L'Américain Richard McGuire Fauve d'Or du meilleur album à Angoulême
Le dessinateur américain Richard McGuire, 58 ans, a reçu samedi 30 au soir la consécration suprême pour un auteur de BD avec le Fauve d'Or du meilleur album de l'année du Festival international de la bande dessinée d'Angoulême. L'auteur américain a été récompensé pour son roman graphique Ici (Gallimard).
Rien ne bouge mais tout change, dans cet album de 300 pages qui dynamite les codes classiques de la BD. Ici raconte l'histoire d'un lieu, vu d'un même angle, et celle des êtres qui l'ont habité à travers les siècles.
Dans cet espace délimité, les existences se croisent, s'entrechoquent et se font étrangement écho, avant d'être précipitées dans l'oubli. Artiste inclassable, Richard McGuire réussit à entraîner son lecteur dans une expérience sensorielle inédite, puissante et presque magique du temps qui passe.
Le graphiste américain, collaborateur régulier du New Yorker, actuellement en Colombie, était absent pour la remise du prix. 40 titres, dont 12 signés ou cosignés par des femmes, étaient en compétition pour décrocher le prestigieux Fauve d'Or du meilleur album de BD de l'année.
L'an dernier c'est Riad Sattouf qui avait remporté le prix avec le premier tome de son Arabe du futur (Allary), récit de son enfance en Libye puis en Syrie.
Le prix spécial du jury est allé à Carnet de santé foireuse (Delcourt) de Pozla qui raconte avec humour et sans fard ses moments passés à l'hôpital, en famille et au travail alors qu'il est atteint de la maladie de Crohn. Très ému, Pozla a expliqué qu'il avait "dessiné pour survivre". "J'espère qu'il n'y aura pas de deuxième tome", a-t-il ajouté.
Le prix de la série est revenu au premier tome de Ms Marvel (Panini) de l'Américaine Gwendolyn Willow Wilson et du Canadien Adrian Alphona.
Alors que le Festival a été accusé de sexisme, Gwendolyn Willow Wilson est la seule femme distinguée cette année. Tous les autres auteurs récompensés sont des hommes.
Le prix du public auquel quelque 20.000 personnes ont participé est allé à l'album Cher pays de notre enfance - Enquête sur les années de plomb de la Ve République (Futuropolis) d'Etienne Davodeau et Benoît Collombat et le prix polar-SNCF est revenu à Tungstène (ça et là) du Brésilien Marcello Quintanilha.
Le prix révélation qui distingue l'oeuvre d'un auteur en début de parcours artistique a été attribué à Une étoile tranquille - Portrait sentimental de Primo Levi (Rackham) de l'Italien Pietro Scarnera. Le prix du patrimoine est revenu à Vater und Sohn - Père et fils (Warum) du dessinateur anti-nazi allemand Erich Ohser dit E.O. Plauen, mort en 1944 après avoir été arrêté par la Gestapo.
Le prix jeunesse avait déjà été attribué jeudi au Grand méchant renard (Delcourt) de Benjamin Renner. Mercredi soir, le Grand prix de la ville d'Angoulême avait été attribué au dessinateur belge Hermann pour l'ensemble de son oeuvre. Le jury chargé de remettre les Fauve était présidé cette année par l'ex-diplomate Antonin Baudry, scénariste de Quai d'Orsay sous le pseudonyme d'Abel Lanzac.
Parmi les sept membres du jury figurait notamment le romancier Laurent Binet, lauréat l'an dernier du prix du roman Fnac et du prix Interallié pour son livre La septième fonction du langage.
Du côté du off c'est la dessinatrice tunisienne Nadia Khiari qui a été distinguée en recevant le prix "couilles-au-cul" récompensant "le courage artistique d'un auteur". "Je dédie ce prix à tous ceux qui privilégient la liberté à la sécurité, ceux qui n'ont pas peur, ceux qui résistent", a dit la dessinatrice âgée de 42 ans.
Le marché de la BD représente aujourd'hui plus de 10% du marché de l'édition. Selon le cabinet d'études GfK, 39 millions d'albums ont été vendus l'année passée pour un chiffre d’affaires de 459 millions d'euros (+10,6% en volume et valeur).
Le Festival international de la BD d'Angoulême ferme ses portes dimanche. Depuis sa création en 1973 et avec une fréquentation moyenne de 200.000 personnes chaque année, Angoulême est le premier festival consacré à la bande dessinée en Europe.
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