Le Coronavirus pourrait transformer l'éducation
L'histoire a montré que les crises ont souvent servi à renouveler les fondamentaux de l'éducation. Cette année, la mise en place forcée de l’école à la maison durant les mois de confinement et aux mesures mises en place dans les écoles pour garantir la distanciation sociale, ont fortement impacté le monde de l’éducation. Des experts voient la crise sanitaire comme une opportunité pour réfléchir à une nouvelle philosophie au sein de l'éducation nationale, plus en ligne avec les besoins d’un monde post pandémique.
L’histoire montre que chaque crise a vu l'éducation se transformer
L’école universelle, ainsi que les bases des droits des enfants, sont apparus après les grandes guerres. À la sortie de la Grande Guerre de 14-18, les enseignants, universitaires se sont vu forcés de réfléchir à une nouvelle éducation plus démocratique, et un projet de réforme de l’enseignement a été publié. Après la seconde guerre mondiale, une réforme éducative en profondeur a aussi été proposée (symbolisée par le plan Langevin-Wallon).
Et bien évidemment après la crise de Mai 68, suite aux grèves et des manifestations, plusieurs projets qui ont débouché sur des réformes de l’enseignement ont été produits. L'histoire des droits de l’enfant connaît aussi plusieurs étapes-clés suite à la création de l’ONU.
Julien Cahon, rédacteur-chef adjoint de Carrefours de l'éducation, estime que cette crise sanitaire produira des projets réformateurs, et qu’on ne retournera pas totalement à l’école d’avant.
Selon lui, bien que les crises ne font pas naître directement le processus de réflexion, elles l’accélèrent. Ce changement ne sera pas visible maintenant, mais il se manifestera dans les mois et les années qui viennent.
Comme avec Les Compagnons de l’Université Nouvelle ou le plan Langevin-Wallon après la Grande Guerre, ces changements prennent du temps et se font progressivement
La culture de la collaboration et de la solidarité de proximité pourrait être appliquée à l'éducation
Selon Philippe Meirieu, professeur émérite en sciences de l'éducation, nous avons déjà, malgré l’incertitude et préoccupation généralisée, énormément appris de ce moment. C’est le cas des mouvements sociaux et de proximité qui se sont développés ces derniers mois, qui montrent que les gens ont appris de l’importance du collectif.
Cette nouvelle compréhension du collectif (peut-être seulement passagère), peut être appliquée à l'éducation. Meirieu imagine par exemple de faire vivre cette pédagogie de la coopération directement dans les classes.
Plus d’autonomie pour les enfants: un besoin du monde d'après
Pendant la période d'école à la maison, les parents ont dû responsabiliser leurs enfants plus qu’auparavant, et cela pourrait avoir un impact positif dans l'éducation de demain.
“Nous apprenons l’importance de cette formation à l’autonomie pour laquelle il est absolument essentiel que les parents, dans une perspective de coéducation, jouent aussi un rôle,” soutient Philippe Meirieu.
Le modèle de l’adulte toujours présent derrière l’enfant pourrait devenir moins pertinent dans une société qui se sait capable de faire face à des situations telles que le télétravail et l'école à la maison.
Pour Stanislas Dehaene, le président du Conseil scientifique de l’Education nationale, cette période a été une occasion d’impliquer les familles. Le tournant pédagogique sera possible, selon Dehaene, si on profite du moment pour "faire tomber des barrières".
Cette période a pu être propice, pour développer une pédagogie plus en ligne avec chaque élève, en leur donnant l'opportunité de s’autoévaluer, ou encore de fixer de “vrais” objectifs.
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