INTERVIEW : Pr Andrea Savarino, l'hydroxychloroquine objet d'une bataille politique aux USA

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Publié le 03 août 2020 - 20:58
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INTERVIEW : Pr Andrea Savarino, l'hydroxychloroquine objet d'une bataille politique aux USA
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INTERVIEW : Le 17 mars 2020, l'agence de santé italienne, décrétait, l'usage et le remboursement de l'hydroxychloroquine comme traitement pour les patients atteints de la Covid-19.  Depuis ce moment, l'Italie a vu la situation sanitaire s'améliorer, qui a fait l'objet d'un article en date du 26 juillet 2020.  De plus plusieurs études récentes ont fait état d'avancées substantielle dans la compréhension de la maladie que nous décrivions dans un article sur l'état des traitements. La gestion sanitaire de l'Italie nous a conduit à inteviewer le professeur Andrea Savarino afin qu'il nous apporte plus de précisions sur l’état de la science médicale et la connaissance depuis 2003 sur les virus de type SRAS Cov I.

Le Docteur Andrea Savarino est chercheur au Département des Maladies Infectieuses, Instituto Superiore di Sanità à Rome en Italie.  Il a plus de 3000 citations à son actif.  Sa dernière publication donne une perspective pharmacologique de la chloroquine dans l'infection SRAS-CoV-2: un ancien médicament pour lutter contre un nouveau coronavirus? (source 1) 

 

FS : Dès 2003, vous aviez identifié l’impact de l’hydroxychloroquine dans le SRAS 1? Pouvez-vous s’il vous plaît nous en dire un peu plus à ce sujet ?

AS : Oui. L’hydroxychloroquine a eu un effet très bien documenté sur un certain nombre de virus en raison du double mécanisme d’action, en l’occurrence l’inhibition de l’entrée virale et l’inhibition de l’infectiosité des particules virales nouvellement formées.

En termes simples, le médicament a non seulement diminué la capacité de nombreux virus à entrer dans les cellules cibles, mais a également incapacité la réplication du virus (infectiosité) produite par les cellules infectées, ce qui l’empêche d’attaquer de nouvelles cellules. En outre, l’expérience recueillie dans le contexte du virus du sida (VIH) a permis d’examiner également les propriétés anti-inflammatoires du médicament, car l’hyper activation immunitaire maligne joue un rôle important dans la pathogénie d’un certain nombre de maladies virales, y compris le SRAS.

 

FS : Votre article le plus récent dans ScienceDirect réaffirme l’impact de l’hydroxychloroquine.  Pourquoi y a-t-il tant de confusion dans les médias ?

AS : A coup sûr, parce que ce médicament est devenu l’objet d’une bataille politique pour la campagne présidentielle américaine de 2020 ! Je n’avais jamais vu une telle quantité de rage entourant un médicament.

 

FS : Selon vous, y a-t-il un risque à prendre de l’hydroxychloroquine ?

AS : Bien sûr, tout médicament expose les patients qui le prennent à certains risques. L’hydroxychloroquine doit être prise en traitement de courte durée pour les patients atteints de Covid-19. Dans ce cas, les effets secondaires bien connus et les plus sévères sont limités au système cardiovasculaire. Ces effets sont toutefois rares et peuvent être évités par une surveillance cardiologique stricte, comme recommandé par un certain nombre de lignes directrices cliniques publiées au cours de la pandémie à cette fin spécifique.

 

FS : En ce qui concerne votre expérience en Italie, les résultats d’une étude récente confirmeraient votre travail et d’autres publications.  Pensez-vous que l’Italie avait raison d’approuver le traitement incluant hydroxychloroquine et l’azithromycine en mars par décret ?

AS : Oui, en ce qui concerne l’hydroxychloroquine. Pour la combinaison d’hydroxychloroquine et d’azithromycine, bien que prometteuse, celle-ci doit à mon avis encore être évaluée uniquement dans le cadre d’essais cliniques ; ceci en raison de certaines préoccupations de toxicité qui ont été soulevées.

Cependant je pense qu’il a une forte justification virologique pour son efficacité contre la Covid-19. En outre, un certain nombre de médecins affirment que cette combinaison a sauvé un grand nombre de vies.

Les observations et expériences issues du « champ de bataille » devraient être sérieusement prises en considération à mon avis.

 

FS : Pourquoi diriez-vous que l’hydroxychloroquine fait une si mauvaise presse en France ?

AS : Encore une fois, les différends aux États-Unis sont malheureusement exportés vers les pays alliés.

Par ailleurs, le très charismatique et brillant infectiologue Pr Didier Raoult ; à l’origine de cette stratégie thérapeutique en France, est parfois offensif envers des personnes importantes ; il a une personnalité très flamboyante. Cela attire malheureusement une invidia académique (ndlr : envie, jalousie de la part des confrères académiques).

 

FS : Avez-vous suivi la décision de l’EMA concernant Remdesivir ?  Qu’en pensez-vous ?

AS : Comme l’hydroxychloroquine, le remdesivir (nom commercial Vekury) est un autre médicament qui a fait l’objet de débats intenses et animés.

De même que l’hydroxychloroquine, le remdesivir a reçu des évaluations favorables tandis que d’autres journaux ont signalé son inefficacité.

Lorsqu’un médicament reçoit des évaluations mitigées comme l’hydroxychloroquine ou le remdesivir, cela signifie que ce n’est pas une panacée, mais qu’il a potentiellement un effet positif au moins pour certains types de patients.

Je pense donc que la décision de l’EMA sur le remdesivir était correcte :  Fournir aux patients une option thérapeutique alors qu’aucun traitement définitif Covid-19 existe est une bonne idée.

Malheureusement, à mon avis, l’EMA a très mal traité l’autre option thérapeutique disponible jusqu’à présent, en l’occurrence l’hydroxychloroquine.

D’après mon expérience, le remdesivir et l’hydroxychloroquine, avec toutes leurs limites, fonctionnent très bien en culture cellulaire.

Ils pourraient être considérés comme des thérapies complémentaires plutôt que d’être considérés comme un ennemi de l’autre : 

- la première pour les patients hospitalisés
- et la seconde pour les patients au stade initial de la maladie.

 

Source 1 : une perspective pharmacologique de la chloroquine dans l'infection SRAS-CoV-2: un ancien médicament pour lutter contre un nouveau coronavirus?

 

 

 

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