Google : le géant américain devient Alphabet
Google ne sera bientôt plus Google. Lundi 10, les deux fondateurs du moteur de recherche, Sergueï Brin et Larry Page, ont annoncé une refonte de la structure via la création d’une holding baptisée Alphabet, "pour que le groupe soit au monde ce que l'alphabet est à la langue, les briques essentielles, de A à Z", rapporte Le Point. Cette compagnie deviendra la maison-mère de l’ensemble des sociétés du groupe afin de séparer les activités sur Internet des autres plus expérimentales. "Notre entreprise fonctionne bien aujourd'hui, mais nous pensons que nous pouvons la rendre plus claire et plus responsable. Nous créons donc une nouvelle société appelée Alphabet", a ainsi annoncé Larry Page dans un communiqué publié sur le site abc.xyz, surprenant le monde entier.
Alphabet remplacera donc Google en tant qu'entité cotée en Bourse: toutes les actions Google seront automatiquement transformées en titres Alphabet dotés des mêmes droits d'ici à la fin de l'année. "Cette nouvelle structure va nous permettre de maintenir une attention énorme sur les opportunités extraordinaires dont nous disposons avec Google", écrit Larry Page. "Alphabet est essentiellement un assemblage d'entreprises. La principale, bien sûr, est Google", dont elle détiendra 100%, poursuit-il. "Le nouveau Google est un peu aminci, les entreprises qui sont assez éloignées de nos principaux produits sur Internet étant désormais placées au sein d'Alphabet".
Et qui dit restructuration dit nouvelle équipe. Google aura donc très bientôt un nouveau directeur général en la personne de Sundar Pichai. Né en Inde, cet ingénieur de 43 ans s’est distingué dans le rôle qu’il a joué dans la création du système d’exploitation pour smartphone Androïd, ainsi que dans le lancement du navigateur Chrome. Au sein du nouveau Google, il sera en charge des produits phares: le moteur de recherche, la régie publicitaire, Google Maps, YouTube ou encore Androïd.
De leur côté, Larry Page et Sergueï Brin se réservent ce qui les passionne vraiment: les projets innovants, surnommés "moonshots" en anglais ("tirs vers la Lune"). Car Alphabet, dont Larry Page sera directeur général et Sergeï Brin président, prendra le contrôle direct des filiales les plus expérimentales, comme le laboratoire X, où sont testés des projets plus fous les uns que les autres (la livraison par drone Wing, les ballons-internet Loon, les voitures sans chauffeur Google Car, etc.), mais aussi Calico (qui mène des travaux sur le vieillissement), Life Science (qui expérimente des lentilles de contact pour diabétiques), les alarmes connectées Nest, le réseau de fibre optique Fiber ou encore les fonds d'investissement Google Ventures et Google Capital.
"Sergueï et moi, nous essayons vraiment de démarrer de nouvelles choses", justifie Larry Page devant la surprise provoquée par son annonce. Mais si l’explication officielle pour la création d’Alphabet est que cette nouvelle structure devrait permettre de "faire des choses plus ambitieuses" et d'avoir "une vue à long terme", la raison officieuse est tout autre: elle a été créée afin de séparer les activités aujourd’hui traditionnelles (recherches internet, publicités en ligne) d’activités innovantes et plus sujettes à la polémique, explique Le Point.
Ainsi Alphabet pourra se servir de cette "séparation" pour éviter les accusations d’abus de position dominante. De même, en se distanciant de Google, régulièrement soupçonné de porter atteinte à la vie privée de ses utilisateurs, elle pourra collecter plus librement et massivement des informations sur ces derniers, notamment sur leur santé.
Enfin, la séparation des activités traditionnelles et rémunératrices des projets jugés fous et risqués a pour but de rassurer Wall Street: les résultats de Google et les paris futuristes d’Alphabet seront publiés séparément afin que les investisseurs puissent savoir plus précisément où ils placent leur argent.
Si cette annonce d’une nouvelle holding a globalement rassuré investisseurs et spécialistes, comme le montrent différentes interviews réalisées par The Guardian, certains demeurent sceptiques. Comme le souligne Les Echos, Goldman Sachs, par exemple, ne s’est pas gêné pour souligner que si Alphabet montrait la "volonté de Google d'accroître sa transparence, (…) on ne sait pas encore jusqu’où celle-ci ira. Notamment en matière de publication de données financières pour informer un peu plus sur la rentabilité de certaines de ses activités annexes".
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