Google Doodle : qui était Gerda Taro, la photographe qui a créé Robert Capa ?
Derrière chaque grand homme, il y a une femme. Le dicton s'applique sans aucun doute à Gerda Taro, à ceci près qu'elle n'aurait sans doute pas dû disparaître à ce point dans l'ombre de Robert Capa.
Car si le nom de celui qui est considéré comme le plus grand photographe de guerre de l'Histoire est mondialement connu, celui de Gerda Taro a presque sombré dans l'oubli. Le Google Doodle de ce mercredi 1er août, 108 ans après la naissance de la photographe, participe à corriger cette situation.
Car sans Gerda Taro, il n'y aurait pas eu de Robert Capa. C'est même elle qui a donné ce pseudonyme à Endre Ernő Friedmann, faisant du Hongrois un Américain et lançant par ce subterfuge une carrière qui ne démarrait pas.
Gerta Pohorylle de son vrai nom, juive allemande qui avait quitté son pays en 1933 face à la montée du nazisme, l'avait rencontré alors qu'elle travaillait comme assistante à l'agence Alliance-Photo. Elle prendra en main sa carrière, il lui apprendre son art et tous deux vivront une relation fusionnelle.
Voir: Légende de la photo de guerre, David Douglas Duncan s'en est allé
Formée par le meilleur, Gerda Taro deviendra elle-même une grande photographe de guerre. Elle partira en Espagne avec Robert Capa en 1936 pour couvrir les combats entre Républicains et Franquistes, n'hésitant pas à aller au plus près de l'action comme n'importe lequel des ses confrères masculins.
Elle y laissera sa vie, écrasée en juin 1937 par un char Républicain lors de la bataille de Brunete. Son enterrement, célébré le jour de ce qui aurait dû être son 27ème anniversaire, rassemblera des milliers de personnes au cimetière du Père-Lachaise. L'éloge funèbre sera prononcé par Louis Aragon.
Mais 80 ans après, peu de gens conaissent ce bref destin exceptionnel. Pour beaucoup la faute en revient en partie à Robert Capa lui-même. Celui-ci aurait en effet eu tendance à considérer le travail de Gerda Taro non pas comme celui de la jeune femme mais comme celui du couple. Peu de ses photos portent sa seule signature.
Mais c'est aussi la marche tragique de l'Histoire qui a participé à cet oubli. La famille de Gerda Taro est morte pendant l'holocauste. Son amant et mentor était alors le seul à pouvoir perpétuer son œuvre. Il mourra en Indochine en 1954 après avoir marché sur une mine.
Lire aussi:
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.