Chronique Covid N°26 – « Décryptage des 4 vérités de l’infectiologue Anne-Claude Crémieux sur Télématin le 9 septembre »
Après avoir écouté sur télématin, lors des « Quatre vérités » du 9 septembre 2020, la Professeure Anne-Claude Crémieux, Infectiologue à l’hôpital Saint-Louis, Paris, AP-HP, et longtemps conseillère dans les cabinets du Ministère de la santé, qui s’exprimait sur le plateau de France 2 sans masque et tout sourire « Ultra brite », je ne résiste pas à lui consacrer ma chronique
Vous souvenez-vous de cette pub, à moins que vous soyez trop jeune pour l’avoir vu ?
Alors, regardez bien, car Anne-Claude Crémieux aurait pu la tourner…
Pr Anne-Claude Crémieux « Alors, ça repart, c’est sûr, la circulation augmente, et je pense que c’est un fait. Notre objectif, n’est pas d’empêcher cette circulation, c’est d’essayer… »
La journaliste présentatrice Caroline Roux « On ne peut pas de toute façon ? »
Pr Anne-Claude Crémieux « Absolument ! C’est vraiment de la freiner au maximum, jusqu’à disposer d’armes plus efficaces, et évidemment, on pense au vaccin »
Tiens-donc, avez-vous vu comment elle nous « vend » le vaccin. Comme si c’était le seul et unique remède à tous nos maux liés à la pandémie de covid-19. La ficelle est un peu grosse. Voyons voir si elle n’aurait pas quelques conflits d’intérêts avec des firmes pharmaceutiques productrices de vaccins ?
En plein dans le mille. Pasteur, MSD, Sanofi-Aventis
Remarque importante. L’un des gros inconvénients de la base transparence santé, c’est qu’elle n’est mise à jour que deux fois par an. Nous avons toujours au moins un semestre de retard. Pourquoi ne pas avoir mis en open data les données déclarées au fil de l’eau par les labos ? Nous devrions pouvoir travailler sur les données en temps réels.
Par ailleurs, seconde lacune de cette base publique, pourquoi ne conserver que 5 ans d’historique. Le Ministère a-t-il des choses à cacher ? Il eut été pertinent de scruter ses liens d’intérêts depuis l’origine de la base de données transparence, c’est à dire à partir des données de l’année 2012.
Journaliste « On en est où ? »
A-CC « Alors, pour l’instant effectivement, depuis quelques semaines, il y a des conséquences sanitaires à cette augmentation de la circulation du virus, ça veut dire quoi, ça veut dire qu’il ne diffuse pas seulement dans la population jeune. Il a franchi cette frontière, il est passé dans une population plus âgée, aux alentours de soixante ans avec des conséquences sanitaires qui restent pour le moment assez limitées. Pourquoi, parce que probablement parce que cette population se protège mieux [1] ».
[1] 60 ans n’est pas un âge très vulnérable au covid. Dans ma chronique N°6, à partir des fichiers nominatifs de décès de l’INSEE, j’avais pu montrer que lors des 4 dernières épidémies de syndromes grippaux (2017, 2018, 2019, 2020) et de covid-19 (2020), au-dessus des seuils épidémiques d’infections virales respiratoires aiguës, environ 50% des décès toutes causes étaient enregistrés chez les plus de 85 ans. Qu’entre 75 ans et 84 ans, on trouvait approximativement 30% des décès. Et encore, autour de 5%, chez les 65 ans à 74 ans. Donc, non, 60 ans n’est pas un âge à très haut risque de développer des formes sévères, ou de décéder du covid. Revoyez les courbes Madame la Professeure.
Anne-Claude Crémieux poursuit « Il y a des cas en réanimation, il y a des cas en hospitalisation, avec une fluctuation assez importante d’un jour à l’autre, et effectivement… »
Journaliste « Et comment vous l’expliquez ça ? »
A-CC « Parce que les contaminations ne sont pas les mêmes tous les jours [2]. »
[2] Non, mais dites-le, il n’y en a vraiment pas beaucoup ! Non, mais, faut-il le rappeler, au pic épidémique le 7 avril, il y avait plus de 7.059 malades en réanimation. Selon le bulletin épidémiologique hebdomadaire du 10 septembre publié par Santé Publique France, il y avait le 8 septembre, 574 malades covid en réanimation en France. Soient plus de 12 fois moins ! De la même manière, le 14 avril, nous avions 32.019 malades covid hospitalisés, contre 4.915 le 8 septembre, soient 6,5 fois moins !
Arrêtons, s’il vous plait, de paniquer toute la population par des affirmations qui ne s’appuient sur aucun chiffre précis !
Caroline Roux « Le conseil scientifique qui se réunit aujourd’hui, et qui va communiquer aujourd’hui, va sans doute changer les règles de la quatorzaine, on va passer donc à des règles d’isolement de 7 jours uniquement. C’est au moment où ça repart qu’on allège les règles. C’est difficile à comprendre ».
