Les centres dentaires low cost Dentexia sur la sellette

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 03 mars 2016 - 12:50
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Photo d'illustration d'un patient soigné chez le dentiste.
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"Ca fait quatre ans et demi qu'on alerte les pouvoirs publics sur ces patients mal soignés", explique Alain Chantreau, président du conseil départemental du Rhône de l'Ordre des chirurgiens-dentistes.
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La justice et les dentistes ont dans leur viseur les centres dentaires low cost Dentexia, qui pourraient être contraints à la fermeture. En cause: des problèmes d'hygiènes et des centaines de patients dénonçant des soins mal faits.

Soins mal faits ou non réalisés, plaintes de patients en cascade, fermetures pour manque d'hygiène: les centres dentaires low cost Dentexia sont sur la sellette, à la veille d'une décision de justice sur leur avenir.

"J'ai tout payé en avance (13.000 euros de soins). Or l'intégralité du devis n'a pas été réalisée et tout est à refaire car mes vis d'implants, laissées en l'état, ont commencé à s'infecter", témoigne Abdel Aouacheria, à l'origine du "Collectif contre Dentexia", créé à Lyon en janvier. Celui-ci réunit déjà 1.000 patients qui s'estiment lésés. "Il y a des personnes âgées de plus de 80 ans qu'on a laissées édentées depuis des mois et qui ne peuvent manger que de la soupe. Beaucoup d'autres ont du mal à manger, à mastiquer et ont la honte sociale d'être sans dents", poursuit-il.

Dentexia a été créé par un consultant, Pascal Steichen, sous la forme d'une association. Son concept: salarier les dentistes, les concentrer sur les soins grâce à l'emploi en nombre d'assistantes et rationaliser les actes, en regroupant notamment en un seul rendez-vous ce qui pourrait être fait en plusieurs. Au plus fort de son activité, Dentexia avait des centres à Paris, Chalon-sur-Saône, Lyon et Marseille. Mais problème: beaucoup de prestations n'ont pas été réalisées jusqu'au bout; certaines ont été mal faites, selon le collectif. Et les centres fermant les uns après les autres, les patients se retrouvent démunis.

Mardi 1er mars, l'Agence régionale de santé (ARS) Bourgogne-Franche-Comté décidait en effet de suspendre le centre de Chalon pour "insuffisance des mesures d’hygiène et de désinfection". Début février, l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes avait fait de même avec le centre Dentexia "Tête d'or" à Lyon. En conséquence, il n'y a plus que deux centres en activité, un à Lyon, l'autre en banlieue lyonnaise, à Vaulx-en-Velin.

"Si on a eu recours à eux, c'est parce qu'on s'est tous retrouvé devant des devis exorbitants. Pour ma part, des devis de 19.000 à 25.000 euros quand Dentexia me prenait pour 13.000 euros. Et beaucoup on souscrit des crédits à la consommation pour pouvoir se payer des soins", ajoute Abdel Aouacheria qui plaide pour la mise en place d'une "dentisterie sociale".

Face aux nombreuses plaintes, l'Ordre des chirurgiens-dentistes a entamé des procédures vis-à-vis de certains médecins salariés de l'association. "Ca fait quatre ans et demi qu'on alerte les pouvoirs publics sur ces patients mal soignés", explique Alain Chantreau, président du conseil départemental du Rhône de l'Ordre. Selon lui, entre 2,3 et 4,5 millions d'euros d'honoraires payés en avance n'ont pas été réalisés.

Et ils pourraient ne jamais l'être si le tribunal de grande instance d'Aix-en-Provence devait prononcer la liquidation de l'association vendredi 4. L'association a en effet été placée en redressement judiciaire en novembre et la justice doit dire si oui ou non un repreneur s'est fait connaître et s'il est capable de la redresser.

Dentexia -dont les lignes téléphoniques sonnent dans le vide- n'était pas joignable pour répondre à ces différentes accusations. Elle a juste déposé un mot sur son compte Facebook expliquant qu'elle était en redressement, en dénonçant au passage "la campagne de dénigrement de l'Ordre national et les actions anticoncurrentielles de syndicats professionnels".

Du côté du collectif, on attend avec impatience la décision de vendredi. Car si Dentexia était liquidée, que vont devenir les centaines de patients dont les soins n'ont jamais été finalisés et qui, pour certains, se sont endettés? Les plaintes pourraient alors se multiplier. Interrogé, le procureur de Chalon-sur-Saône, Christophe Rode, a pour l'instant reçu moins d'une dizaine de plaintes de patients. Et il a lancé une enquête préliminaire à la suite d'une plainte de l'Ordre des chirurgiens dentistes pour exercice illégal de la profession.

Les reproches de l'Ordre: des praticiens qui n'avaient pas les diplômes nécessaires ou sans qualification, des défauts de certification. L'enquête est toujours en cours.

 

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