De l'impensable à la liberté de penser

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Delphine Bensaïd pour FranceSoir
Publié le 08 décembre 2020 - 17:25
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De l'impensable à la liberté de penser
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Tribune : C’est en tant que psychanalyste, femme et citoyenne que j’écris ce texte. Face à ce que j’observe depuis l’arrivée de la pandémie dans mon entourage, chez mes patients et dans mon pays, je ne peux plus me taire. Sous mes yeux, des familles, des amitiés, des groupes jusqu’alors soudés se disloquent, se déchirent ou se murent dans une sympathie hypocrite. Noël s’annonce à couteaux tirés ou à boulets rouges si ce n’est dans une ambiance de guerre froide. Comment en est-on arrivés là, à ces clivages et divisions tranchantes qui abîmeront durablement les liens dont nous avons tant besoin dans nos vies ? C’est là que la psychanalyse intervient et nous aide à comprendre les réactions psychiques engendrées par la menace d’une maladie mortelle et les effets produits par la gestion chaotique de la crise sanitaire. Cet éclairage peut nous permettre à tous de renouer le dialogue et rouvrir les débats. Je souhaite donc lancer un appel citoyen au nom des valeurs fondamentales que sont la liberté, l’égalité et la fraternité car que serait un pays où la parole, pire, la pensée seraient « unes et uniques » et où les voix divergentes rendues dissidentes, suspectes ou coupables seraient contraintes de devoir prendre le maquis ?

Sigmund Freud, l’inventeur de la psychanalyse, nous a enseigné qu’« il n’y a pas de temps dans l’inconscient »1. Qu’est-ce que cela peut vouloir dire ? Entre autre, que toute notre vie, aussi bien nos figures parentales que les liens que nous avons établis avec elles influenceront nos rapports aux autres. De la même manière, certains mécanismes psychiques qui se sont mis en place au cours des premières années de notre existence perdureront et continueront d’opérer à notre insu et ce, de façon plus ou moins intensive et prégnante selon les moments et épreuves que nous traverserons.

Le petit d’homme, pendant de longues années, en raison de son incapacité à pouvoir se débrouiller seul pour subvenir à ses besoins n’a d’autres choix que de faire confiance à ses parents pour grandir et advenir. On ne peut que lui souhaiter des parents suffisamment bons2, comme nous l’expliquait Donald Winnicott au sujet des nourrissons, c’est-à-dire des parents qui répondent à ses besoins et ses demandes de façon bienveillante et sécurisante tout en lui permettant de se confronter progressivement aux manques et aux frustrations. A partir de là, l’enfant, de plus en plus assuré de l’existence et de la permanence d’un monde favorable à son bien-être, peut, au fil du temps, accéder à une perception de plus en plus nuancée, contrastée et complexe de l’univers qui l’entoure. Sa tache consistera donc, et ce tout au long de sa croissance puis de sa vie, à sans cesse affiner sa compréhension du monde et à trouver des réactions et des réponses les plus adaptées, l’obligeant, pour cela, à concilier à la fois ce qui vient du monde extérieur et de son monde intérieur (impressions, ressentis, émotions, sentiments...). Pour ce faire, les parents sont et restent durant longtemps ses modèles, ses supports d’identification, pour certains ses guides, si ce n’est pour d’autres, des quasi dieux vivants.

A ce stade, on peut mieux comprendre, aussi incroyable que cela puisse paraître, que même les enfants de parents maltraitants (violents physiquement et/ou verbalement aussi bien qu’incestueux) vont sans relâche et systématiquement prendre leur défense et tenter de les protéger au prix de leurs propres santés physique et psychologique. Car que seraient-ils sans eux, eux dont ils sont dépendants pour vivre, auxquels ils sont si attachés, dont ils sont, qui plus est, une sorte de prolongement ? Ainsi, tous les enfants, y compris ceux soumis aux pires sévices, sont dans l’impossibilité d’envisager que leurs parents puissent être habités d’intentions malveillantes à leur égard. C’est un impensable.