A-CC « Alors, on aurait pu les alléger avant. Puisque ça fait quand même largement un ou deux mois que on sait que la période de contagiosité du virus, en réalité, c’est 48h avant le début des symptômes, et dix jours après le début des symptômes. Par conséquent, certains pays, comme les Etats-Unis, et même l’Angleterre, ont déjà allégé leurs protocoles, en donnant une durée d’isolement de dix jours [3]. »
[3] Attendez, Anne-Claude Crémieux dit 48 avant, c’est donc 2 jours avant, auxquels on ajoute 10 jours après, cela devrait faire 12 jours, et non 10 jours. La journaliste, quant à elle, avait parlé de 7 jours, ce qui a bien été annoncé par Jean Castex. Pas très matheuse notre infectiologue.
Suite à une question de la journaliste Caroline Roux, à propos des files d’attentes dans les laboratoires d’analyses médicales et délais pour obtenir les résultats :
A-CC « Et donc, pour essayer de lever cet obstacle, il y a deux obstacles, le premier obstacle, c’est le prélèvement rhinopharyngé, qui effectivement nécessite du personnel formé, et le deuxième obstacle, c’est le temps de récupération des résultats. Et donc, il y a des moyens pour lever ces obstacles. Le premier obstacle, on peut le lever par des tests salivaires, beaucoup plus faciles de prélèvement, on peut même se prélever soi-même. Le deuxième obstacle, on peut le lever par des tests rapides qui permettent d’avoir des résultats en une demi-heure [4]. »
La journaliste : C’est quoi les tests antigéniques qui vont être évalués en île de France cette semaine ? L’OMS disait le 8 avril dernier que c’était, ça ne fonctionnait pas. Non, les tests antigéniques, ils sont intéressants. Pourquoi, Parce que, effectivement, ils sont rapides. On a un résultat en une demi-heure. Leur inconvénient, c’est d’être ce que l’on appelle, moins sensible que le test de référence qui reste le test de PCR ? ça veut dire quoi ? ça veut dire que l’on va identifier entre 50 et 80% [5] des personnes positives, et non pas 90 à 100%. Mais quand même, c’est très intéressant »
[4] Elle ne serait pas en train de nous « vendre » quelque chose ?
Je ne suis pas certain que les fabricants de tests diagnostiques soient aussi assujettis à la déclaration de liens d’intérêts dans transparence santé. Si tel n’est pas le cas, alors voici encore une grave lacune du dispositif actuel…
[5] Elle a l’air d’insister lourdement sur l’intérêt de ce type de tests. A moins qu’elle ait des intérêts avec les entreprises qui les ont mis au point… Mais tout de même, alors que la sensibilité pourrait n’être que de 50%. Ce qui signifie que le test se tromperait une fois sur deux ! Quel intérêt d’avoir un tel test ? Autant lancer une pièce de monnaie et jouer à pile ou face…
Journaliste « Est-ce qu’il faudrait prioriser les gens qui ont des symptômes pour les tests ? »
A-CC « Alors, on peut évidemment prioriser oui, limiter non. Encore une fois, nous avons perdu la main de l’épidémie en limitant les tests aux personnes qui étaient symptomatiques [7] »
[7] Alors, voilà enfin quelque chose de crucial dans ce qu’elle nous dit. Mais quelle absurdité de ne pas avoir testé depuis le déconfinement les asymptomatiques ! Une idée d’Olivier Véran, me semble-t-il. Cela ne servait à rien avait-il dit, je crois lors d’une conférence de presse. Ne cherchons pas ailleurs pourquoi nous ne sommes jamais parvenus à identifier correctement et isoler les « cas contacts ».
Journaliste « Il y a moins de personnes qui arrivent contaminées dans les services de réa (par rapport à la « 1ère vague »), mais est-ce qu’on a de meilleurs traitements ? »
A-CC « Alors, effectivement, vous avez raison de le souligner, en réanimation, aujourd’hui les taux de mortalité sont 10%. Il peut y avoir plusieurs facteurs, notamment le fait que on traite mieux et aussi, je dirais que les réanimations sont moins submergées, c’est un fait. Quand les réanimations sont submergées, la mortalité augmente [6] ».
[6] Ce qu’elle ne dit pas, c’est que la virulence et la létalité du virus au fil de l’évolution de la pandémie ont considérablement diminué et que si les réanimations n’acceptent pas de patients au-delà de 60 ans, bien évidemment la mortalité est bien inférieure à celle observée chez les plus de 65 ans, 75 ans (qui ont été massivement exclus des réanimations) ou à fortiori les plus 85 ans…
Journaliste « Sérieusement, est-que vous avez un message à leur faire passer (aux jeunes) ? »
A-CC « Il faut des moyens de prévention qui soient adaptés aux jeunes. Ce qu’on a montré, c’est qu’ils portent des masques, donc s’il vous plait, comme manifestement, vous portez des masques, autant que les personnes âgées, portez-les quand vous êtes à l’extérieur. Voilà [8]. »
Laurent Bignolas, animateur de Télématin « Et vous avez raison de le souligner ! »
[8] Quand donc va-t-on enfin interdire le port du masque aux jeunes et aux bien portants, lorsqu’ils sont entre-eux. Va-t-on comprendre un jour que l’épidémie ne se refermera qu’à la condition que nous ayons acquis une immunité collective ? Non, le message peut-être à leur faire passer, serait qu’ils respectent scrupuleusement les gestes barrières, lavage des mains et surtout distanciation physique d’un mètre, voire deux, avec les personnes très âgées et celles à risque. Franchement, si le masque était efficace, il aurait permis d’arrêter l’épidémie depuis longtemps, non ?
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