Pourquoi Amazon passe à l'offensive dans la musique et le podcast ?
Cette semaine, le géant du e-commerce et des services numériques Amazon est passé à l'offensive dans le secteur des podcasts. L'entreprise a contacté les créateurs de podcasts populaires du monde entier pour les attirer sur sa plateforme de streaming et de livre audio. Les projets d’Amazon dans ce secteur font beaucoup parler, puisque l'entreprise semble prête à mettre de gros moyens pour investir et lancer des podcasts natifs dans son application de musique.
Après la lutte pour conquérir la vidéo à la demande, Amazon passe à l’audio
Mardi dernier, le site The Desk a a révélé qu’ Amazon permettrait bientôt aux utilisateurs d'Amazon Music et d'Audible de s'abonner, de télécharger et de diffuser des podcasts gratuits sur chacun de ces deux services. Les podcasts seront disponibles pour les clients d'Amazon Music et les abonnés Amazon Prime.
Cette offensive semble répondre aux efforts de Spotify, qui ne cache pas son ambition de devenir la plateforme numéro un d’écoute de podcasts, avec ses dernières acquisitions de podcasts originaux à coup de dizaines de millions de dollars. Depuis son rachat de la plateforme de livres audio Audible, Amazon observait le marché du podcast de loin, et semble avoir décidé de passer à l'attaque cette année.
Amazon peut se permettre des investissements à la hauteur de ses ambitions, car pendant le confinement, ses services d'achat en ligne et de livraison ont été plus sollicités que jamais, et ses bénéfices ont doublé par rapport à la même période de l'année dernière, pour atteindre 5,2 milliards de dollars sur le deuxième trimestre 2020. Les ventes, elles, ont augmenté de 40 %, pour un chiffre d’affaires de 88,9 milliards $
Le podcast de plus en plus populaire
Le confinement a aussi popularisé l’écoute de podcast, et a permis d'élargir la base d’auditeurs dans le monde et en France. Les tendances montrent non seulement une conversion des gens qui n'écoutent pas de podcast auparavant, mais aussi une augmentation du temps dédié à l'écoute de podcasts. Pendant le confinement, près de la moitié (46%) des Français ont écouté plus de contenus audio qu'avant.
En France, cela s'explique en partie, parce que les utilisateurs voulaient limiter le temps dédié aux écrans. D’un autre côté, l’IFOP explique que les podcasts natifs matérialisent “l’aboutissement de la délinéarisation de la consommation média amorcée depuis plusieurs années’. C’est-à-dire que les podcasts répondent plus facilement à l'hétérogénéité du public. Le politologue Jérôme Fourquet explique que la France est en « archipélisation » “modèle dans lequel les standards, les référentiels communs s'effacent au profit d’une mosaïque d'identités et d’aspirations différentes.”
Amazon veut s'adapter à notre façon de vivre en transit
La durée, les formats, le ton ou encore les sujets des podcasts sont conçus pour être écoutés de façon totalement nomade ou mobile, et à la demande. Cela correspond à une nouvelle façon de vivre et de consommer les médias et contenus. Les utilisateurs ne sont plus sur un poste fixe, et fait exploser leur capacité de mobilité.
Bien sûr, un des endroits où il est impossible de regarder un écran est la voiture, et Amazon avait déjà investi dans l’assistance vocale en voiture avec son produit Echo Auto.
Cet assistant vocal est équipé de 8 microphones capables de s'adapter aux bruits de la voiture pour qu'Alex puisse bien répondre aux demandes des automobilistes. Le conducteur peut donc maintenant se servir d’Alexa pour chercher de la musique ou des podcasts, mais aussi passer des appels.
La guerre du streaming audio comme celle de la vidéo, va notamment se jouer sur l'exclusivité de contenu. C'est la raison pour laquelle la bataille pour attirer les créateurs de podcasts déjà connus sur sa plateforme est pour Amazon un passage obligé.
La France pourra-t-elle résister à Amazon pour garder sa souveraineté culturelle?
La nouvelle ministre de la culture, Roselyne Bachelot devra poursuivre les démarches de Franck Riester pour assurer la souveraineté culturelle de la France face à la prédominance des plateformes comme Netflix, Amazon ou Spotify, qui se sont amplement renforcés pendant la crise du Covid-19. Comment? En faisant contribuer les grandes plateformes au financement de la création audiovisuelle, comme le font les chaînes de télévision françaises, avec 25% de leur chiffre d'affaires. Une bataille acharnée se prépare donc, sur le plan juridique et du lobbying, pour faire contribuer les plateformes d'écoute de musique et de podcasts.
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