Canicule : que risque-t-on à ouvrir les bouches d'incendie ?

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Thierry Vallat, édité par la rédaction
Publié le 30 juillet 2018 - 16:49
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Des enfants jouent autour d'une bouche d'incendie ouverte.
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©Laurent Emmanuel/AFP
Ouvrir une bouche d'incendie pour se rafraîchir n'est pas sans conséquence.
©Laurent Emmanuel/AFP
Avec les vagues de chaleur caniculaire, certains n'hésitent pas à s'adonner au "street pooling", c'est à dire à forcer les bouches d'incendie pour se rafraîchir. Mais cette pratique qui semble pour certains relever du "jeu" peut être très durement sanctionnée, explique pour France-Soir Thierry Vallat, avocat au barreau de Paris.

Vandaliser une bouche d’incendie peut coûter cher. La mairie de Deuil-la-Barre (Val-d'Oise) a ainsi récemment présenté la facture à la famille d’un jeune qui avait été interpellé après les faits et l’addition est lourde: plus de 2.000 euros pour 45 mètres cube d'eau gaspillés.

Avec les températures caniculaires de cette fin juillet, le phénomène du street pooling revient, mais il est sévèrement réprimé et les municipalités s’organisent. Car employer ou vandaliser les bouches d'incendie sans autorisation préalable constitue une incivilité dont les conséquences peuvent être graves pour la collectivité.

Le street pooling: c’est quoi?

Le street pooling consiste en l'ouverture sauvage des bouches d'incendie. Cet usage récréatif d'un dispositif de secours, pratique venue des Etats-Unis, est bien entendu totalement illégal et occasionne la perte de 250 millions de litres d'eau par an.

Initialement employés pour se rafraichir en période de forte chaleur, ces geysers en pleine rue sont également utilisés par certains irresponsables pour remplir des piscines gonflables ou même laver leur voiture.

Le street pooling: pourquoi c’est dangereux?

Outre le gaspillage d’eau, ce vandalisme de bouches à incendie est également très dangereux.

Sous la pression du jet d‘eau, il arrive en effet que des enfants puissent être projetés en arrière avec des risques de traumatismes crâniens, des électrocutions potentielles si le geyser atteint des caténaires ou des lignes électriques, ainsi que des risques d'accidents de la route et d'inondation des caves et des parkings.

Voir: Maillot de bain, topless: peut-on s'habiller comme on veut en ville?

Qu’est-ce qu’on risque?

La loi prévoit une peine de cinq ans de prison et une amende allant jusqu’à 75.000 euros d'amende pour l'ouverture illégale d'une bouche. Il s'agit en effet d'une détérioration ou dégradation d'un "bien destiné à l'utilité publique et qui appartient à une personne publique" (articles 322-3 8° du code pénal).

Par ailleurs, tout prélèvement d'eau sur les bornes et poteaux d'incendie par des personnes non autorisées peut être considéré comme un vol d’énergie au sens des articles 311-2 et suivants du code pénal et sanctionné d’une peine d’emprisonnement de trois ans et de 45.000 euros d’amende.

Comment s’organisent les municipalités pour lutter contre ce fléau?

Depuis 2015, de nombreuses municipalités comme Pantin, Gennevilliers ou Asnières ont pris un arrêté municipal contre cette pratique en prévoyant une amende pouvant aller jusqu’à plusieurs milliers d’euros correspondant au remboursement du coût de l’eau.

L’arrêté prévoit qu’à l’exception des services de secours, d’incendie ou services municipaux, il est interdit de manipuler les bornes, bouches et poteaux d’incendie ou d’y puiser de l’eau frauduleusement. Les contrevenants doivent en plus s'acquitter des frais de réparation si la bouche a été dégradée.

S'il existe désormais des systèmes pour sécuriser les bouches, ces cônes de sûreté coutent 300 euros pièce et ne sont malheureusement pas à la portée de tous les budgets municipaux.

Lire:

La canicule actuelle en Europe, un nouveau "signe" du réchauffement

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