Ecole : des classes bilangues maintenues, l'allemand renforcé
Parler une langue étrangère? Ce n'est pas le point fort des petits Français, très en retard par rapport à leurs voisins européens. Le plan présenté ce vendredi 22 janvier par la ministre de l'Education veut renforcer cet apprentissage et assurer sa continuité via notamment les classes bilangues, en partie maintenues.
Tous les écoliers démarreront une langue étrangère dès le cours préparatoire, et non plus en CE1 comme actuellement, et une deuxième langue en cinquième, un an avant ce qui se fait aujourd'hui. Des décisions prises notamment dans le cadre de la réforme du collège, prévue pour la rentrée 2016 et contre laquelle ses opposants appellent à manifester mardi 27, et qui apporteront une centaine d'heures supplémentaires d'enseignement des langues pendant la scolarité obligatoire.
Les opposants à la réforme du collège s'étaient vivement émus au printemps 2015 de la suppression des classes bilangues, qui permettent aux élèves d'apprendre deux langues étrangères dès la sixième. Face à la bronca, ce dispositif, qui concerne quelque 16% des élèves, sera en partie maintenu.
Sont supprimées les bilangues qualifiées par la ministre Najat Vallaud-Belkacem de "contournement", c'est-à-dire celles qui sont accessibles dans certains collèges et demandées par les familles pour, selon elle, contourner la carte scolaire.
Sont conservées les bilangues de "continuité", qui permettent de poursuivre au collège l'apprentissage d'une langue étrangère, autre que l'anglais, apprise en primaire. Ces élèves-là pourront, s'ils le souhaitent, aller en bilangue. Cette mise au point avait déjà été apportée dans un arrêté en mai.
Quelque 60% des collèges en éducation prioritaire (REP ou REP+), soit 647 établissements, auront une section bilangue "de continuité".
La députée Annie Genevard, déléguée à l'éducation au parti Les Républicains, se félicite de ce maintien mais regrette "des inégalités de territoires", puisque certaines académies (Caen par exemple) voient la quasi-totalité de leurs classes anglais/allemand disparaître.
Les 32.000 écoles publiques ne proposeront pas toutes une autre langue que l'anglais. Au total 3.800 établissements offriront l'allemand, soit un millier d'écoles de plus qu'actuellement. Et 1.700 autres auront à leur programme l'espagnol, l'italien ou le chinois, etc., un effort pour de "plus de diversité linguistique".
En 2002, 18% des écoles primaires enseignaient l'allemand, elles ne sont plus que 6% aujourd'hui. Les professeurs d'allemand font partie des critiques les plus vifs de la réforme du collège, qui condamne selon eux leur discipline (actuellement, 15% des jeunes au collège et lycée apprennent l'allemand). Même Berlin avait exprimé ses inquiétudes au printemps.
Les classes bilangues "de continuité" assureront que l'apprentissage acquis en primaire se poursuive dans le second degré: 3.000 collèges proposeront deux langues en 6ème en septembre 2016, dont 2.300 pour l'anglais/allemand. Et 4.700 établissements (sur un total de 7.000) offriront la possibilité de prendre allemand en deuxième langue étrangère.
"On n'est pas contre (ce plan) mais comment va-t-on faire?", s'interroge Sébastien Sihr, secrétaire général du principal syndicat du primaire, le SNUipp, qui regrette "une annonce politique, peu préparée", sans qu'aucune formation n'ait été anticipée, selon lui.
L'enseignement des langues à l'école est dispensé par les instituteurs, dont beaucoup ne maîtrisent pas les langues étrangères, a fortiori celles autres que l'anglais.
Najat Vallaud-Belkacem promet un "plan de formation exceptionnel avec une attention particulière pour les langues". Des professeurs du collège pourront, sur la base du volontariat, enseigner quelques heures en primaire. La ministre évoque aussi le recours à des étudiants étrangers, ou des français étudiant les langues étrangères.
Au collège, le nombre de professeurs d'allemand reste insuffisant malgré la hausse des postes ouverts au concours (CAPES).
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