Tabac : fumer la chicha serait bien plus toxique que la cigarette
Une nouvelle étude démontre les méfaits de la chicha sur la santé. Selon une analyse américaine récemment parue dans la revue Public Health Report , ces pipes à eau traditionnelles répandues dans le monde arabe et au-delà font inhaler au consommateur des quantité de toxine bien plus importantes que quand il fume une cigarette.
Pour en arriver à ces résultats, des chercheurs de l'université de Pittsburgh ont extrait 17 études sur 542 ayant trait aux toxines présentes dans les cigarettes et le tabac de narguilé. Ils ont ensuite comparé une séance de chicha avec le fait de fumer une cigarette. Conclusion: le fumeur de narguilé inhale 125 fois plus de fumée, 25 fois plus de goudron, 2,5 fois plus de nicotine et 10 fois plus de monoxyde de carbone que le fumeur de cigarette. Lors d'une séance, qui dure généralement entre 20 et 80 minutes, "un fumeur de narguilé peut inhaler l'équivalent de ce qu'inhale un fumeur qui consommerait 100 cigarettes ou plus", alertait déjà l'OMS en 2012.
Bien sûr, la chicha et la cigarette se fument de manières différentes, concède le docteur Brian A. Primack, auteur de cette étude financée par le National Cancer Institute américain: la chicha est bien moins addictive que la cigarette et se consomme largement moins. Toutefois, ces résultat pointent les dangers potentiels des narguilés, souvent méconnu du grand public de plus en plus séduit par ce mode de tabagisme communautaire aux Etats-Unis et en Europe, insiste-t-il. Et de réclamer une consommation plus encadrée par les autorités. Car, selon l'Atlas du tabac lancé au mois de mars lors de la conférence mondiale sur le tabac ou la santé, "les pipes à eau relèvent d'une catégorie moins ou pas contrôlée de produits liés au tabac".
"En 2006, lorsque l’interdiction de fumer dans les lieux publics a été mise en place, il y avait de fortes pressions pour que la chicha ne soit pas concernée", confirme le pneumologue Bertrand Dautzenberg, interrogé par Pourquoi docteur. "Nous avions alors relayé en toute urgence des petites études et écrit un livre pour attirer l’attention sur cette toxicité. Nos conclusions étaient similaires aux derniers résultats". "En terme de particules fines et de monoxyde de carbone, c’est la catastrophe!" poursuit-il. "Lorsque vous fumez une chicha, vous vous retrouvez avec 10 % de monoxyde de carbone dans le sang alors que le taux normal, c’est moins de un…".
Quant aux bars à chicha, ils "respectent rarement la législation (avoir un espace fumoir homologué, notamment, à l’image des clubs ou des cafés, NDLR)" et "bénéficient encore, pour le moment, d’une forme de tolérance de la part des autorités". "Si les services de douane et de police réalisent, à l’occasion, des descentes dans les établissements, la plupart ont encore pignon sur rue", conclut le site d'actualités santé. "Depuis le 1er janvier 2008, il est interdit de fumer dans les restaurants, cafés, casinos, etc. Alors que les bars à chicha étaient donc condamnés à fermer, la profession s'est pourtant enrichie de près d'un millier d'établissements sur toute la France. Dans 90% des cas, ces établissements sont des associations ou des salons de thé qui n'ont pas la licence nécessaire pour revendre du tabac", est-il même écrit sur le site internet de l'Assemblée nationale.
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