme d'1,63m et de 48 kilos aux yeux bleus, aux traits fins et au visage angélique en soit capable. Il refuse de donner son autorisation. Mais Laure insiste: "Donnez-moi une chance…"
Tourné à l’Ecole des Fusiliers marins de Lorient et à l’Ecole navale de Brest, c'est le deuxième long-métrage d'Hélène Fillières, 46 ans, actrice depuis les années 90 (elle s'est donné un petit rôle dans le film). Elle est passée à la réalisation en 2006 avec un court métrage, puis en 2013 avec son premier long-métrage Une histoire d'amour, avec Laetitia Casta et Benoît Poelvoorde, inspiré de l'assassinat du banquier français Edouard Stern par une prostituée en 2005 à Genève.
"On parle souvent de l’influence des pères mais personnellement, je me suis plutôt construite dans la relation à mon frère", explique-t-elle. "On a été éduqués et aimés pareil, valorisés de la même manière par nos parents: je me suis construite dans l’idée d’une certaine égalité par rapport à lui sans que la question de notre différence de sexe pose problème. Volontaire est aussi une manière d’explorer ma part de masculin. Ma virilité. Pour moi, c’est une qualité universelle, qui n’appartient pas à un seul genre".
Aux côtés d'un Lambert Wilson impeccable, c'est le premier rôle principal pour Diane Rouxel, 24 ans, découverte dans La tête haute d'Emmanuelle Bercot en 2015 et qui jouait un garçon dans Les Garçons sauvages de Bertrand Mandico sorti en février dernier. Elle donne un visage serein et déterminé à ce personnage qui lutte pour l'égalité entre les hommes et les femmes et qui fait finalement fléchir les certitudes de son chef militaire.
Lire la critique – L'Odyssée: Lambert Wilson enfile le bonnet rouge du commandant Cousteau
Car le film, sobre, rigoureux, sans être vraiment à la mode (l'armée, l'uniforme, la discipline: tout cela n'est pas trop glamour), est dans l'air du temps, comme le reconnaît la réalisatrice: "Au fond, je crois que j’avais, consciemment ou pas, envie de tordre les clichés sur pas mal de choses: le fort, le faible, l’armée… Revisiter le rapport homme-femme à l’aune de notre époque et sous un angle romanesque. C’est l’interactivité entre les sexes qui m’intéresse".
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