Après toutes ces heures passées en cuisine, le Coronavirus a t-il changé notre façon de manger ?
Le confinement a obligé les gens à limiter leurs allers-retours au supermarché et donc à mieux planifier leurs déplacements, en faisant des choix souvent différents des produits habituels. Ces changements ont pris en compte les menus sur plusieurs semaines, de nouvelles recettes, beaucoup de cuisine maison, mais aussi la santé et l’environnement. Une fois la pandémie passée, ces changements vont-ils perdurer et être adoptés définitivement? Avons-nous vraiment changé notre façon de manger?
Le pain maison, la nouvelle norme?
Les recherches en ligne pour cuisiner maison ont explosé pendant le confinement. Les recettes et conseils pour le pain et le yaourt fait maison ont été au top des tendances mondiales. Mais, en plein déconfinement, alors que les recherches de recettes de cuisine restent importantes, la tendance du pain fait maison semble être retombée, de retour aux niveaux d’avant le confinement. Les Français ont-ils appris les conseils de boulangerie maison par coeur, ou ont-ils délaissé leur machine à pain, pour retrouver leur boulangerie préférée comme au bon vieux temps? Du côté des supermarchés, fini les pénuries de farine, les rayons sont à nouveau remplis et semblent témoigner d’un retour à la normale.
Selon le spécialiste en alimentation Claude Fischler, la mode de faire son pain soi-même ne va pas perdurer. Elle progresse par vagues successives, et de la même façon qu’elle est venue, elle partira.
Des corps plus sains pour mieux faire face aux virus
Les solutions miracles pour renforcer son système immunitaire ont été l’obsession de très nombreuses personnes pendant le confinement. Selon une enquête FMCG Gurus, 72% des consommateurs européens ont déclaré que depuis l’apparition du COVID-19, ils sont convaincus de l’importance de manger et boire plus “sainement” (surtout des aliments pour booster le système immunitaire).
Selon les experts c’est une tendance qui devrait perdurer au-delà de la période de la pandémie et qui pourrait progresser dans les années qui viennent.
Du bio et du local
Selon Ecovia Intelligence, pendant la crise du Coronavirus, les commerçants en ligne bio ont enregistré la plus forte croissance des ventes de l’histoire. Whole Foods Market, le plus grand détaillant mondial d’aliments naturels, a dû limiter le nombre de ses clients en raison d’une demande sans précédent.
En France, selon Alexandre Fantuz, directeur marketing de Biotopia, la valeur du panier moyen d’achats en magasins spécialisés (Biocoop, Naturalia, La Vie Claire, Bio C’bon…) a augmenté de 48 %, passant d’environ 40 à 59 euros depuis la mi-mars. Deux explications selon Antoine Lecoq, analyste chez Nielsen: d’un côté, ces produits, sont recherchés “surtout en période de doute où les produits vus comme globalisés sont sous le feu des critiques”, mais aussi parce qu’en magasin bio il y aura moins de monde, et dans les rayons des supermarchés, le bio a moins de rupture d’approvisionnement que les produits conventionnels.
De la même façon, on a aussi vu une tendance à se rapprocher des paniers de légumes achetés en direct à des petits producteurs. Des sites en ligne ont facilité la mise en relation entre particuliers et producteurs.
Le retour vers la proximité a été une façon de soutenir ces agriculteurs ayant perdu leurs clients habituels (70% des revenus des producteurs proviennent de la restauration).
Les gens aiment s'en tenir à leurs habitudes
En France la « commensalité », ou le fait de partager un repas, est évidemment une pratique qui va revenir et perdurer malgré ces semaines de confinement et distanciation sociale. Les Whats’Apéros, SkypApéros, ZoomApéros ou CoronApéros, ont continué au-delà des barrières physiques comme fil conducteur de la normalité. Les pic-nics et les repas partagés ont été célébrés jusqu’au dernier jour de la vie d’avant et commencent peu à peu à se tenir illégalement partout, et redeviendront rapidement la norme pour tous les français, comme un retour de leur célébration préférée de la vie en société.
Selon Roel Hermans, expert en nutrition et comportement au Nutrition Center, l’homme a tendance à préserver ses habitudes et les petits changements qu’on a pu voir apparaître ne sont pas venus pour rester. Les attitudes introduites par le COVID-19 nécessitent des années de pratique pour persister en société…
les apéros en ligne, par exemple sont déjà une simple anecdote du temps du confinement, qui appartient au passé.
Pascale Hébel, directrice du pôle «Consommation et entreprises» du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc), est aussi d’avis que le changement de contexte ne va pas forcément introduire des choix nouveaux, mais peut accélérer des mouvements, le télétravail par exemple pourrait pérenniser nos habitudes d’alimentation pour le repas de midi.
Pour un vrai changement (pour manger plus sain, et plus durable par exemple) il faudrait non pas seulement changer de contexte mais faire évoluer nos croyances. Le changement de contexte est néanmoins une occasion pour commencer cette transformation.
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