Les Françaises n'allaitent pas assez longtemps leurs bébés
Les Françaises n'allaitent pas leurs bébés assez longtemps. Si la durée moyenne d'allaitement s'est allongée depuis les années 1990 pour atteindre environ quatre mois, elle est encore trop courte, met en garde une étude française publiée ce mardi dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire. "La durée de l'allaitement en France reste très éloignée des recommandations du PNNS (Programme national nutrition santé) et encore plus de celles de l'Organisation mondiale de la santé (OMS)", soulignent ainsi les chercheurs de l'Inserm et de l'Université Paris-Descarte.
S'appuyant sur des données collectées en 2011 sur plus de 18.000 enfants nés en France, les scientifiques ont dressé le portrait robot des Françaises qui choisissent d'allaiter. L'objectif étant de "mieux cibler les profils des mères qui allaitent le moins longtemps afin de pouvoir aider les médecins à les soutenir", explique Sandra Wagner, en charge du projet.
Conclusion: la durée médiane de l'allaitement est d'un peu moins de quatre mois, soit 17 semaines, en France. Et si 69,7% des mères choisissent d'allaiter immédiatement après la naissance de leur bébé, elles ne sont plus que 19,2% à continuer six mois plus tard. Enfin, à un an, les enfants ne sont plus que 5,3 % à être encore nourris au sein, dont 2,9 % de manière prédominante (l’eau ou le jus de fruit vient compléter leur alimentation).
Ainsi, si la durée de l'allaitement en France est en hausse par rapport aux années 1990 où elle était estimée à 8 à 10 semaines, elle est encore largement inférieure aux recommandations de l'OMS. En effet, l'organisation mondiale conseille un allaitement exclusif jusqu'à l'âge de six mois puis partiel jusqu'à l'âge de deux ans. C'est "le moyen idéal d'apporter aux nourrissons tous les nutriments dont ils ont besoin pour grandir et se développer en bonne santé", assure-t-elle.
Pour établir le profil de ces mères, les chercheurs ont analysé tous les facteurs socioculturels, démographiques et économiques qui pourraient avoir un lien avec la durée de l'allaitement. Il semblerait ainsi que "les mères de moins de trente ans, vivant seules ou en couple sans être mariées, ainsi que celles ayant un niveau d’études intermédiaires (CAP/BEP, lycée)" allaitent moins longtemps que les autres, note l'étude.
Par ailleurs, les femmes en surpoids ou qui fument allaitent en moyenne deux semaines de moins que les autres. Celles qui sont obèses arrêtent quant à elles un mois avant les autres (13 semaines contre 17). Dans le Nord de la France, les mères allaitent également en moyenne moins longtemps. Dernier facteur déterminant: la place du père. "S’il n’est pas présent à l’accouchement, l’allaitement sera plus court", explique Sandra Wagner. Au contraire, l'allaitement est plus long chez les mères cadres, celles en congé parental et celles qui ont suivi des séances de préparations à la naissance.
Des résultats qui ne surprennent en rien la chercheuse en sociologie Maya-Merida Paltineau. "L’allaitement a longtemps été mal vu en France, car il était perçu comme avilissant du point de vue du droit des femmes", explique-t-elle au Monde, évoquant le "féminisme égalitariste" véhiculé dans la culture française par Simone de Beauvoir. Aujourd'hui toutefois,"les représentations sont en train de changer". Ainsi,"l’allaitement maternel trouve sa place chez une population de trentenaires fortement diplômées. Cette pratique est en phase avec leurs idéaux, leurs réflexions personnelles, leur rapport au travail, au couple, et se marie bien avec une vague écolo, bobo, anticrise…"
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