Août 1962 : De Gaulle visé par l'attentat du Petit-Clamart (VIDEO)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 11 août 2015 - 19:13
Mis à jour le 06 juillet 2017 - 16:34
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Une FranceSoir 25.08.1962 Attentat Petit Clamart De Gaulle
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La Une du 25 août 1962.
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Le 22 août 1962, un commando de l’OAS organisait un guet-apens au Petit-Clamart, dans la banlieue sud-ouest de Paris, avec l’intention d’assassiner le général de Gaulle. L’attentat échouera, et son principal instigateur sera arrêté, jugé et fusillé.

"Opération Charlotte Corday": c'est le nom de code que l'OAS avait donné à son projet d'assassinat du général de Gaulle, le 22 août 1962 à Clamart (Hauts-de-Seine). Charlotte Corday, femme politique de la Révolution, est celle qui assassina en 1873 dans sa baignoire Marat, un des responsables de la Terreur.

L'organisation secrète OAS (Organisation Armée Secrète), opposée à la décision de De Gaulle d'accorder son indépendance à l'Algérie en 1962 suite aux accords d'Evian, avait décidé cet attentat sous la direction du colonel Jean-Marie Bastien-Thiry, partisan de l'Algérie française.

Le mercredi 22 août 1962 en début de soirée, deux Citroën DS escortées de motards, avec à l'intérieur de l'une d'elles Charles de Gaulle et son épouse Yvonne, quittent l'Elysée pour se rendre à la base aérienne gouvernementale de Villacoublay, près de Versailles, pour y prendre un hélicoptère à destination de Colombey-les-deux-Eglises.

Le commando de Bastien-Thiry, à bord de quatre véhicules dont une estafette Renault jaune, composé de 12 hommes et équipé d'armes automatiques et d'explosifs, attend le convoi présidentiel dans le quartier du Petit-Clamart et ouvre le feu sur les deux voitures.

Les pneus avant de la DS présidentielle sont crevés, une des vitres arrière vole en éclats, mais Charles et Yvonne de Gaulle se baissent et ne sont pas touchés. L'enquête comptabilisera 187 impacts de balles, dont 14 sur la DS du président.

Le chauffeur de la DS accélère et parviendra à gagner Villacoublay. Les auteurs de l'attentat s'enfuient et, dès le 22 août au soir, une vaste chasse à l'homme est lancée et de nombreux enquêteurs sont mobilisés.

Sur sa Une du samedi 25 août 1962, France-Soir titre: "Attentat: premiers progrès de l'enquête". Et deux sous-titres font référence à cette enquête. Dans le premier, "la police se demande si l'homme à l'estafette n'est pas le capitaine Souètre (évadé de Saint-Maurice-l'Ardoise)". Mais la piste ne donnera rien.

Dans le second article, France-Soir révèle qu'"un homme se disant légionnaire est venu 4 jours dans un café pour observer les lieux de l'embuscade". Et le journal publie quatre croquis du portrait-robot de ce suspect qu'il a fait exécuter par un dessinateur.

Deux semaines plus tard, une quinzaine de suspects seront arrêtés. Bastien-Thiry, 34 ans, polytechnicien, sera arrêté le 17 septembre. Il sera jugé par un tribunal militaire d'exception, la Cour militaire de justice, condamné à mort, et exécuté le 11 mars 1963. C'est le dernier condamné à mort à avoir été fusillé en France.

Parmi ses complices arrêtés et jugés, trois autres seront également condamnés à mort, mais seront graciés. L'un d'eux, Lajos Marton, condamné à mort par contumace car en fuite, sera arrêté à Paris le 10 septembre 1963, rejugé en octobre 1964 par la Cour de sûreté de l'Etat, et condamné à 20 ans de réclusion criminelle, avant de bénéficier d'une amnistie en 1968.

En 2012, à 81 ans, à l'occasion du 50e anniversaire de l'attentat, il a expliqué dans une interview qu'il ne regrettait pas son acte: "Je n'ai jamais regretté d'avoir participé à l'attentat du Petit-Clamart pour tuer de Gaulle. Mon seul regret, c'est que l'opération n'ait pas réussi".

Cet attentat du Petit-Clamart fut le plus élaboré de la dizaine de complots ou projets d'attentat dont le général de Gaulle fut la cible entre l'échec du putsch des généraux à Alger en avril 1961 et l'élection présidentielle de mai 1965.

La petite histoire retiendra la phrase anecdotique d'Yvonne de Gaulle, l'épouse du chef de l'Etat, quelques minutes après l'attentat manqué: "J’espère que les poulets n’ont rien eu". Elle ne faisait aucunement référence à l'escorte policière qui accompagnait la voiture présidentielle, mais à des volailles enfermées dans le coffre de la DS...

(Voir ci-dessous le compte-rendu de l'attentat du Petit-Clamart aux actualités cinématographiques, sur le site de l'INA):

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