Cantat : le juge à l'origine de sa libération dénonce "la dictature de l'émotion"
Quinze ans après la mort de Marie Trintignant pour laquelle il a été condamné, Bertrand Cantat vit un retour médiatique compliqué. L'ex-leader de Noir Désir, qui a sorti un nouvel album le 1er décembre dernier et s'est lancé début mars dans une tournée solo, ne cesse d'être la cible de nombreuses critiques. Depuis son "come-back", les protestations s'amplifient et proviennent de toutes parts, autant des féministes, des politiques que des anonymes sur les réseaux sociaux.
Ses opposants sont donc nombreux mais certains défendent en revanche le droit à la liberté et à la réhabilitation d'un homme qui a purgé sa peine. Le juge d'application des peines, qui a décidé de lui accorder sa libération conditionnelle en 2007, a par exemple écrit une tribune, publiée sur le site de France info, dans laquelle il a dénoncé "la dictature de l'émotion".
"Je me doutais que certaines difficultés étaient à prévoir compte tenu d’un probable retour sur scène à moyen ou long terme. Mais je n’imaginais pas qu’elles interviendraient dix ans plus tard, avec un déchaînement des passions qui s’exprime aujourd’hui jusque dans la rue", a confié Philippe Laflaquière tout en expliquant qu'il soutenait "bien évidemment" la libération de la parole et l'action des mouvements féministes. Seulement voilà: "ce combat pleinement légitime tourne maintenant à la vindicte publique", a-t-il déploré.
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Pour rappel, Bertrand Cantat a été libéré en 2007 de la prison de Muret (près de Toulouse), et a purgé plus de la moitié de sa peine après avoir été condamné à huit ans de prison pour coups mortels sur sa compagne."Compréhensible de la part d’une famille endeuillée, l’utilisation du terme d'assassin appliquée à un homme qui n’a jamais voulu donner la mort, et moins encore avec préméditation me semble difficilement acceptable, car fausse et démagogique, de la part de responsables associatifs ou politiques", a-t-il regretté avant de rappeler l'affaire Kristina Rady. L'ancienne compagne de Bertand Cantat s'est suicidée en 2010 et son entourage a évoqué la violence dont le chanteur aurait fait preuve envers elle.
Philippe Laflaquière a expliqué qu'il regrettait qu'aujourd'hui, "une simple plainte équivaut à un début de condamnation" et que "le témoignage anonyme devient un élément de preuve à charge".
Enfin, face à un "tribunal médiatique tout-puissant, incontrôlable", il a dit regretté que l’institution judiciaire soit devenue "secondaire". "Plus que jamais, je crois indispensable de la respecter, de la fortifier, de soutenir tous ces professionnels – administration pénitentiaire comprise –, qui placent leur compétence et toute leur énergie au service d’une belle mission, tenter de réparer les maux les plus cruels de notre société", a-t-il conclu.
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