Beaujolais nouveau : il arrive à minuit
Vin de table ou d'apéritif aux arômes de fruits rouges ou de banane, énorme opération marketing ou tout simplement piquette surcotée, le Beaujolais nouveau a beau être attendu chaque année, sa célébrité ne semble plus suffire à compenser son image de vin bas de gamme.
Dans la nuit de ce mercredi 19 à jeudi 20, à minuit et conformément à la tradition, les premiers tonneaux seront percés en France, à Beaujeu (Rhône-Alpes), capitale de ce vin. Le Beaujolais nouveau sera sur les tables des restaurants français ce jeudi midi. Mais la fête aura débuté huit heures plus tôt, au Japon, plus gros importateur de Beaujolais nouveau, grâce au décalage horaire. Comme chaque année, des millions de bouteilles seront écoulées au Pays du soleil levant, plusieurs dizaines de millions dans le monde.
L'arrivée du Beaujolais nouveau est probablement l'une des plus belles opérations marketing au monde. Mais cet engouement festif ne suffit plus et pourrait même le desservir. Les Français semblent se lasser de ce vin mis sur un piédestal qu'il ne mériterait pas. Même les Japonais seraient de plus en plus tentés par des vins de meilleure qualité.
Les producteurs essayent donc de redonner ses lettres de noblesse à ce vin. D'abord en rappelant qu'il n'existe pas un mais près de 2.500 Beaujolais nouveaux et Beaujolais villages. Ils veulent aussi tordre le cou au fameux "arôme de banane" dû à l'utilisation de levures chimiques, abandonnée par la majorité des producteurs.
Le mode de consommation du Beaujolais nouveau est aussi à améliorer. Il est cantonné à une image de vin d'apéritif, voire de beuverie avec les nombreuses fêtes organisées -rarement avec les meilleurs cépages- autour de sa sortie. Mais ses défenseurs rappellent qu'un "bon" Beaujolais nouveau accompagne très bien fromages et charcuterie, ou encore les plats typiques de la région lyonnaise.
Certes le Beaujolais nouveau est un vin primeur. Il ne concurrencera jamais, pour les vrais amateurs, les grands vins de garde de Bordeaux ou de Bourgogne. Il ne prétend pas jouer dans la même catégorie, sauf au Japon peut-être. Cette année, il sera proposé en première classe et classe affaires des avions de Japan Airlines...
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.