Septembre 1958 : le référendum entérine la Ve République (VIDEO)
"Oui massif": c'est le gros titre de France-Soir du mardi 30 septembre 1958, deux jours après le référendum validant la création de la Ve République.
La question posée aux Français et aux habitants de ses colonies et territoires d'outre-mer était la suivante: "Approuvez-vous la Constitution qui vous est proposée par le Gouvernement de la République?". Cette Constitution, destinée à mettre fin à l'instabilité de la IVe République, avait été élaborée par un groupe d'experts, un comité interministériel et le Parlement, sous l'égide du garde des Sceaux Michel Debré et du président du Conseil, le général de Gaulle.
A l'époque, c'est René Coty qui était président de la République. Après le "oui" au référendum, il promulguera la nouvelle constitution le 4 octobre et cèdera sa place trois mois plus tard au général de Gaulle à la tête de l'Etat.
En première page, France-Soir -dont le titre surmontera pendant des années la mention "Le seul quotidien français vendant plus d'un million"- donne le résultat de 79,25% des voix en faveur du "oui". Il s'agit d'un chiffre provisoire, ne tenant pas compte des résultats d'outre-mer: le résultat final sera de 82,60%.
Le journal fait également état d'un taux record de participation. Le chiffre définitif sera de 80,63%, score qui ne sera jamais battu lors des neuf autres référendums qui suivront.
"Outre-mer: tous les territoires ont voté +oui+ sauf la Guinée", titre également France-Soir, en soulignant notamment le très fort score d'approbation (96%) en Algérie, où les femmes ont voté pour la première fois.
Quatre jours avant le référendum, le 26 septembre 1958, le général de Gaulle était intervenu à la télévision, de l'hôtel Matignon, pour expliquer les enjeux du scrutin. "Le référendum de dimanche sera un acte du peuple, c'est-à-dire simple et portant loin", avait-il dit, appelant le pays à "marquer sa volonté d'échapper à la confusion où se débattait le régime des partis".
Mais le référendum était aussi une tentative de sortir de la guerre d'Algérie, qui sévissait depuis quatre ans: "Du fait que les Algériennes et les Algériens des diverses communautés prendront part pour la première fois tous ensemble dans une complète égalité à la grande consultation, il sera établi qu'ils font confiance à la France et, j'ose le dire, à moi-même, au milieu de leurs épreuves. Ils montreront qu'ils entendent participer, en commun, à la grande oeuvre politique, économique, sociale, culturelle que nous avons résolu d'accomplir pour transformer l'Algérie, pour assurer à chaque femme, à chaque homme sa dignité et sa liberté, pour délivrer les habitants de la crainte et de la misère (...)".
Outre les gaullistes et la droite en général, la SFIO de Guy Mollet avait appelé à voter "oui", à l'inverse du Parti communiste et du reste de la gauche, dont l'UDSR de François Mitterrand et l'aile gauche du Parti radical derrière Pierre Mendès France.
Neuf autres référendums auront ensuite lieu sous la Ve République, dont sept se solderont par la victoire du "oui": en janvier 1961 sur l'autodétermination de l'Algérie; en avril 1962 pour ratifier les accords d'Evian et l'indépendance de l'Algérie (record absolu du "oui" avec 90,81%); en octobre 1962 pour l'élection du président au suffrage universel direct; en avril 1972 sur l'élargissement de la CEE; en novembre 1988 sur l'autodétermination en Nouvelle-Calédonie; en septembre 1992 sur le Traité de Maastricht; et en septembre 2000 sur la réduction de sept à cinq ans du mandat présidentiel.
A deux reprises les Français ont répondu "non" à la question: en avril 1969 (par 52,41% des voix) sur la régionalisation et la réforme du Sénat, provoquant la démission de De Gaulle; et en mai 2005 (par 54,67%) sur le traité établissant une Constitution pour l'Europe.
(Voir ci-dessous le référendum de 1958 aux Actualités cinématographiques):
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