Tara l'ourse polaire face au réchauffement climatique – Episode 4 : la chasse

Auteur:
 
Jean-Marc Neumann, édité par la rédaction.
Publié le 22 mai 2019 - 18:41
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Un phoque.
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©JOE RAEDLE / Getty Images North America / AFP
Le phoque est une proie idéale pour l'ours polaire mais encore faut-il l'attraper.
©JOE RAEDLE / Getty Images North America / AFP

L'ours polaire est en première ligne face au réchauffement de la planète et à la fonte des glaces. Afin de comprendre ce que le changement climatique implique pour cet animal, Jean-Marc Neumann, président de TELAS Conseil, consultant en stratégie, politique et règlementation de la protection animale, vous propose en collaboration avec France-Soir de découvrir l'histoire pas si fictive de Tara à travers l'épisode de la chasse.

L’ourse suit la dérive de la banquise à la recherche de nourriture. Plus fréquemment qu’au cours des années antérieures, Tara constate que la banquise est moins compacte, que la distance entre les plaques de glace qui dérivent augmente, l’obligeant plus souvent à nager. Elle doit parcourir des distances de plus en plus longues pour rejoindre la prochaine plaque. Ces navires de glace à la dérive sont dangereux; le chemin à parcourir change sans arrêt de configuration.

La progression vers le nord-est est plus fatigante qu’elle ne l’avait anticipé. C’est surtout très dur pour ses oursons qui s’épuisent vite.

Elle doit craindre en permanence pour leur survie. Lorsqu’elle nage, elle doit toujours s’assurer qu’ils parviennent à la suivre.

Soudain son nez pointé vers l’est détecte l’odeur d’un phoque. La chasse est un exercice difficile. Les phoques toujours couchés à proximité immédiate de leur trou peuvent au moindre bruit plonger, disparaître dans les eaux et échapper ainsi à leur prédateur. Si le phoque se jette à l’eau, la chasse sera finie. Tara sait qu’elle n’aura plus aucune chance de l’attraper.

La fuite du phoque sera non seulement la perte d’une occasion de nourrir le trio; ce sera aussi et avant tout une chance de survie qui aura été perdue.

Il lui faudra user de beaucoup d’ingéniosité  pour atteindre sa proie toujours aux aguets. Il lui faudra aussi calmer ses deux petits toujours aussi remuants, curieux et excités.

Il n’est pas facile de s’approcher d’une proie se trouvant à plus de deux cent mètres en terrain plat sans aucun obstacle qui pourrait masquer sa progression. De surcroît le beau temps n’arrange rien. La vue s’étend à des kilomètres.

Mais l’ourse a développé au fil du temps une certaine expérience. Elle sait qu’elle doit élaborer à chaque fois une nouvelle stratégie de chasse. Il lui faut réfléchir à la meilleure façon de surprendre et de tuer sa proie.

Le phoque annelé qu’elle a repéré est un adulte de belle taille; ce serait l’idéal pour reconstituer ses forces qui continuent à décliner au fur et à mesure qu’elle poursuit son périple.

Sa proie ne l’a pas peut-être pas encore repérée. Ou alors, elle l’a déjà vue mais pense qu’elle pourra fuir rapidement dans la profondeur des eaux et lui échapper.

Après quelques dizaines de mètres, Tara a repéré un petit chenal  étroit qui s’est formé dans la glace. Elle laisse ses petits sur la glace après leur avoir fait comprendre qu’ils devaient l’attendre et surtout ne pas bouger au risque d’alerter le phoque et de gâcher la partie de chasse de leur mère .

Elle se met à l’eau et avance à une allure de près de dix kilomètres à l’heure. Parvenue maintenant à une centaine de mètres de sa proie, elle progresse désormais sous l’eau pour ne pas se faire repérer, émergeant quelques fractions de secondes de temps à autre pour situer le phoque.

Ce dernier est toujours couché sur la banquise à proximité immédiate du chenal.

Il n’a toujours pas bougé. De temps en temps il relève la tête et observe l’horizon. Rien ne semble l’inquiéter. Du moins pour l’instant.

Tara poursuit sa progression dans le silence des eaux. Elle sort une dernière fois sa tête de l’eau. Elle n’est plus qu’à environ vingt mètres du phoque.

A plus de deux cents mètres de leur mère, les oursons s’inquiètent et commencent à s’agiter. Cela ne manque pas d’inquiéter Tara qui poursuit néanmoins son chemin, sous l’eau, dans la plus totale discrétion.

Au moment même où l’ourse se trouve à moins de trois mètres du phoque, ce dernier se jette à l’eau pour disparaître dans les eaux sombres de la mer de Barents.

L’ourse, après s’être hissée sur la glace à l’endroit même où le phoque se prélassait encore voici quelques secondes, semble manifester une immense frustration. Elle martèle la glace avec ses pattes antérieures à trois reprises. Elle parait furieuse car elle sait que cette occasion ratée peut coûter cher. Cet échec sans doute le doit-elle à ses petits qui étaient impatients et inquiets.

Elle se dirige vers eux pour leur administrer une leçon. Elle sait leur faire comprendre par des gestes et des grognements qu’à l’avenir ils devront se tenir calmes et attendre patiemment la fin de la chasse et le signe de leur mère de venir la rejoindre pour partager le repas.

Tara reprend son chemin en gardant le cap qu’elle s’est fixée; elle connait la destination pour y être déjà allée de nombreuses fois. Le parcours est, depuis quelques années déjà, plus difficile en raison de la fonte prématurée des glaces qui brouille quelque peu ses anciens repères.

Lire aussi:

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Tara l'ourse polaire face au réchauffement climatique – Episode 2: la naissance

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