Lionel Bringuier : maître d’œuvres
Lionel Bringuier n’a que 28 ans et c’est déjà un chef d’orchestre à la renommée internationale. Surdoué de la musique, il bouscule les préjugés de cette profession où la maîtrise d’un orchestre symphonique s’acquiert normalement avec l’expérience et la pratique.
Il voit le jour le 24 septembre 1986 à Nice. Lionel Bringuier est le quatrième enfant d’une fratrie de musiciens. Sa vocation date de sa petite enfance, époque où la famille allait aux concerts. "Une enfance très heureuse, en musique", confiait-il récemment à France24.Il est diplômé d’études musicales de violoncelle à seulement 13 ans au Conservatoire à rayonnement régional de Nice, où il reçoit également cinq premiers prix de violoncelle, piano, musique de chambre, culture musicale et formation musicale.
La valeur n'attend pas le nombre des années
Son talent exceptionnel le mène au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris en février 2000, dans la classe du violoncelliste Philippe Muller. Tout juste un an plus tard, il dirige l’Orchestre national des Pays de la Loire lors des Victoires de la Musique diffusées sur France3: «cela a été un moment très émouvant, court certes, mais très émouvant. A 14 ans, je n’ai pas très bien réalisé ce qui m’arrivait».
Il devient ensuite le plus jeune Français à intégrer la prestigieuse classe de Zsolt Nagy afin de suivre la formation supérieure de chef d’orchestre en 2002. C’est de ce dernier qu’il tient sa gestique sobre et efficace lorsqu’il dirige un orchestre. La même année, il obtient son bac mention bien… option musique, bien sûr.
En 2005, arrive la véritable consécration pour le jeune chef. Il remporte la finale du 49e Concours international de jeunes chefs d'orchestre de Besançon. Au départ, 220 chefs d'orchestre de 42 pays avaient été auditionnés lors de présélections en Russie, en Chine, aux États-Unis et en France.
Après ces premières épreuves, 20 candidats de 13 pays se sont présentés aux éliminatoires. Pour la finale, les deux jeunes chefs en lice étaient jugés sur leur façon de diriger La Valse de Ravel, les Variations sur un thème rococo de Tchaïkovski et Gloria de Philippe Fénelon avec, en soliste, le célèbre violoncelliste Marc Coppey. Le prix du public, invité à voter lors de la finale, est également allé à Lionel Bringuier.
Los Angeles, Valladolid et désormais Zurich
Cette victoire au concours de Besançon va lui ouvrir de grandes portes. En 2006, Esa-Pekka Salonen nomme Lionel Bringuier chef assistant de l'Orchestre philharmonique de Los Angeles. Il prend ses fonctions à partir de l'automne 2007, devenant ainsi le plus jeune chef assistant de l'histoire de cette prestigieuse formation américaine, et le premier Français à y occuper ce poste.
En 2009, il est nommé directeur musical de l'Orchestre symphonique de Castille et Leon à Valladolid, en Espagne. Il fait enfin ses premières armes en étant seul aux commandes. Il choisit les programmes et les solistes, impose son style et ses goûts.
Complètement immergé dans la musique quand il dirige, Lionel Bringuier est d’une grande sobriété sur l’estrade, ce qui le différencie des chefs de sa génération, plus exubérants. Avec lui, pas de fantaisies, ni d’éclats voyants. Il transmet avec brio son interprétation, très personnelle, des œuvres qu’il dirige, à ses musiciens et à son public: "j'aime lorsque tous les musiciens sont à l’écoute les uns des autres, retrouver dans un orchestre de 60 à 150 personnes l’atmosphère de la musique de chambre en groupe de 4 ou 5 personnes".
Le 11 septembre dernier, le chef est devenu directeur musical de l'Orchestre de la Tonhalle de Zurich, une vénérable institution qui fêtera ses 150 ans en 2018. Il succède au prestigieux David Zinman, titulaire du poste depuis 26 ans. "C’est l’orchestre idéal, qui combine les couleurs sombres et chaudes des formations allemandes et la précision des phalanges nord-américaines, héritage de mon prédécesseur", déclarait-il, enthousiaste, au journal Libération le lendemain de son premier concert sous ses nouvelles fonctions.
Les mélomanes français pourront retrouver Lionel Bringuier en décembre de cette année, quand il dirigera quatre fois le Philharmonique de Radio-France dans son nouvel auditorium parisien, puis en 2015, lorsque le maestro se produira avec la Tonhalle de Zurich à Lyon et à Toulouse.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.