Plus tard, l’adolescence va consister à faire choir plus ou moins brutalement les parents de leur piédestal afin de permettre au jeune de se forger son propre avis sur le monde, son propre sens critique, ses propres idéaux, en somme une pensée qu’il fera sienne. Et même si ses parents sont de « bons parents », à chacun reviendra la charge de construire son propre libre arbitre. Freud nous le rappelait en citant Goethe : « Ce que tes aïeux t’ont laissé en héritage, si tu veux le posséder, gagne-le »3.

Certains modes d’éducation encouragent les enfants à construire leurs propres opinions, à affuter leurs arguments, à étayer au fur et à mesure leurs idées. Pour autant, tous les enfants ne sont pas éduqués de la sorte ni accompagnés de la même façon pour sortir de l’ombre des grands chênes que représentent leurs parents. Parfois, cette émancipation leur est même interdite. Malgré tout, on peut souhaiter que chaque adulte, au fil de sa vie, ait pu développer des capacités et un goût pour philosopher, c’est-à-dire interroger de façon contradictoire ce à quoi il est confronté (information, concept, question, événement, ordre, règle...) avant de décider de son positionnement.

 

Ainsi, dans notre inconscient, ceux qui ont pris initialement « soin de nous » et ont fait fonction d’autorité sont représentés par nos figures parentales. Plus tard, grâce au mécanisme du transfert inconscient, chaque personne ou instance devant « prendre soin de nous » et ayant valeur d’autorité (dirigeants en tout genre, médecin, enseignant...) sont placés dans l’inconscient en position de parents de substitution ou parents symboliques. De ce fait, les citoyens déplacent ou, dit autrement, transfèrent sur les gouvernants leur besoin primaire de confiance nécessaire à l’établissement d’un sentiment de sécurité existentielle. Comme vis- à-vis des parents d’origine, les dirigeants de l’Etat pourront être critiqués sur leur façon d’assurer leurs fonctions, mais sera presque inconcevable, comme dans l’esprit de l’enfant, y compris l’enfant maltraité, l’idée d’une intention malveillante de leur part. Nous retrouvons l’impensable évoqué plus haut. Pourquoi cet impensable nous est-il chevillé à l’esprit, au plus profond de nous-mêmes ? Parce qu’il nous renvoie à notre vulnérabilité vis-à-vis de ceux qui s’occupent de nous jusqu’à nous protéger en cas de danger et dont, pour cela, nous sommes tributaires. C’est ainsi que cela a été inscrit dans notre inconscient.

Que se passe-t-il quand cette sécurité de base fondée sur la foi en une bienveillance fondamentale est rompue ? Dans une telle situation, le risque est fort d’avoir recours à un fonctionnement archaïque qui renvoie aux premiers temps de l’existence, mis en lumière par Mélanie Klein, psychanalyste austro-britannique du milieu du XXème siècle. Qu’a-t-elle mis en lumière ? Que jusqu’à environ huit mois, le monde du bébé oscille entre un monde tout bon et un monde tout mauvais. Le tout bon correspond au bonheur absolu, le nirvana de la fusion. Le tout mauvais qui surgit quand le bébé éprouve la faim, l’inconfort, la solitude, la peur, etc., ressemble à un monde menaçant et hostile dans lequel il se sent jeté en pâture sans aucune défense ni possibilité d’y échapper, ce qui a pour effet de générer en lui une angoisse majeure de persécution (Mélanie Klein nomme cette étape du développement la position schizo-paranoïde 4 ). A partir du huitième mois, grâce à l’intériorisation d’un monde suffisamment bon, stable et sécurisant, le tout mauvais et le tout bon ne vont plus faire qu’un. Alors, le bébé va accéder progressivement à ce que Mélanie Klein a nommé la position dépressive5   caractérisée notamment par la perception par l’enfant d’un environnement de plus en plus contrasté et pluriel auquel il tentera de répondre de façon de plus en plus nuancée, subtile  et  complexe.  Pourquoi,  contrairement  aux  stades  du  développement6   de  Freud  (oral, anal, phallique), Mélanie Klein a préféré théoriser en terme de positions ? Son objectif était de défendre l’idée que tout individu peut, selon les situations auxquelles il est confronté, avoir recours à l’un ou l’autre des fonctionnements propres à chacune des positions psychiques (clivage ou ambivalence).

