"Une ambition intime" : Karine Le Marchand attire l'audience et les critiques
L'émission de Karine Le Marchand Une ambition intime, dans laquelle Nicolas Sarkozy, Arnaud Montebourg, Bruno Le Maire et Marine Le Pen, ont raconté tour à tour la naissance de leur ambition politique et dévoilé des moments difficiles de leur vie, a été le deuxième programme le plus regardé dimanche 9 au soir, avec 13,6% de part d'audience.
Bruno Le Maire n'a pu retenir ses larmes en entendant Karine Le Marchand parler de sa femme Pauline, tandis qu'Arnaud Montebourg était très ému en évoquant la naissance de sa fille, grande prématurée, et que Marine Le Pen a parlé de la peine qu'elle avait ressentie adolescente lorsque sa mère a quitté le domicile conjugal du jour au lendemain.
Animatrice de L'amour est dans le pré, Karine Le Marchand reçoit ici, avec la complicité de certains de leurs proches, les candidats à l'élection présidentielle ou aux primaires, installés sur un canapé, dans un salon meublé d'objets et de photographies qui font référence à leur vie. Le ton est extrêmement bienveillant, voire complice, et l'animatrice se garde de contredire ses invités.
Avec 3,1 millions de téléspectateurs en moyenne pour Une ambition intime, M6 a réalisé un très bon score et dépasse les autres émissions de cette rentrée très politique, à quelques semaines de la primaire de la droite et du centre, et à quelques mois de la présidentielle.
À titre de comparaison, en recevant Alain Juppé dans son Émission politique, France 2 avait rassemblé 2,8 millions de téléspectateurs (13,2% de part d'audience) le jeudi 6 octobre. L'émission de TF1, Vie politique, avait elle attiré 2,3 millions de téléspectateurs (16,5 de part d'audience) avec Marine Le Pen le dimanche 11 septembre.
"C'est assez consternant. On se moque de la politique américaine, mais on est en train de vouloir la copier", a critiqué ce lundi 10 sur France Inter le ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, estimant que l'émission n'apportait "rien" sur le plan des idées. "Je n'y suis pas invité, mais même si je l'étais, je n'irais pas", a-t-il dit.
L'ancienne ministre de droite Roselyne Bachelot, désormais animatrice à la télévision, s'est également déclarée "totalement contre" le concept de l'émission. "Ce genre de traitement n'a aucun intérêt pour le débat politique", a-t-elle estimé dans Le Parisien. L'émission a aussi été critiquée sur les réseaux sociaux.
Karine Le Marchand avait déjà dû faire face aux critiques du journaliste Patrick Cohen qui lui avait reproché de "copiner" avec Marine Le Pen.
Pour Virginie Spies, universitaire spécialiste des médias, "on est sous le règne de l'émotion et on laisse sous-entendre que celui qui verse sa larme remportera éventuellement plus de suffrages". "Ce n'est pas forcément une bonne nouvelle pour la démocratie", juge-t-elle.
"On ne gouverne pas de la même façon quand on a été frustré toute son enfance, ou quand on a souffert du regard des autres", avait expliqué Karine Le Marchand récemment à l'AFP, à propos du concept de son émission. "Cela a été très dur d'approcher" ces invités, "je ne connaissais personne dans le monde politique, leur entourage était méfiant, craignait que ce soit impudique", avait-elle raconté.
"J'ai la même défiance que la plupart des Français et aucune fascination pour le pouvoir. Je savais à peine qui était Jaurès quand j'ai commencé à travailler sur mon émission", avait ajouté l'animatrice, qui "n'aime pas la politique".
La prochaine émission devrait être diffusée au mois de novembre, quelques jours avant la primaire de la droite et du centre, selon M6. Karine Le Marchand y présentera ses entretiens, déjà enregistrés, avec Alain Juppé, François Bayrou, François Fillon et une personnalité de gauche, soit Cécile Duflot, soit Jean-Luc Mélenchon.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.