Darmanin rêve de trancher dans les effectifs de Bercy, et se trompe de cible

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Jean-Yves Archer, édité par la rédaction
Publié le 24 juillet 2018 - 18:05
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Le ministère de l'Economie, aussi connu sous le nom de "Bercy" à Paris, le 15 juin 2015
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© JOEL SAGET / AFP/Archives
Bercy va-t-il connaître une saignée de ses effectifs?
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Aucun chiffre officiel n'a été annoncé, mais le ministre des Comptes publiques a évoqué un axe de travail tablant sur 20.000 suppressions de postes à Bercy d'ici la fin du quinquennat. Les finances encaisseraient ainsi la plus grosse part des réduction de postes de fonctionnaires sous la présidence Macron. Même si la réduction de la dépense publique est un objectif louable, la faire peser sur cette administration est une stratégie perdante. Jean-Yves Archer, spécialiste des finances publiques et dirigeant du cabinet Archer, décrypte pour "France-Soir" l'erreur de cette approche.

Par-delà l'actualité quasiment saturée par une sulfureuse affaire qui constitue déjà une inflexion pour ce quinquennat, les services du ministre des Comptes publics continuent d'avancer afin d'ébaucher le futur Projet de Loi de finances pour 2019 (PLF 2019). Plusieurs pistes d'économies en matière de dépenses publiques devaient être issues des travaux de la Commission CAP 2022. Mais, le rapport de celle-ci n'a officiellement pas été rendu public ce qui n'augure pas d'un travail de fond consistant à redéfinir le périmètre de notre État comme ont notamment su le faire le Canada et surtout la Suède.

Suite à une prise de parole publique, Gérald Darmanin a évoqué un axe de travail à savoir la suppression de 20.000 postes sur le quinquennat au sein même de l'administration de Bercy. Ce qui représenterait donc une part importante des 50.000 suppressions d'emplois publics à temps plein (ETP) qui demeure la promesse présidentielle. Ce qu'il faut savoir c'est que l'évolution des effectifs du ministère de l'Economie marque une baisse de 8% depuis 2009 et que s'agissant que la DGFIP (Direction générale des Finances publiques), il s'agit d'un recul de près de 13%.

Et ceci, alors que les ventes ambulantes et autres pizzerias parfois douteuses ne cessent de proliférer et de requérir davantage de contrôles de la DGCCRF; alors que les infractions douanières terrestres et maritimes ne cessent de croître; alors que l'évasion fiscale (TVA intracommunautaire ou fiscalité des particuliers, etc) continue bel et bien à constituer une lèpre qui pèse à hauteur de près de 80 milliards par an (soit plus que le déficit de l'Etat!); alors que le prélèvement à la source va s'effectuer dans la douleur (le prélèvement et surtout les régularisations de fin d'année) et rendre nécessaire la présence d'agents pour aider les contribuables déboussolés; alors que l'obligation, dès 2019, de télédéclarer ses revenus via le net va se heurter à l'iceberg de l'incapacité numérique de certains contribuables (populations âgées et absence d'abonnement internet, etc).

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Le ministre Darmanin vit dans la certitude que l'ère croissante du numérique va lui permettre de swinguer autour des scalps des agents publics sacrifiés sur l'autel d'une analyse erronée des besoins. Un certain Nicolas Sarkozy avait établi le même raisonnement en supprimant, durant son quinquennat, un peu plus de 12.000 fonctionnaires de police et de militaires de la gendarmerie. On connait la suite.

S'agissant du songe d'une nuit d'été de Gérald Darmanin peuplé de coups de machette, j'espère que la lucidité l'emportera et nous éloignera de ce contre-sens. La France a besoin d'une vaillante administration des Finances qui puisse répondre à l'essor de la délinquance en col blanc que les textes qualifient de "délinquance astucieuse".

Tel est le fruit de mon analyse.

Que notre pays se pose le coût réel de la décentralisation avec ses redondances et ses élus d'intercommunalité qui aiment à faire bombance!

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