 

En quoi l’impensable et les concepts kleiniens peuvent-ils nous être utiles à l’heure actuelle ? Ce dont je peux témoigner, c’est que dès l’arrivée du coronavirus, une intense angoisse de mort, une insécurité profonde, une perte massive de repères se sont développées, conduisant de façon plus ou moins rapide vers des positions de clivage. Qu’est-ce qui a pu  provoquer une telle régression vers ce fonctionnement archaïque ? Commençons par reprendre quelques faits :

Au début de la pandémie, l’esprit des français, déjà affolé par l’arrivée d’un virus mortel sans aucune arme pour le combattre, a été embrouillé par un discours confus et contradictoire au sujet des masques, d’abord considérés comme inutiles puis rendus obligatoires dans les milieux clos, puis à l’extérieur et récemment recommandés dans la sphère privée.

Un mensonge d’Etat avéré : le stock de masques certifié suffisant quand les hôpitaux hurlaient en être dépourvus, autant que des blouses, obligeant certains soignants à se protéger avec des sacs poubelles.

Les hôpitaux débordés dans leurs capacités d’accueil (lits, personnel et moyens), au point d’être contraints de trier les patients (soigner ou laisser mourir). Les français ont été choqués de découvrir le démantèlement du système de santé qu’ils croyaient pourtant solide.

Au mois de juillet, le Président de la République nous annonce que « nous sommes prêts pour la seconde vague », grâce à quota élevé à 12.000 lits de réanimation qui permettront d’éviter un second confinement. Outre un deuxième confinement, ces promesses non tenues ont conduit à ébranler davantage la confiance des français déjà bien entamée.

Tout aussi anxiogène, nous avons assisté à une guerre intestine entre experts, médiatisée à outrance, au sujet du traitement à base d’Hydroxychloroquine jusqu’au scandale du Lancet publiant une étude trafiquée et mensongère. Au-delà du débat qui persiste sur l’efficacité de ce médicament sur ce virus, demeure une incompréhension totale quant à l’interdiction pure et simple de cette molécule soudainement jugée dangereuse alors que des milliards de doses ont été délivrées à travers le monde depuis des décennies et sans ordonnance.

Un processus d’infantilisation au travers de mesures sanitaires draconiennes, des suppressions massives de libertés et des contrôles de police armée d’amendes exorbitantes.

Et pour accroitre le climat de peur généralisée, chacun a pu être taxé d’irresponsabilité, voire être culpabilisé ou accusé d’engendrer la mort s’il enfreignait la moindre des règles édictées par le gouvernement (comme celle de marcher sans masque dans une rue déserte).

Comment, à présent, demeurer serein devant le nouveau débat acharné au sujet des vaccins, entre les pro-vaccin ou pro-vaccin obligatoire et les anti-vaccin qui brandissent le principe de précaution face à une innovation technologique (ARNm) non éprouvée causant d’éventuels effets secondaires à courts, moyens ou longs termes ?

 

En résumé, alors que l’Etat était censé protéger son peuple et en assurer la sécurité, il l’a soumis depuis bientôt une année à des discours et injonctions contradictoires, des débats d’experts sans issue, des mensonges et promesses non tenues, des décisions illogiques et des mesures liberticides, tout cela dans une atmosphère de peur et de répression grandissante.

 

A quoi tout cela nous mène-t-il aujourd’hui ?

