Vieilles Charrues : les festivaliers dans leur "bulle", loin du massacre de Nice
Les concerts se sont enchaînés vendredi 15 aux Vieilles Charrues, au lendemain de l'attaque survenue à Nice, avec des stars comme Parov Stelar, Lou Doillon ou Michel Polnareff, les festivaliers semblant décidés à passer un bon moment dans leur "bulle", en dépit du contexte de deuil national. "Je préfère ne pas trop y penser", explique Maelan, 23 ans, interrogé sur l'attaque qui a fait 84 morts dont dix enfants jeudi 14 au soir sur la promenade des Anglais. Le jeune breton explique être venu à Carhaix, dans le centre Bretagne, pour s'amuser et vouloir s'en tenir à cet objectif.
Même son de cloche du côté d'Amandine, une habitante de Rouen. "On est un peu dans une bulle ici", juge-t-elle sous un soleil de plomb pendant le concert de Michel Polnareff. "On est un peu détaché de la réalité", assure la jeune fille, le visage partiellement caché sous de grosses lunettes noires. "C'est un peu pour oublier tout ça d'ailleurs qu'on est ici", poursuit-elle. "Tout le monde est content et un peu bourré", souligne sa copine Lucie, 27 ans, elle aussi de Rouen, assez insouciante quant à la possibilité d'une attaque: "Je me sens plutôt en sécurité ici, parce qu'il y a plein de gens bizarrement, alors que ce devrait être le contraire..." Un avis que ne partage pas Sébastien, 33 ans, tout juste arrivé sur le site avec son épouse. Tous deux se tiennent un peu en retrait, un peu sur la défensive, alors que l'ambiance est très festive, de nombreuses personnes portant perruque et lunettes à l'image de leur idole, icône pop des années 1960-70, qui enchaîne les tubes avant de clore sur On ira tous au paradis.
Jean-Luc Martin, le président des Vieilles Charrues, a demandé une minute de silence à la fin du concert de Michel Polnareff afin d'"exprimer tout notre soutien aux familles et aux proches" des victimes, un moment émouvant auquel la foule répond de manière spontanée par la Marseillaise. "Merci à tous and the show must go on", enchaîne Jean-Luc Martin, laissant la place au groupe d'électro-swing Parov Stelar. "On ne va pas au milieu de la foule, on n'a pas trop envie", poursuit Sébastien, vêtu d'un tee-shirt gris et d'un bermuda bleu roi, avouant même s'être posé la question de l'opportunité de venir. "C'est tellement dramatique ce qui s'est passé... ça nous fait peur", reconnaît-il, disant avoir fait attention en rentrant sur le site aux mesures de sécurité mises en place. "J'ai pas l'impression qu'il regardent énormément...", indique-t-il, expliquant ne pas avoir subi de fouille corporelle au niveau de l'entrée réservée aux partenaires du festival, qui pour cette 25e édition devrait accueillir en quatre jours près de 280.000 personnes, un record.
Cependant, Jérôme Tréhorel, le directeur de la manifestation, a rappelé lors d'une conférence de presse que cette année avait été mis en place un dispositif de sécurité "beaucoup plus important que les années passées", alors même que "les années passées ce dispositif était déjà très conséquent". "Depuis ce matin on a renforcé les contrôles de véhicules et de titres d'accès sur l'ensemble des points d'arrivée", a-t-il précisé. "Un certain nombre d'autres mesures ont été prises et mises en place pour améliorer encore ce dispositif mais pour des raisons de confidentialité on ne les dévoilera pas", a-t-il ajouté. Aux abords du site, une vaste prairie entourée de bois, les forces de l'ordre, dotées de pistolets mitrailleurs, étaient ainsi beaucoup plus visibles que la veille. "Je ne sais pas si l'humeur est à se rouler des pelles... on a tous pas beaucoup dormi, mais être ensemble qu'est-ce que ça fait du bien. On va faire comme si on était tous dans les bras les uns des autres", demande Lou Doillon à ses fans, qui ne semblent pas demander mieux.
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