Mort de l'écrivaine Assia Djebar à l'âge de 78 ans
L’écrivaine algérienne Assia Djebar, membre de l’Académie française, est morte vendredi 6 à l’âge de 78 ans dans un hôpital parisien, a annoncé ce samedi la radio publique algérienne. Elle sera enterrée, selon ses vœux, dans son village natal de Cherchell, à l’ouest d’Alger, la semaine prochaine.
A l’annonce de sa mort, François Hollande a tenu à rendre hommage dans un communiqué à "cette femme de conviction, aux identités multiples et fertiles qui nourrissaient son œuvre, entre l'Algérie et la France, entre le berbère, l'arabe et le français".
Née le 30 juin 1936 dans une famille bourgeoise à Cherchell, Fatima Zohra Imalayène, entre en khâgne au lycée Fénelon à Paris en 1954. Un an plus tard, elle devient la première femme musulmane admise à l’Ecole normale supérieure de Paris en 1955.
Si elle prend le parti de l’indépendance de son pays, alors sous domination française, elle décide toutefois d’écrire en français et publie son premier roman, La soif en 1957 sous le nom d’Assia ("la consolation") Djebar ("l’intransigeance"). La presse qualifie l'ouvrage de "saganien". Elle continue d’écrire jusqu'au milieu des années 1960 et publie, entre autres, Les impatients (1958) et Les enfants du nouveau monde (1962) avant de retourner dans son pays où elle décide d’enseigner l’histoire à l’Université d’Alger.
Quelques années plus tard, Assia Djebar revient à Paris et se lance dans le cinéma. Tout semble décidément lui réussir puisque son film La Nouba des femmes du mont Chenoua (1978) lui vaut le prix de la critique internationale à Venise en 1979. Elle revient ensuite à ses premières amour et publie L'amour, la fantasia (1985) ou "Ombre sultane" (1987), deux livres qui prônent la démocratie, le droit des femmes et le dialogue des cultures. En 1983, Pierre Beregovoy, alors ministre des Affaires sociales, la choisie pour représenter l'immigration algérienne au Conseil d'administration du Fonds d'action sociale (FAS), où elle siègera six ans durant, avant de repartir vers d’autres lointaines contrées.
En 1995, c’est vers les Etats-Unis qu’elle se tourne, prenant la direction du Centre d’études françaises et francophones de Baton Rouge en Louisianne. Elle part ensuite à New York, où elle continue à enseigner la littérature française. Parallèlement, elle écrit toujours, notamment sur le sort des femmes et des intellectuels dans l’Algérie dans les années 1990 avec, entre autres, Oran, lange morte (1997, Prix Marguerite Yourcenar à Boston) et La Femme sans sépulture (2002).
En 1999, elle est élue à l'Académie royale de langue et de littérature française de Belgique. Six ans plus tard, elle devient la première personnalité du Maghreb élue à l'Académie française. Le gouvernement algérien qualifie cette élection de"fierté nationale".
L’oeuvre littéraire d’Assia Djebar est traduite en 23 langues et une vingtaine d’ouvrages européens portent sur son étude.
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