Pour certains français, l’impensable malveillance du début de l’exposé les pousse, je dirais même plus, les oblige à défendre coûte que coûte leurs dirigeants même s’ils perçoivent bien que « quelque chose cloche ». Car imaginer que l’Etat, ou quelques-uns de ses membres, puisse être motivé par d’autres intérêts que ceux de ses citoyens, engendrerait une telle angoisse de vulnérabilité ou une telle remise en question des « parents de substitution » qu’ils préfèrent en éjecter la simple hypothèse. Dès lors, ils se soumettent, obéissent, jouent les enfants modèles pour éviter d’attirer la foudre (de l’amende ou de la mort). Quant à ceux qui osent émettre quelques interrogations sur le bien fondé des décisions gouvernementales, ils passent illico du côté des mauvais, des tout mauvais, des suspicieux, ou des ingrats, ou des incompétents, ou des jamais contents. Ces divisions extrêmes et radicales au sein de notre population doivent nous alerter car elles indiquent que le clivage archaïque des premiers  temps de l’existence (en tout bon ou tout mauvais, accompagné de ses pensées persécutives) a repris la main conduisant à une guerre froide entre complotistes selon les uns et asservis selon les autres. Autrement dit, celui qui n’est pas d’accord avec moi est contre moi, ne mérite plus que d’être rejeté parfois dans les extrêmes, devenant presque mon ennemi. Ainsi, les tensions qui devraient se jouer entre les citoyens et leurs dirigeants sont transférées au sein-même de la population qui dès lors se déchire entre opposants et défenseurs de l’Etat. Pendant ce temps-là, le gouvernement gouverne à sa guise.

 

Depuis des mois, j’observe donc ces phénomènes grandissants. Et aujourd’hui, je pousse un cri d’alarme. Un des éléments déclencheurs de ma prise de parole est le récent emballement et déferlement de hargne autour du documentaire Hold-up. De quoi s’agit-il ? D’un film relevant des faits observés au cours de la crise sanitaire, de questionnements relatifs à la gestion de la crise, de mises en lumière d’incohérences, de propositions d’hypothèses cherchant à répondre à la question : pourquoi ? Pourquoi autant d’illogismes ? Pourquoi de telles mesures souvent incompréhensibles et si dommageables pour la population ? Soyons clairs. Mon propos n’est pas, ici, de discuter si ce documentaire est critiquable ou pas. Il vise à pointer le radicalisme des réactions qui ont déferlé, composées de critiques dépourvues de toutes nuances ni pondérations, invitant – doux euphémisme – à le rejeter dans sa totalité, l’enfermant dans un seul signifiant, celui de « complotisme ». Comment en est-on arrivé aujourd’hui, en France, à censurer des idées, attaquer la liberté d’expression, interdire l’évocation de dénonciations et de simples hypothèses ? Il est tentant d’envisager que d’accepter un seul point du documentaire équivaudrait, imaginairement, à ouvrir la boite de Pandore. Dans ce cas, tout rejeter en bloc apparait, en effet, plus confortable et rassurant. De même, il est choquant, si ce n’est inquiétant, de constater qu’un grand nombre de citoyens se sont emparés de ces condamnations radicales et indiscutables sans qu’ils n’aient estimé utile de visionner eux-mêmes le documentaire, laissant ainsi à d’autres le soin de penser et juger à leur place quand la situation de notre pays est pourtant si grave.

 

Et tant que psychanalyste, je constate aujourd’hui que notre société est atteinte d’une sorte de paranoïa où le « pour » est l’ennemi de « l’anti », où la nuance et l’ambivalence n’ont plus leurs places. Masque, vaccin, Hydroxychloroquine, gouvernement… autant de sujets soumis à cette division radicale et dangereuse. Or, nous pouvons, et peut-être devons-nous urgemment nous interroger, exiger des explications, de la clarté et de la transparence. Je voudrais inviter chacun à sortir du clivage archaïque, à rouvrir les débats, quitter les postures figées et/ou extrêmes, accepter et accueillir la différence des points de vue pour réfléchir ensemble à ce qui nous arrive. Refusons d’être considérés comme des enfants pas assez experts ou pas assez érudits pour prétendre à comprendre. Les gouvernants ne sont pas des parents tout puissants ni même des parents tout court. Me vient à ce stade de mon exposé cette citation de Jacques Lacan qui prend en ce moment un sens tout particulier : « un roi qui se prend pour un roi n'est pas moins fou qu'un fou qui se prend pour le roi ».

