Qu'est-ce que la nomophobie ?
Le terme "nomophobie" a récemment été désigné comme mot de l'année 2018. Mais que veut-il donc dire? Qu'implique-t-il? Peut-on souffrir de conséquences graves sur la santé lorsqu'on en est atteint?
La nomophobie est un mal très moderne dont souffrent surtout les jeunes, qui n'ont jamais vécu sans téléphone portable. Car c'est bien à cela que cette addiction se rapporte: la peur d'être déconnecté, ou plus précisément la crainte de se retrouver sans smartphone, de le perdre ou de ne pouvoir l'utiliser (panne de batterie ou absence de réseau).
Comme l'explique Laurent Karila, psychiatre et addictiologue, spécialiste en cyberaddictions, la nomophobie est "la peur de ne plus avoir son smartphone, d’être donc déconnecté, de ne plus avoir de batterie, de réseau. Ce n’est pas une addiction, plutôt un ensemble de symptômes qui peuvent s’inscrire dans une addiction aux écrans. Tout le monde peut être un peu embêté ou contrarié quand il n’y a pas de réseau ou de batterie, mais là, c’est amplifié, c’est pathologique", a-t-il déclaré à Midi-Libre.
Les personnes qui en souffrent, de manière pathologique, peuvent être victimes d'attaques de panique assez violentes ou de crises d'angoisse, face à la peur de manquer par exemple un coup de fil important ou de ne pouvoir être au courant de tout, tout le temps, tout de suite.
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La nomophobie est souvent la combinaison de plusieurs autres symptômes ou liée à d'autres addictions.
"Le smartphone s’inscrit dans les cyberaddictions. Cela peut être les réseaux sociaux, la consultation compulsive de mails. Il y en a qui vont regarder des séries de façon compulsive sur leur smartphone. Il y en a qui vont acheter de manière compulsive. D’autres qui vont avoir des activités sexuelles en ligne pathologiques. Il y a plein de choses", a détaillé Laurent Karila.
Peut-on guérir de la nomophobie ou en atténuer l'impact sur sa vie? La déconnexion totale n'est visiblement pas la solution: "Et il y a deux questions capitales à se poser: est-ce que je perds beaucoup de temps avec ça? Est-ce que j’arrive à me contrôler ou pas? C’est sur ces deux facteurs-là qu’il faut agir. Si on n’arrive pas à ça, il faut se faire aider".
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