Comment gérer la crise de la quarantaine ?

Auteur:
 
Rodolphe Oppenheimer, édité par la rédaction
Publié le 23 avril 2018 - 16:32
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Une horloge.
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©Capture d'écran YouTube
Comme l'explique le psychanalyste Rodolphe Oppenheimer, la crise de la quarantaine est l’un des moments où l’envie de faire un bilan se fait jour.
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Située entre 37 et 50 ans en moyenne, la crise de la quarantaine touche aussi bien les hommes que les femmes. Pour "France-Soir", le psychanalyste Rodolphe Oppenheimer livre ses conseils pour gérer au mieux cette passade de la vie, une période de grands chamboulements.

Vous vous sentez fatigué, inquiet et nostalgique, vous avez l’impression que vous auriez pu faire les choses différemment: il s’agit sans nul doute de la crise de la quarantaine, l’un des moments où l’envie de faire un bilan se fait jour. Même si votre couple fonctionne, que vos enfants grandissent paisiblement et que votre situation professionnelle est satisfaisante, vous n’êtes pas satisfait. Il y a quelque chose comme du poil à gratter ou un caillou dans votre chaussure.

Ce que vous considériez comme prioritaire ne semble plus l’être. Un grand nombre de questions s’imposent à vous. Parfois appelée par les Anglo-Saxon la "mid life crisis", elle n’est pas un moment facile de l’existence. Située entre 37 et 50 ans en moyenne, cette "crise" laisse apparaître une mise en perspective de ce qui a été et de ce qui est à venir: on découvre que les choses qui paraissaient inébranlables ne le sont pas, que ce qui était certain ne l’est plus. Oui il y a une fin, oui la maladie existe, oui les accidents existent. On perd ainsi de sa candeur.

Cette crise n’est pas facile non plus pour les conjoint(e)s. Dans le cadre de mes consultations, il n’est pas rare d’entendre mes patient(e)s expliquer les raisons pour lesquelles ils ne reconnaissent plus la femme ou l’homme qu’ils ont connu. Ils suggèrent eux-mêmes que leur moitié traverse une crise due à l’âge. Perçue comme une personne qui se laisse aller à une déprime plus ou moins forte, elle peut également laisser apparaître une forme de régression à l’âge de l’adolescence. Il ou elle a envie de flamber un peu, de retrouver son corps d’adolescent, de sortir boire un verre entre amis jusqu’au bout de la nuit sans qu’il n’y ait de conséquence le lendemain, sans maux de tête.

Lire aussi - Peur de vieillir, que faire?

Vous commencez à compter les années, vous faites des projections alors que vous étiez invincible, immortel. Les pépins étaient pour le voisin mais aujourd’hui, c’est vous le "voisin". Vous pouvez légitimement vous demander ce qui a déclenché cela chez vous: il peut s’agir d’amis malades, de la perte d’un proche ou encore d’un parent. Hommes ou femmes, cette crise touche l’ensemble des individus. Plus vous êtes figé sur l’image, sur le paraître ou sur la réussite et plus douloureuse et difficile sera cette crise.

Tout un chacun y passera. Il n’y a pas de mode d’emploi ou de descriptif unique de cette occurrence. Fatigue, regrets, remords, nostalgie du temps qui passe et des plaisirs perdus sont des signes de cette passade. Nous nous posons la question de la pérennité de notre travail comme de notre couple, de la fiabilité des gens comme des choses. Vous pouvez parfois avoir le sentiment d’avoir donné trop de place au travail, trop d’heures supplémentaires, d’être passé à côté de quelque chose ou encore d’avoir fait trop de concessions pour votre couple que vous ne trouvez plus à la hauteur de vos attentes.

Plus jeune, vous étiez dans l’action professionnelle, familiale. A présent que les jalons sont posés, le paysage semble bien vide et beaucoup de rêves bien vains. Il peut exister une phase de somatisation induisant des crises d’angoisse, de panique ou encore une dépression. Cette crise s’accompagne souvent d’un désir de changements. Pourquoi alors ne pas prendre un autre chemin professionnel, changer de conjoint, tenter de revivre ses vingt ans, repartir à zéro, etc.

Lire précédemment - Amour: comment donner un second souffle à son couple?

Julie Zenati interprète parfaitement bien ce sentiment dans une de ses chansons qui commencent ainsi: "On a passé l'épreuve des années d'insouciance, sans trop de cicatrices, on en garde le vertige, on assiste au mariage de nos premiers amis, on a entendu dire que les enfants ont grandi, que le bonheur a sa place au bord de nos yeux. Certaines peines ont aussi déposé quelques traits, et le sourire aux lèvres, on évoque notre enfance, on n'a vraiment rien vu venir, en quelques battements de cils, comme le temps passe, la vie défile, on a tellement de souvenirs, on n'a vraiment rien vu venir, en quelques battements de cils, on se retrouve devant la glace, déjà 30 ans de souvenirs".

Choisir c’est renoncer: cela est vrai dans la vie de tous les jours mais encore plus dans le structuralisme d’une vie. Il faut renoncer à son adolescence pour devenir un jeune adulte, renoncer à ses 20 ans pour entamer sereinement la trentaine, etc. Il est ainsi impossible de rester et de partir à la fois. C’est de cette confusion que nait cette crise de la quarantaine. N’hésitez pas à noter tout ce que vous avez entrepris tout au long de votre vie, toutes les idées qui vous passent par la tête. Et cela sans jugement, qu’elles présentent selon vous un intérêt ou non.

Une fois cette liste terminée, veuillez noter tout ce que vous souhaitez faire à présent, même les idées les plus folles sont à prendre en compte, les fantasmes les plus inavouables sont à écrire. Il faut également noter ce que vous n’avez pas fait et que vous auriez aimé faire. La prise de conscience est une bonne chose mais elle doit prendre une autre forme, elle doit être positive. Peut-être faites-vous l’apprentissage de la liberté? C’est sans doute en cela que votre liste prendra tout son sens, celui d’avoir la volonté de vivre libre en dehors des sentiers battus.

Pour vivre libre, il faut se sentir libre de s’exprimer. Que ce soit dans le cadre d’une introspection ou d’une thérapie avec un professionnel, il faut laisser les armes au vestiaire, laisser tomber son armure et penser et/ou dire les choses. Exprimer vos craintes et vous confronter à cette crise vous permettront d’avancer et de délimiter vos nouvelles priorités sans faire des choix que vous pourriez regretter. La neutralité du thérapeute vous aidera dans cette démarche.

Cet article a été rédigé par Rodolphe Oppenheimer, psychanalyste libéral (http://www.psy-92.fr/). Ses deux derniers ouvrages, Peurs, angoisses, phobies, par ici la sortie! (Ed. Marie B) et Se libérer des troubles anxieux par la réalité virtuelle (Ed. Eyrolles) sont disponibles en librairie.

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