 

En tant que mère, femme et citoyenne, je réclame pour chacun le droit de poser des questions qui lui paraissent légitimes et d’obtenir des réponses sans être jugé paranoïaque. Je réclame le droit pour chacun de pouvoir douter des gouvernants ou de certains d’entre eux sans être accusé de soutenir la théorie du complot. Car, sans aller chercher très loin, nous pouvons nous demander ce qu’il en aurait été des affaires telles que celles du sang contaminé, de l’amiante, du Médiator et actuellement de la Dépakine, si personne ne s’était questionné, n’avait douté ni enquêté. Et si l’on regarde dans le passé et au-delà de la sphère médicale, l’histoire nous a montré que le pire est toujours possible. Ainsi, croyant profondément à la valeur du libre arbitre et de la liberté de penser, je défends aujourd’hui le droit de chacun à demander pourquoi, à exiger de ne pas être infantilisé ni menacé par un Etat qui a été mis aux commandes par ses citoyens et qui méritent, pour cela, d’être respectés et informés honnêtement de ce qui les concerne.

 

J’appelle de même les gouvernants à reconnaître leurs failles, leurs loupés, leurs méconnaissances, leurs incertitudes et alors, à présenter leurs excuses. Qu’ils puissent faire machine arrière et reconnaître qu’ils ont pu se tromper, qu’ils ont pu mal agir, qu’ils ont pu opter pour les mauvais choix. J’appelle à ce qu’ils fassent la lumière sur leurs éventuels liens d’intérêt, sur les ressorts de leurs décisions, qu’ils gèrent plus qu’ils ne dirigent, qu’ils quittent la scène s’ils ont échoué, qu’ils cessent de considérer les citoyens comme des sujets dociles ou des rebelles à corriger. Incombe au gouvernement actuel et aux prochains à venir de redonner ainsi confiance aux français en les politiques.

 

Enfin, je lance un appel aux médias, a fortiori aux plus grands d’entre eux, pour qu’ils accordent de nouveau une place de choix au raisonnement dialectique et aux débats contradictoires afin de permettre à leurs auditeurs, lecteurs et téléspectateurs de se forger leurs propres avis et non de leur imposer un seul son de cloche, celui qu’ils défendent (mais que diable défendent-ils au juste ?). Leur façon univoque de dispenser l’information n’a eu pour effet que de favoriser l’émergence et le renforcement des clivages, le repli dans des positions extrêmes qui condamnent l’altérité et la différence autant que le doute. Une illustration de ce que nous pourrions qualifier d’obscurantisme réside, si l’on garde le même exemple, dans le traitement médiatique de ce fameux documentaire Hold-up. En effet, nous avons assisté à ce qui présente toutes les caractéristiques d’un lynchage organisé. Or, on peut penser que ce documentaire a trouvé son succès (plusieurs millions de visionnages) car bon nombre de français y ont retrouvé leurs interrogations demeurées à ce jour sans réponse. Ce que nous attendons pourtant des médias, ce sont des investigations et des éclairages de tout bord et non qu’ils prononcent ou relaient des discours manichéens visant parfois à ridiculiser, condamner voire culpabiliser ceux qui se questionnent. Sinon la méfiance et la défiance ne feront qu’augmenter.

 

Alors, avec force et détermination, ensemble, philosophons et interrogeons-nous en toute clairvoyance et responsabilité. Acceptons l’altérité et nos différences d’opinion. Défendons et revendiquons le débat contradictoire, la pluralité des idées. Nous pouvons exiger de nos gouvernants qu’ils respectent leur contrat politique et leurs engagements de nous protéger, nous permettre de vivre et d’évoluer selon les fondements de la démocratie. Car à aucun prix, nous ne devrions accepter de voir amputée notre liberté d’être et de penser.

 

 

Delphine Bensaïd Psychologue - Psychanalyste

 

1 Sigmund Freud (1915). « L’inconscient ». In Métapsychologie, Paris, Gallimard, 2003, p. 96

2 Donald Winnicott (1956). « La préoccupation maternelle primaire ». In De la pédiatrie à la psychanalyse. Paris, Payot, 1969, p. 168-174

3 Sigmund Freud (1938). Abrégé de psychanalyse, Paris, PUF, 2001, p. 84

4 Mélanie Klein, (1946). « Notes sur quelques mécanismes schizoïdes ». In Développements de la psychanalyse, Paris, PUF, 1966, p 274-300

5 Ibid.

6 Sigmund Freud (1905). Trois essais sur la théorie de la sexualité, Paris Gallimard, coll. Idées, 1962

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